Aux terrasses devant le Palais des Congrès, quelques retraités profitent du soleil d’hiver ; dans les ruelles on entend quelques bribes de français et d’anglais. Mais à Africités, mis à part quelques stands à Citexpo, l’une ou l’autre personnalité comme Charles Josselin, l’Europe est absente. Qu’on ne s’y trompe pas : le Vieux Continent n’est pas boudé, il ne boude pas. Tout simplement il n’est pas là. Dans les couloirs, pas d’ONG qui font de l’advocacy, du plaidoyer pour les causes qui sont leur raison d’être ; pas de militants qui se font voir ou avoir, pas ou peu de tracts. Et pas non plus de ces Africains partenaires ou otages, amenés ici par leur sponsors, à coups de per diem et de promesses…Rien d’autre à Africités que des volontaires. Ils ont payé leur voyage et leur participation, ils arrivent à l’heure, ne sèchent aucun des débats, ne prennent même pas le temps de visiter la ville.
Inlassablement, jusque tard dans la soirée, ils débattent, expliquent, témoignent de leurs défis, de leurs combats. Sans doute les militants européens ont-ils préféré battre le pavé glacial de Copenhague pour tenter de faire pression, jusqu’à la dernière minute, sur les chefs d’ Etat qui jouaient avec les degrés Celcius comme d’autres avec la roulette russe ou le cours du Dow Jones… On peut les comprendre d’avoir préféré jouer dans la cour des grands, ou plutôt sur le pas de leur porte. Mais ils ont manqué quelque chose, car les résolutions de Copenhague, ce sont ces gens ci qui les mettront en œuvre. Si demain il y a inondation ou sécheresse, ce sont les maires, les élus locaux qui retrousseront leurs manches.
Non seulement sa société civile était invisible, mais l’ Europe était pratiquement absente des débats. Tout au plus était-elle mentionnée au passage comme un post scriptum, une cote distraitement griffonnée « peut mieux faire »…Seul Rawlings, toujours lui, se fit applaudir lorsqu’il rappela la difficulté d’obtenir un visa, la chasse des « cerveaux » sur le continent, entre autres du personnel médical, lorsqu’il invita les Africains à cesser d’être des solliciteurs, à retrouver leur propre dignité…
Chaleureuse et magique comme un conte les mille et une nuits, la soirée « chez Ali » fut la preuve que ce qui se nouait à Marrakech, c’étaient les retrouvailles entre le Maroc et l’Afrique noire, la découverte des succès de l’un, des potentialités des autres, la confirmation d’une complémentarité séculaire. Sans oublier l’évocation des puissances émergentes, la Chine, l’Inde, le Brésil, qui se pressent désormais sur les horizons africains…
L’Europe, dans ce rendez vous hors du commun, était comme la Belle au Bois dormant. Avec tact, tous s’accordèrent pour la laisser dormir et regarder ailleurs…

 

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Posté par rwandaises.com