Arusha – L’ancien représentant spécial des Nations Unies au Rwanda, Jacques-Roger Booh Booh, a affirmé jeudi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que le gouvernement intérimaire en place pendant le génocide de 1994 était « illégal ».

Mais à la suggestion selon laquelle cette même équipe était, de surcroît, criminelle, le diplomate camerounais a préféré répondre de manière ambigüe.

Actuellement à la retraite, Booh Booh s’exprimait au dernier jour de son témoignage dans le procès de trois dirigeants de l’ex-parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND).

« C’était à mon avis un gouvernement illégal (…) J’avais pris des distances avec un gouvernement que ma formation de juriste m’amenait à qualifier d’illégal », a déclaré M. Booh Booh.

A Don Webster, du bureau du procureur, qui avançait que ce gouvernement était, en réalité, une équipe de criminels, il a répondu : « Je n’ai pas connu de gouvernement criminel ».

Il a cependant clairement indiqué que la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR), dont il était le plus haut responsable, désapprouvait les explications qui étaient fournies par ce gouvernement et les responsables des partis participant à la coalition au sujet des massacres.

Dans certains de leurs messages, une partie de ces dirigeants parlaient ainsi de troubles interethniques.

« La MINUAR que je représentais les (ces explications) condamne. Mais ne m’obligez pas à emprunter votre langage (…) Le langage d’un procureur et celui d’un diplomate ne sont pas les mêmes », a-t-il déclaré.

Revenant à la charge, le représentant américain du procureur a voulu savoir si les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR, actuellement au pouvoir) n’étaient pas en droit de refuser toute négociation avec un gouvernement criminel.

« Je n’ai pas à juger de la position d’une entité politique à laquelle je n’appartiens pas », a répondu Booh Booh avant d’ajouter : « La position de la MINUAR rencontre dans une large mesure les préoccupations qui sont les vôtres mais nous ne sommes pas obligés d’avoir le même langage ».

L’ancien chef de l’ONU à Kigali déposait à la demande de Joseph Nzirorera, ex-secrétaire général du MRND. Il s’est cependant montré en désaccord sur plusieurs points avec Peter Robinson, l’avocat principal américain de cet ancien poids lourd du régime du président Juvénal Habyarimana.

Nzirorera est jugé avec Mathieu Ngirumpatse et Edouard Karemera, respectivement ancien président et ancien vice-président du MRND.

Poursuivis pour crimes de génocide et crimes contre l’humanité, les trois anciens dignitaires clament leur innocence.

ER/GF 18.02.10 –

© Agence Hirondelle

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