Par le Dr Bakang ba Tonjé Forum de la jeunesse universitaire

 

Mesdames, mes demoiselles et messieurs,

Je voudrais avant tout, remercier l’Association des Etudiants Camerounais (ASEC) de m’avoir invité à prendre la parole dans ce forum de la jeunesse universitaire camerounaise sur le thème : Quelle indépendance pour les Camerounais depuis 50 ans.

C’est pour moi un véritable honneur. Je souhaite que dans le déroulement de ce forum, cet honneur se double de plaisir et de satisfaction.

Je ne suis ni historien de formation, ni politologue, mais un patriote engagé, ancien militant et dirigeant estudiantin, militant upéciste de longue date et c’est à ces titres que j’interviens.

1 – Les étudiants d’aujourd’hui retrouvent les pas de ceux d’hier

 

L’Association des Etudiants Camerounais (AEC) est l’une des premières dénominations de l’organisation des étudiants camerounais qui étaient tous à l’étranger dans les années 1950. Elle est née AECF, F étant mis pour France ; elle a ensuite supprimé le F pour marquer sa vocation universelle. Elle évoluera ensuite en UNEC, puis UNEK.

Les étudiants camerounais patriotes d’aujourd’hui ont, en quelque sorte, retrouvé les pas de ceux d’hier ; et nul n’ignore l’importance de la lutte des étudiants pour la réunification et l’indépendance du Cameroun.

Il existe donc de solides raisons de fonder sur eux, de grandes et légitimes espérances pour l’avenir de notre pays.

2 – Qu’est-ce que l’indépendance ?

 

Pour moi, patriote upéciste, l’indépendance réelle, c’est, à l’intérieur de frontières universellement reconnues et respectées,

    • l’auto administration du peuple par lui-même  en considération de son seul intérêt ;
    • la responsabilité et la dignité de l’exercice de son pouvoir souverain par la nation en vue de l’émancipation de l’ensemble de la population.

Le pouvoir souverain quant à lui, étant le plein droit, la pleine capacité  et la pleine responsabilité d’information, de décision, d’organisation, d’action, d’évaluation, de contrôle et de sanction.

Le contenu de l’indépendance réelle est défini par le peuple qui a revendiqué et conquis cette indépendance d’une part à travers les organisations d’avant garde qui ont conduit la lutte du peuple, et d’autre part à travers les institutions de l’Etat démocratiquement mises en place par le peuple.

S’agissant du pouvoir souverain de l’Etat du Cameroun, il s’agit

    1. de sa pleine capacité de garantir, préserver et faire respecter l’indépendance du pays,
    2. de sa pleine capacité de collaborer avec, ou de s’opposer à n’importe quel autre Etat, organisation, groupe ou personne lorsqu’il faut défendre les intérêts du pays et de ses habitants,
    3. de sa pleine capacité de prendre en toute liberté, en toute dignité et en toute responsabilité, les décisions vitales en considération avant tout de l’intérêt national, c’est-à-dire de l’honneur et de la prospérité de la patrie, de la dignité et du mieux être des populations, de la justice sociale et de la paix.

Seules l’indépendance des autres pays et la souveraineté des autres nations doivent constituer une limite pour l’indépendance réelle du Cameroun et pour la souveraineté de la nation camerounaise.

3 – La décision de l’ONU et la nature de l’indépendance du Cameroun

Le 31 décembre 1959 devait prendre fin la tutelle de l’ONU sur notre pays. La question préalable que les Nations Unies avaient à trancher 9 mois plus tôt était de savoir si cette indépendance devait être remise entre les mains de l’administration locale choisie par la France pour s’opposer à la revendication de l’indépendance, ou entre les mains d’une nouvelle administration camerounaise réellement représentative parce que démocratiquement élue par les populations sous la supervision impartiale et le contrôle de l’ONU.

