HÔPITAL. Le médecin rwandais déplore les pressions exercées sur l’établissement

Samedi matin, les manifestants ont brandi pancartes et distribué des tracts devant l’hôpital.

«C’est de l’acharnement ! » Hier, le docteur Sosthène Munyemana, médecin urgentiste au sein de l’hôpital Saint-Cyr depuis un peu plus de huit ans, a décroché son téléphone afin de dénoncer ce qu’il considère comme du « harcèlement ». Ses propos visent le Collectif girondin pour le Rwanda dont une vingtaine de membres a manifesté samedi matin (lire « Sud Ouest Dimanche ») devant les portes de l’hôpital afin de réclamer la suspension des activités du docteur rwandais soupçonné d’avoir participé au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.

« Ils veulent mon renvoi »

Le collectif des Girondins avait été le premier en 1995 à porter plainte contre Sosthène Munyemana avant d’être mis en sommeil suite notamment aux décès de deux des figures de proues de ce dossier. C’est il y a peu qu’il a été réactivé. La médiatisation du cas d’un autre médecin rwandais à Maubeuge, suspendu de ses fonctions après qu’il a été révélé son avis de recherche par Interpol, a été le point de départ du retour sur la scène médiatique du cas Munyemana.

L’intervention de Pierre Péan, qui a défendu le médecin villeneuvois et dont les positions sur le génocide rwandais sont très controversées a semble-t-il achevé de mettre le feu aux poudres. « Les rescapés du génocide ne peuvent plus tolérer qu’une personne comme Sosthène Munyemana dont la responsabilité est écrasante dans les massacres de Tumba, puissent se poser en victimes », s’insurge Pascal Bianchini, le porte-parole du Collectif girondin pour le Rwanda, qui brandit un rapport d’African Rights dans lequel le médecin villeneuvois est épinglé par de nombreux témoignages. L’intéressé a toujours réfuté ces accusations jugeant là qu’il était victime d’un « complot » et des tensions entre la France et le Rwanda.

« L’épouse d’un de mes principaux détracteurs au Rwanda, qui a fui Bordeaux, après qu’il a été découvert qu’un document de l’ONU m’accusant était un faux, fait comme par hasard partie du collectif. En outre, le collectif ment à l’évidence sur certains points. Pourquoi faudrait-il le croire sur tout le reste ? », estime Sosthène Munyemana qui n’a jamais été inquiété par la justice française depuis qu’il est dans l’Hexagone. « Il y a 16 présumés génocidaires en France et aucun procès ne s’est jamais tenu alors qu’en Belgique, aux Pays-Bas et au Canada, il y en a eu », rétorque Pascal Bianchini.

« Si le collectif réclame la justice alors pourquoi ne se déplace-t-il pas devant le palais de justice de Bordeaux plutôt que devant l’hôpital de Villeneuve. Ce qu’ils veulent en fait c’est mon renvoi. » Jusqu’ici, l’hôpital de Villeneuve a toujours soutenu son médecin se rangeant derrière la présomption d’innocence.

Les choses pourraient s’accélérer en fin de semaine. Le parquet général de Bordeaux doit rendre son jugement concernant la demande d’extradition émise par le Rwanda à l’encontre de Sosthène Munyemana. Là-bas, en 2008, il a été condamné par contumace à la perpétuité. Mais le médecin se dit « serein au vu du dossier ».

 

http://www.sudouest.com/lot-et-garonne/actualite/villeneuvois/article/853302/mil/5657253.html

Posté par rwandaises.com