http://moproblems.files.wordpress.com/2009/03/kagame_1.jpgLe premier mandat de président élu du général Paul Kagame tire à sa fin et comme il se doit son bilan sera bientôt présenté pour justifier pourquoi il doit être maintenu à son poste. Si vous demandez à l’intéressé ou à ses supporters, il vous diront avec conviction que le bilan a dépassé les attentes.

Mais quelles étaient les attentes ? Quels étaient les objectifs et sur quelle période ?

Depuis 1990, le général Kagame est à la tête du Front patriotique rwandais au pouvoir au Rwanda depuis 1994. Doit-on apprécier son bilan depuis cette époque ou depuis le début de son premier mandat de Chef de l’Etat élu issu du parti ultra-dominant en 2003 ?

Beaucoup d’étrangers de passage au Rwanda sont époustouflés par le progrès atteint par le Rwanda post-génocide. Et on les comprend aisément. Ils se disent : le pays était il y a 16 ans un immense charnier et aujourd’hui tout est en ordre, Hutu et Tutsi travaillent main dans la main pour faire avancer leur pays à grand pas.

Pour les Clinton, Blair et autres fans, c’est un miracle en plein cœur de la catastrophique Afrique. Ils ne connaissaient très probablement pas beaucoup le Rwanda en 1990 et ils ont sans doute encore beaucoup à apprendre à son sujet. Il faudra bien sûr qu’ils en aient le temps et la volonté de voir même ce qui ne correspond pas aux clichés et à la propagande des lobbys qui leur sont favorables !

Mais les Clinton et autres ne voteront ni en 2017 ni en 2024 ni même entretemps si les circonstances l’exigeaient. Dieu seul sait ce qui nous attend. Ce sont les Rwandais qui jugent le président Kagame et son administration et leurs références à eux comprennent le génocide des Tutsi bien sûr mais aussi les régimes qui ont précédé, la monarchie et la tutelle belge y comprises.

Le bilan, nos compatriotes l’établissent certainement sur une période qui va au delà d’avril à juillet 1994 et ils le comparent avec ce qui a précédé – nous l’avons déjà dit – mais aussi avec ce qui a suivi. Ce qu’ils ont vécu et ce qu’ils vivent aujourd’hui. Ressentent-ils le miracle économique dans leur vie de tous les jours. Les statistiques positives claironnées par les porte parole de Kigali se traduisent-elles par un meilleur régime alimentaire et des soins de santé abordables et efficaces ?

Le bilan est concrétisé par ce qui est tangible – les grands immeubles flambants neufs dans la capitale, les routes et les trottoirs bien tracés, la propreté exemplaire digne de Singapore et de la Suisse, des services publics qui fonctionnent comme nulle part ailleurs sur le continent noir et brun, etc. Mais il y a aussi ce que l’on ne voit pas et qui en fin de compte conditionne tout le reste. Comme la confiance en l’avenir et en nos institutions qui feraient que personne n’évoquerait l’éventualité d’un coup d’Etat, par exemple…

Il y a aussi la paix des cœurs qui ne peut pas être garantie par les dizaines de milliers d’hommes en armes que comptent aujourd’hui le Rwanda (lorsque Habyarimana comparait la paix à l’or et au pétrole, son armée et sa gendarmerie ne dépassaient pas dix mille hommes).

L’or et le pétrole du général Kagame c’est la sécurité qu’il dit quasi totale mais cette sécurité n’est pas assurée par ses bénéficiaires et par des forces de l’ordre et de défense minimales. Cette sécurité peut-être évaluée par rapport au chaos de 1994 mais lorsque les rebelles du futur Front patriotique rwandais ont pris les armes contre Habyarimana en 1990 ce n’était pas pour combattre le chaos à venir mais pour faire mieux – beaucoup mieux disaient-ils – que le chef de l’Etat d’alors et sa paix « équilibrée » et « responsable ».

Le bilan du général Kagame ? Il est positif si vous insistez pour prendre pour référence la situation exceptionnelle de la guerre, du chaos politique et du génocide. Dans votre scénario, il ne peut qu’être positif. De toute façon le général sera élu, à moins que le tout puissant en décide autrement.

NKB 26/03/2010

 

http://www.nkb-journal.com/spip.php?article1122

Posté par rwandaises.com