La décision fut malheureusement prise de livrer le Cameroun aux partisans de la perpétuation de la domination étrangère. Ce faisant l’ONU a fait prévaloir les considérations idéologiques et stratégiques liées à la bipolarisation du monde sur les problèmes réels de l’indépendance, de la liberté et de la bonne gouvernance qui étaient les nôtres au Cameroun.

L’indépendance proclamée le 1ier janvier 1960 n’était donc qu’une fausse indépendance, une pseudo indépendance. Ce jour, seul avait pris fin le contrôle institué par les « Accords de Tutelle » du 13 décembre 1946 sur les administrations de tutelle française et britannique.

L’indépendance proclamée le 1ier janvier 1960 n’était pas celle que les Camerounais avaient revendiquée et pour laquelle ils avaient consenti tant de sacrifices.

L’indépendance réelle restait encore à conquérir ; la lutte pour l’indépendance réelle devait continuer.

L’indépendance de façade que de Gaulle avait décidé d’octroyer à notre pays un mois exactement après l’assassinat par ses troupes de Ruben Um Nyobe, n’était qu’une variante de l’Etat sous tutelle instauré par la Loi-cadre Deferre en 1957. Comme l’avait si bien dit Michel Debré, 1ier Ministre du Général de Gaulle à Léon Mba, chef du gouvernement du Gabon, « Ce sera l’indépendance avec les Accords de coopération, ou pas d’indépendance du tout ».

Les fameux « Accords de coopération » seront signés par Ahidjo le 26 décembre 1959, six jours seulement avant la proclamation de cette pseudo indépendance.

Il est bon de noter que la signature de ces soi-disant Accords bilatéraux est un acte diplomatique sans valeur puisque passée entre un Etat souverain, la France, et un autre qui ne l’est pas encore, l’Etat sous tutelle du Cameroun.

La même année 1960, cette même indépendance sous tutelle sera octroyée à la quasi totalité des colonies françaises d’Afrique Noire.

Contrairement à l’indépendance réelle, le contenu de l’indépendance sous tutelle est défini par le colonisateur. Il privilégie naturellement les intérêts coloniaux ; il consacre la domination et le contrôle du pouvoir colonial dans tous les domaines de la vie du pays en particulier la sécurité, les finances, la communication, l’éducation, les ressources minières et énergétiques, la diplomatie etc.

Les instruments de l’exercice de ce pouvoir d’Etat sous tutelle seront remis entre les mains des Camerounais, minoritaires, qui se sont opposés à la revendication de la réunification et de l’indépendance nationale.

Pour se maintenir au pouvoir coûte que coûte, ceux-ci useront et abuseront de la répression, de la corruption et de la fraude électorale.

Ainsi est né  dans notre pays le régime de la dictature néo-coloniale.

4 – Ahidjo efface en 1972 l’indépendance qu’il a proclamée en 1960

 

Malgré  cette triste réalité, le matraquage de la démagogie aidant, une grande partie des Camerounais finira par se convaincre que leur pays avait réellement accédé à la souveraineté internationale le 1ier janvier 1960.

Le président Ahidjo se chargera de les débarrasser de cette illusion lorsque le 20 mai 1972, il annulera d’un trait de plume la fête nationale de l’indépendance, à la suite du referendum-plébiscite qui lui a permis, en mettant fin à la forme fédérale de l’Etat, d’accaparer à lui tout seul, l’ensemble des ressources pétrolières localisées dans l’Etat Fédéré du Cameroun Occidental. Ce faisant Ahidjo a montré que pour lui, d’avoir proclamé le « Cameroun libre et indépendant » le 1ier janvier 1960 n’avait aucune valeur.

Cette indépendance travestie et répudiée, cette pseudo indépendance proclamée par lui-même n’est rien à ses yeux, sinon un parapluie commode sous lequel on s’abrite pour torturer et voler, voire violer et tuer en toute impunité à l’abri des regards.

De la même façon, pour son « illustre successeur », le cinquantenaire de cette indépendance ne représente rien. C’est pourquoi, le 10 février à 20 heures, après avoir fait semblant d’encenser les héros et martyrs de la lutte de libération nationale, il s’est pressé dans le même discours à la jeunesse, de confier la commémoration de l’indépendance à ceux qui sont les moins qualifiés pour ce rôle, en raison de leur hostilité atavique à l’indépendance du Cameroun.

