(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Au nord du Rwanda, l’arrivée massive des touristes, venus surtout pour voir les gorilles de montagne du parc des Volcans, dynamise la province et la ville Ruhengeri qui a su investir pour les accueillir au mieux. Aujourd’hui, la population récolte les fruits de cet essor économique.

Il y a cinq ans, la province de Ruhengeri, actuellement connue sous le nom de Musanze, au nord du Rwanda, à 90 km de Kigali, n’avait pas grand-chose à proposer. La pomme de terre et divers légumes constituaient les seules sources de revenus de la population. Passer la nuit dans cette région froide, au pied des volcans, était rude. Seul existait l’hôtel Muhabura, réservé aux touristes aux gros moyens. Aujourd’hui, les visiteurs ne cessent d’affluer, attirés surtout par les gorilles de montagne, qui peuplent le parc des Volcans, partagé entre le Rwanda, l’Ouganda et la RD Congo. Le coup d’envoi du changement a été donné en 2006 avec la construction du tronçon de la route asphaltée de 10 km Musanze-Kinigi, à l’entrée du parc, au pied du volcan Karisimbi.
Depuis lors, à l’image du bureau moderne de l’Office national du tourisme (ORTPN), les petits hôtels poussent comme des champignons. Au moins dix hôtels ont ouvert leurs portes. Bon nombre de grands buildings, certains déjà achevés, d’autres encore en chantier, sont des hôtels. Ce nouveau visage de Ruhengeri attire encore plus les touristes. M. Prosper Uwingeri, responsable du parc des Volcans, attribue leur afflux croissant à l’amélioration des conditions de sécurité depuis 2003 et à la mise en place des infrastructures nécessaires. En cinq ans, leur nombre a presque triplé : de 7 500 en 2003 à près de 20 000 en 2008. Le parc des Volcans avec ses différentes attractions est leur principale destination.
Comme nombre de ceux qui visitent cette forêt naturelle, Michelle Kalleher, une jeune Irlandaise, qui a traversé bon nombre des pays de l’Afrique australe et de l’Est, n’hésite pas à mettre la main à la poche et à payer 500 $ pour voir les gorilles, 70 $ pour une chambre d’hôtel, sans compter les frais de transport en véhicule tout terrain et les souvenirs, surtout ces statuettes, cartes postales et autres objets artisanaux consacrés au gorille. Un Rwandais, lui, paye 35 $ de droit d’entrée. Cet argent profite aux entreprises et à la population locale. L’ORTPN réserve une partie de ces recettes à la construction des infrastructures communes comme les dispensaires, les adductions d’eau, etc.

Ruhengeri, seconde ville du pays
Réputée pour sa fraîcheur et verdoyante, « la ville de Ruhengeri est aujourd’hui la seconde ville économique du pays, après Kigali, analyse un économiste. Il y a plus d’agences bancaires et de nouveaux hôtels. Le commerce y est prospère et les villageois sont de plus en plus ouverts, prêts à vendre des objets d’art et des produits de leur culture. »Les habitants et les investisseurs en sont fiers. « Ces voyageurs visitent les sites touristiques, mais ils logent, mangent, échangent aussi avec la population, ce qui a un impact économique extraordinaire », remarque un des responsables de la ville de Ruhengeri. De nouveaux emplois se créent grâce à la fabrication et au commerce des objets artisanaux et des produits agricoles. « Depuis 2005, nous avons doublé le nombre de clients et les bénéfices », confie un agent de l’hôtel Gorilla Nest.
Sous l’influence des étrangers; les gens changent de mode de vie ce dont les autorités se félicitent. « Les villageois de Ruhengeri adoptent des comportements modernes, surtout la propreté corporelle et vestimentaire », se félicite un responsable de Musanze.
Mais, la médaille a son revers. Certains jeunes, étourdis par le rythme de développement, s’adonnent à la prostitution. Des touristes, mais aussi des agents des compagnies de construction sont pointés du doigt. « On avait aidé plusieurs femmes à quitter la prostitution, mais avec la reprise des activités de réhabilitation de la route ainsi que les constructions, elles sont nombreuses à y revenir », regrette Devota, présidente de Sevot Ihumure, une association qui, depuis deux ans, lutte contre la violence sexuelle.
Les autorités locales souhaitent développer le tourisme sans toutefois que les valeurs se perdent. « Il y a de bonnes choses que l’on peut copier chez les touristes, surtout celles qui ont une valeur culturelle ou économique », estime M. Karabayinga, ancien maire de Musanze. Il rappelle que les hôtels sont inspectés régulièrement afin de contrôler non seulement l’hygiène, mais la moralité.

 
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Posté par rwandaises.com

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