3 décembre 2009 par Odile Tobner


Le texte pointait clairement le « désordre politique et économique qui règne aujourd’hui ». Il posait l’axiome qui nous sert de guide : « Il faut que tous et chacun donnent valeur de loi au devoir de sauver les vivants, de ne pas tuer et de ne pas exterminer, que ce soit par inertie, par omission ou par indifférence ». Parmi les objectifs concrets, si celui d’augmenter et d’institutionnaliser l’aide a montré ses limites, il en est un qui reste essentiel : « Si les gens savent, s’ils sont informés, nous ne doutons pas que l’avenir puisse être différent de ce qu’il menace d’être et semble fixé pour tous et dans le monde entier. »

Un quart de siècle après, la situation est d’une urgence grandissante. La prévision selon laquelle il fallait s’attendre à ce que « notre époque » soit « celle de la catastrophe », s’est révélée cruellement exacte. Le recours proposé s’impose toujours avec la même acuité : « Si ceux qui sont sans pouvoir et sans défense s’organisent, utilisant leurs rares mais durables armes – celle de la démocratie politique et des grandes actions non-violentes “gandhiennes”. »

Défendre la démocratie politique là où elle est menacée – et nous savons qu’elle n’est jamais acquise mais constamment soumise aux efforts d’intérêts extrêmement puissants qui n’ont de cesse de la vider, par tous les moyens, de son contenu effectif –, l’instaurer là où elle est absente, partout où l’intérêt des peuples est impudemment bafoué par ceux qui les gouvernent et les bâillonnent, profanant le mot de « démocratie » dont ils osent s’affubler, tel est le combat que nous avons engagé. Pour cela il suffit aux simples citoyens que nous sommes de nous lever et d’oser dire non à la passivité et la soumission à ce qu’on préfère appeler fatalité pour ne pas avoir à nommer les causes objectives des tragédies qui surviennent.

Grâce en effet au courage et à la volonté obstinée d’un homme modeste, le manifeste des prix Nobel n’est pas resté, comme tant d’autres appels, une voix qui crie dans le désert, il s’est concrétisé dans l’existence d’une association, modeste elle aussi, à la mesure de nos moyens. François-Xavier Verschave n’a pas attendu que je ne sais quel bienheureux hasard lui donne les moyens de son action, il ne s’est pas découragé devant l’énormité de la tâche, il a seulement commencé à marcher avec une poignée d’amis aspirant au même but, qui n’avaient que leur seul dévouement. Certains, comme lui-même, sont tombés sur le chemin, quelques-uns, comme Sharon Courtoux, l’associée des toutes premières heures, n’ont jamais renoncé à oeuvrer quotidiennement et bénévolement pour faire avancer les objectifs de l’association.

Survie a conquis, au fil des années, une base solide de militants à l’enthousiasme indestructible et à l’engagement généreux et lucide, qui ne ménagent pas leur peine avec une joyeuse abnégation.

A tous, en ce vingt-cinquième anniversaire, il faut dire merci d’avoir, par leur exemple, montré qu’il n’est pas nécessaire d’être puissant matériellement pour « changer la vie » et peser sur le devenir du monde. Il suffit d’être fidèle à ses exigences et de leur accorder plus d’importance qu’aux soucis, même légitimes, qui ne doivent pas nous prendre tout entiers.

Il faut laisser la part de l’action pour le rêve.

 

3 décembre 2009 par Odile Tobner
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