Par contre, le président de la République Française a toutes les raisons de se féliciter du succès de 50 ans de la politique coloniale de son pays en Afrique Noire, et d’organiser en conséquence des cérémonies pour ce cinquantenaire. Après tout, sans les richesses et les voix de l’Afrique, la France compterait-elle aujourd’hui  parmi les grandes puissances de ce monde ?

5 – L’indépendance et la réunification, deux conditions pour accélérer l’évolution et élever le standard de vie des populations

Pour les patriotes camerounais, singulièrement les upécistes, l’indépendance n’était pas une fin en soi.

Elle était une condition pour l’édification nationale et  l’élévation du standard de vie de toutes les populations du Cameroun. Un pays soumis à un autre ne peut se développer que s’il a au préalable assouvi tous les besoins de son maître. Autant dire qu’un tel pays ne peut jamais se développer à la mesure de son vrai potentiel s’il ne s’émancipe pas au préalable de la tutelle étrangère.

L’indépendance n’était pas la seule condition de l’émancipation de notre pays; elle allait de pair avec la réunification du Cameroun, préalable ou concomitante à cette indépendance.

Mais, tout comme son indépendance, la réunification du Cameroun sera dévoyée.

Le 11 février 1961, à la suite d’une entente franco-britannique sur le dos de notre pays, un referendum marqué par la répression et la fraude, permettra au Nigeria d’annexer le Northern Cameroons qui deviendra en juin de la même année, la Sardauna Province. Le gouvernement sous tutelle du Cameroun protestera mollement, puis, ne pouvant réagir contre la duplicité de son protecteur, il entérinera le fait accompli.

Paradoxalement, le même 11 février, jour de déconvenue voire de malheur  national, a été décrété par le président de la République, jour de la Fête de la Jeunesse, comme si  le malheur et la défaite de notre pays étaient un motif de fierté et de joie pour sa jeunesse. Ailleurs, un tel jour de malheur, où le pays est amputé d’une partie de son territoire et d’une partie de sa population est un jour de deuil national.

6 – Destruction de toutes les organisations patriotiques

 

Après l’indépendance, pour se maintenir en place, le gouvernement devait au préalable, avec l’aide de la France et de ses alliés, se débarrasser de toutes les organisations patriotiques, en commençant par les organisations  démocratiques des travailleurs, des jeunes, des femmes qui seront interdites, disloquées ou absorbées, et surtout  l’UPC dont les dirigeants et les cadres seront pourchassés et détruits sans merci au Cameroun et à l’étranger. Cette « pacification » durera 15 ans et laissera sur le carreau près de un million de morts.

Ces organisations, à nouveau légalisées après 35 ans d’interdiction sont aujourd’hui dans un processus difficile mais soutenu de reconstruction.

7 – Pendant les 50 ans qui ont suivi sa proclamation, le gouvernement camerounais issu de cette pseudo-indépendance a fidèlement servi les intérêts étrangers.

En 50 ans, pas une seule fois, le peuple n’a eu la liberté, la dignité et la fierté de s’exprimer souverainement et de se faire entendre; il a toujours été mené à la trique de la répression, de la corruption et de la fraude électorale.

L’unité travestie de la nation et du pays a accouché de graves et légitimes frustrations ayant conduit à des révoltes et à la menace de sécession.

Les frontières du Cameroun sont sujettes aux incursions de différentes forces des pays voisins, grands et petits ; parfois même, il s’agit d’empiètements permanents. Faute d’avoir la volonté et la capacité de garantir nous mêmes nos frontières, nous sommes réduits chaque fois à appeler des puissances extérieures au secours.

L’Etat n’a ni la capacité, ni même la volonté d’assurer sa propre sécurité. La sécurité présidentielle est assurée par un commandement militaire étranger.

