La coopération entre l’Afrique et la Chine est une coopération très forte et souhaitée par les deux parties, a affirmé Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement (BAD) dans une interview exclusive accordée à l’Agence de presse Xinhua, au siège de la BAD à Tunis, avant son départ pour une visite en Chine du 3 au 6 février,

Question: En votre qualité du président de la BAD, vous êtes bien placé pour commenter l’actuelle crise financière et économique internationale qui touche durement les pays africains.

Réponse: L’origine de la crise est bien connue. L’Afrique n’a pas connu une crise financière, elle a connu plutôt une crise économique et une crise de la croissance, parce que la demande de nos exportations a baissé. C’est essentiellement cela qui est important. Ce qui affecte aussi les investissements en Afrique, c’est par le canal de ce qu’on appelle l’économie réelle. La crise a touché l’Afrique par la non-croissance et on y constate une récession totale. Dans une dizaine de pays africains, le taux de croissance a chuté au-dessous de 2%. Mais avec la reprise qui s’annonce maintenant en Chine, en Inde et en Europe, je pense que l’Afrique peut reprendre son chemin de croissance, après 18 mois de vagues assez difficiles.

Q : La BAD a toujours fait des efforts pour soutenir les pays africains dans le développement, l’investissement et le progrès social, cette fois-ci, comment a-t-elle réagi pour les aider à éviter les dégâts de la crise ?

R : La réponse de la banque a été faite en fonction des besoins de chaque pays. Il y a des besoins budgétaires, des chutes d’investissements, des banques commerciales en souffrance et d’autres problèmes. On est intervenu là où on a des besoins. Pour nous, c’est d’éviter les dégâts majeurs, et surtout d’aider les pays africains à reprendre la croissance aussitôt. Maintenant, avec la demande de matières premières qui augmente sur le marché mondial, même si elle n’est pas aussi forte qu’avant la crise, je suis très conscient que, comme dans beaucoup de pays en récession, on peut reprendre la croissance aussitôt en Afrique.

Q : Au cours de cette crise qui est la plus grâve depuis les années 30 du siècle dernier, il y a des pays en Afrique qui tiennent mieux, comme la Tunisie. Selon votre opinion, quelles en sont les raisons ?

R : Cela dépend de chaque pays en fonction de la structure de son économie, aussi de ses conditions économiques. La Tunisie est un pays qui a très bien répondu à la crise. Il y a eu certains effets sur ses exportations, mais j’étais vraiment impressionné par la reprise des investissements et la demande intérieure. Les pays qui ont bien résisté sont, premièrement, les pays dont l’économie est bien diversifiée, qui ne dépendent pas trop d’un ou deux produits, minerais, pétrole entre autres. Deuxièment, les pays où il n’y avait pas de problèmes préexistant et où les conditions macro-économiques étaient bonnes au départ, avec notamment une stabilité macro-économique et une petite taille de déficit. Troisièmement, dans les régions où l’économie est bien avancée. Le commerce dans la région a réagi comme un amortisseur. J’ai constaté qu’avant la crise les conditions économiques sont bonnes en Afrique du Nord, notamment au Maroc, en Tunisie et en Egypte. Tandis que les pays à forte dépendance aux matières premières, comme le cuivre ou le diamand, ont été plus durement touchés, parce que pendant la crise, autant les gens achètent beaucoup de l’or, ils achètent moins de cuivre.

Q : Pouvez-vous nous donner un commentaire sur les relations entre l’Afrique et la Chine en général, et entre la BAD et la Chine en particulier ?

R : La Chine est un membre très actif de la BAD depuis 1985. Nous avons entre la Chine et la BAD une coopération très forte. En 2007, nous avons tenu la 42e assemblée annuelle du Conseil de la BAD à Shanghai où le Premier ministre chinois Wen Jiabao a prononcé un discours pour accorder une plus grande importance à la coopération Chine-Afrique qui s’oriente vers un développement tous azimuts et à tous les niveaux.

La coopération entre la Chine et l’Afrique est une coopération souhaitée par les deux parties. Comme toute coopération, il y a des éléments à approfondir et à améliorer. Au sommet du Forum Chine-Afrique de Beijing, on a décidé d’approfondir et d’élargir cette coopération, surtout en termes des investissments. Le continent africain est très dépendant du commerce, nous souhaitons des investissments sur le continent dans tous les domaines, agricole, industriel et même financier.

Q : Quels sont les objectifs de votre prochaine visite en Chine?

R : Au cours de ma visite, j’aurai des entretiens et des discusions avec des autorités diverses de la Chine et les banques partenaires dans l’intention de consolider les bonnes relations entre la BAD et la Chine. Je suis très intéressé par une augmentation des investissements chinois en Afrique, notamment dans l’énergie et les transports. Je visiterai aussi des entreprises chinoises à Shenzhen pour les encourager à investir davantage en Afrique.

Le sud de la Chine est une partie très dynamique pour la croissance économique. Nous souhaitons nous inspirer des expériences et leçons sur le développement de cette partie de la Chine. Ce ne sont pas des leçons qu’on peut transférer immédiatement, mais la BAD est un instrument très important pour renforcer la coopération entre la Chine et l’Afrique, surtout dans les domaines de l’énergie renouvelable et de la technologie.

Q : Vous avez visité plusieurs fois la Chine et quelles sont vos impressions ?

R : Je me suis rendu visite en Chine deux fois comme ministre rwandais et maintenant c’est ma deuxième visite en Chine en tant que président de la BAD .

La Chine est très importante pour moi dans le sens suivant : En l’espace de trente ans, elle a réalisé des progrès considérables, une amélioration des conditions de vie de sa population et une réduction du nombre de pauvres. Combien de leçons et d’expériences pour les autres pays! Pour moi, c’est très important cette expérience de transition. On peut la partager.

Je me rappelle encore la construction par la Chine des chemins de fer Tanzanie-Zambie dans les années 70 du siècle dernier. A l’époque, j’étais un jeune garçon en Tanzanie et j’ai même pris le train deux fois. Cela m’a donné un souvenir impressionnant. En un mot, la présence de la Chine en Afrique est ancienne et l’amitié entre la Chine et l’Afrique date de longues années. Maintenant, cette coopération a pris de nouvelles formes.

 

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Posté par rwandaises.com