L’Etat n’a aucun contrôle ni sur la monnaie en cours dans le pays dont le taux de change est fixé et modifié par la seule France en fonction de ses seuls intérêts, ni sur ses devises obligatoirement placées auprès du trésor français dans un Compte d’Opérations commun aux ex colonies françaises d’Afrique Noire. La gestion de ce compte obligatoirement créditeur par le gouvernement français échappe totalement au gouvernement camerounais.

Depuis bien longtemps, ce sont les institutions financières de Bretton Woods, déléguées par certaines grandes puissances, qui pilotent l’économie de notre pays. C’est ainsi que, en dépit de nos richesses considérables, toute honte bue, nous nous somme retrouvés PPTE. L’une des conditionnalités pour en sortir était de livrer à l’étranger, l’embryon d’industrie nationale de notre pays, et avant tout, les industries stratégiques comme l’électricité livrée à la multinationale américaine AES, l’eau livrée à la multinationale française Lyonnaise des Eaux via sa succursale marocaine, la communication livrée conjointement aux  multinationales française Orange et sud-africaine MTN, les transports ferroviaires et maritimes livrés dans tous leurs compartiments à la multinationale française dirigée par un certain Bolloré etc.

D’autres conditionnalités ont trait à la politique démographique, à la santé et y compris à la qualité de la prescription des médicaments par les médecins, à l’éducation et à la formation des jeunes, au développement culturel etc.

L’Etat n’a pas de véritable contrôle sur nos réserves énergétiques, minières, halieutique, sylvestres etc. classées réserves stratégiques françaises dans les « Accords de Coopération » gardés secrets.

L’Etat camerounais, à qui le bailleurs de fonds ont fait abandonner l’objectif d’autosuffisance alimentaire, veille à éviter de développer toute production agricole ou industrielle susceptible de faire concurrence à la production de la France  et de ses dépendances.

Enfin tant dans le domaine de la politique nationale que des relations internationales, le président de la République du Cameroun est systématiquement attelé derrière la politique française.

Il s’interdit toute initiative diplomatique ; il n’a jamais été à l’origine d’aucun accord bilatéral ou multilatéral ; on n’a jamais entendu dire qu’un problème dans le monde ou en Afrique a trouvé sa solution grâce aux bons offices du Cameroun.

Pire, le président de la République ne peut pas former, voire remanier son gouvernement sans en référer préalablement au gouvernement français.

Après l’accession au pouvoir en France de Nicolas Sarkozy, notre président a fait des mains et des pieds, des mois et des mois, s’achetant à grands frais les services de toutes sortes d’entremetteurs, pour être reçu à l’Elysée, et se faire photographier en compagnie du nouveau président français.

Le jour où, après le décès de Bongo  il est enfin reçu de façon expéditive, Sarkosy le nomme en remplacement de Bongo « Nouveau Sage d’Afrique Centrale », c’est-à-dire auxiliaire en chef de la politique française en Afrique Centrale.

Ce qui, partout ailleurs dans le monde aurait été considéré comme un humiliation, voire comme une provocation, a été présenté chez nous comme une grande prouesse et une brillante victoire diplomatique, car la seule préoccupation de M. Biya est d’obtenir de Nicolas Sarkosy l’autorisation de rester au pouvoir, et y laisser son fils après sa mort.

M. Biya ne s’est-il pas déclaré en son temps, sur le perron de l’Elysée, « le meilleur élève de François Mitterrand »?

Sur les problèmes graves d’environnement dont les pays développés, notamment la France sont les principaux responsables dans le monde, et particulièrement en   Afrique (essais nucléaires en plein air au Sahara avec contamination volontaire de plusieurs dizaines de soldats et de plusieurs milliers d’habitants des environs, déboisement au Gabon, en Centrafrique, au Congo, au Cameroun, en Côte d’Ivoire etc., dépôt dans ce dernier pays de déchets toxiques ayant entraîné la mort de plusieurs dizaines de personnes et l’intoxication de plusieurs milliers d’autres à Abidjan) le même Biya n’a-il pas récemment, avant la conférence climatique de Copenhague, paradoxalement déclaré que lui-même et les chefs d’Etat d’Afrique Centrale étaient alignés derrière Sarkozy pour défendre le bassin forestier du Congo?

8 – Bilan de 50 ans d’indépendance

Bref, depuis 50 ans, le gouvernement n’a eu ni véritables objectifs propres de démocratie politique et sociale, ni véritables objectifs et stratégie propre de développement.

Pour moi, mais pour vous aussi, je crois, ce n’est pas une surprise. Ce gouvernement souffre de la tare congénitale commune à toutes les dictature néo-coloniales. Il est antinational et antipatriotique.

Si vous me posiez la question de savoir, dans le bilan de  50 ans de cette indépendance, à mon avis, quel est le plus lourd, des profits et des satisfactions ou des pertes et des déceptions sur les plateaux d’une même balance, je répondrais que, en 50 ans, le Cameroun a changé.

Il a :

    • un drapeau ;
    • un hymne ;
    • une devise ;
    • des armoiries ;
    • une constitution ;
    • un Etat avec ses institutions telles

    un président de la République en place depuis bientôt 28 ans,

    un gouvernement d’une soixantaine de membres ;

    10 Régions décentralisées dont la mise en place est bloquée ;

    une Assemblée Nationale introuvable, tenant lieu de Parlement ;

    un corps administratif pléthorique, avec des gouverneurs, des préfets, des sous-préfets, des chefs de village de divers degrés,

    un protocole d’allégeance bien huilé ;

    une horde de fonctionnaires de toutes catégories : inspecteurs généraux, secrétaires généraux, directeurs, chefs de service ;

    un corps judiciaire avec un Conseil Supérieur de la Magistrature présidé  par le président de la République, une Cour Suprême avec des magistrats aux perruques enfarinées, tenant lieu de Conseil Constitutionnel depuis 15 ans, une Haute Cour de justice qui n’existe nulle part, une Cour d’Appel par chef lieu de Région, des tribunaux d’instance, des procureurs, des juges, des greffiers, des huissiers, des notaires ;

    un corps diplomatique avec des ambassadeurs, des secrétaires d’ambassades, des conseillers d’ambassade, des consuls ;

    une armée bien payée avec des officiers généraux copieusement décorés, des officiers supérieurs, des officiers subalternes, des sous officiers ;

    plusieurs corps de police spécialisés avec de Commissaires divisionnaires, des commissaires principaux, des officiers et inspecteurs de police;

    plusieurs universités à la gestion patrimoniale et paternaliste, sommairement installées avec des Présidents des Conseils d’Administration, des recteurs, des vice-recteurs, des doyens, des professeurs de rang magistral et des enseignants de divers autres grades, sans oublier la masse des étudiantes et des étudiants livrés à eux-mêmes face à tous les problèmes du monde;

    un parti proche du pouvoir dont le Président est président de la République et dont le Secrétaire Général a automatiquement rang de Ministre d’Etat ;

    • des écoles primaires et secondaires dominées en zone urbaine par les établissement privés confessionnels et laïcs à but lucratif où la qualité des enseignements laisse généralement à désirer ;
    • quelques milliers de km de routes bitumées perpétuant l’enclavement chronique de vastes régions de productions agricoles du pays;
    • une ligne de chemin de fer à voie unique, aux normes du 19ème siècle, pourtant reconstruite à grands frais il y a quelques années seulement, mais ne permettant aujourd’hui  que la circulation de deux trains voyageurs par jour dans chaque sens;
    • deux hôpitaux de référence trop chers pour le Camerounais moyen ;
    • des hôpitaux provinciaux et de district manquant de tout;
    • des soins urbains dominés par la pratique libérale des médecins, des chirurgiens dentistes, des biologistes et des pharmaciens, tout aussi chère,
    • plusieurs sociétés brassicoles, pratiquement les seules productions véritablement industrielles en dehors de l’aluminium d’Edéa, de la cimenterie de Bonabéri et de la raffinerie du pétrole et des Chantiers navales de Limbé ;
    • une société nationale de radio et de télévision, porte-parole du gouvernement ;
    • un aéroport international à Yaoundé et à Douala sous utilisés;
    • une compagnie aérienne en voie de re-création et sous contrôle étranger dès la conception;
    • une équipe nationale de football mondialement connue et appréciée ;
    • un établissement d’enseignement supérieur de football promis à la jeunesse par le chef de l’Etat;
    • une course de vélos dédiée à la première dame et qu’elle financerait sur ses deniers personnels ;
    • une production agricole insuffisante pour couvrir les besoins nationaux
    • une espérance de vie à la naissance de moins de 50 ans ;
    • une liberté d’expression constamment bafouée ;
    • la torture et les extorsions d’aveux persistants dans les locaux de la police judiciaire et de la police politique ;
    • la fraude électorale dans toutes les élections avec un corps électoral national figé depuis 20 ans à environ 3 millions d’électeurs malgré une population passée de 5 à 18 millions d’habitants ;
    • la corruption, les détournements de la fortune publique et l’impunité élevés au rang de système de gouvernement ;
    • une opération d’assainissement baptisée « Opération épervier » bien tardive, bien sélective et bien timide ;

    etc.  etc.

Cette liste est bien entendu loin d’être exhaustive.

Certes, depuis 1960, le Cameroun a évolué ; il ne pouvait d’ailleurs pas en être autrement, indépendance ou non : c’est la loi de la nature.

Mais cette évolution est :

    • très en deçà de son potentiel humain, énergétique, agricole, minier, touristique etc.,
    • très en deçà des nécessités nées de sa position stratégique comme moyeu de toute l’Afrique ainsi que des responsabilités légitimes qui s’y attachent, en particulier dans la sous-région d’Afrique Centrale,
    • très en deçà de changements intervenus dans la même période dans  des pays moins bien lotis, devenus réellement indépendant à la suite de la victoire des forces patriotiques sur les pouvoirs coloniaux, un peu après comme l’Algérie ou un peu avant comme l’Inde et la Chine, aujourd’hui puissances mondiales, ou la Tunisie, le Maroc et Cuba aujourd’hui puissances  régionales incontestables dont le Cameroun sollicite désormais l’assistance technique,

    très en deçà de la courbe de l’évolution des pays classés comme lui dans les année 1980, au rang de « pays à revenu intermédiaire ».

9 – Le choix de la jeunesse estudiantine

 

Notre pays est aujourd’hui encore, semblable à un comptoir colonial, une réserve de matières premières brutes à bas prix pour l’évacuation des quelles des routes, des chemins de fer, des ports en eau profonde et même des barrages hydroélectriques sont projetés. En contrepartie de ces matières premières, le Cameroun n’importe plus simplement de la pacotille, il est devenu la poubelle de tous les débarras d’Europe et bientôt d’Asie.

En outre, notre pays est devenu un pays dont, faute de perspective,  la jeunesse n’a d’autre choix qu’entre :

    1. céder aux sirènes des sectes et autres groupes aux pratiques ésotériques ou considérées comme dégradantes par notre société telles la sodomie, pour espérer réussir à un examen, se faire embaucher ou accéder à une promotion,
    2. partir sur les routes pour des destinations illusoires, quitte à laisser leurs vies quelque part dans un désert ou dans un océan, à l’image des jeunes des pays africains lourdement pénalisés par la nature,
    3. ou s’engager dans le combat du peuple pour l’indépendance réelle du Cameroun et la démocratie.

C’est cette dernière voie qui me semble la plus noble, la plus conforme à la tradition estudiantine camerounaise, la plus propre à apporter de vraies solutions à l’impasse actuelle de la jeunesse.

Je vous remercie.http://www.lexpressplus.com/Quelle-Independance-pour-les-Camerounais-depuis-50-ans

Posté par rwandanews.fr