Le temps est à l’escalade verbale entre le Gouvernement congolais et la MONUC. La polémique bat d’ailleurs son plein et si l’on ne fait pas preuve de hautes responsabilités politiques, de part et d’autre, un dérapage est vite arrivé. Raison pour laquelle une forte délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies est attendue ce samedi à Kinshasa. But de la visite : se convenir sur la nouvelle configuration de la MONUC et son mandat ; arrêter définitivement le calendrier de retrait des contingents des casques bleus ; et enfin prendre connaissance des dispositions sécuritaires arrêtées par le gouvernement pour prolonger la mission qu’accomplissait jusque-là la MONUC. Au regard de la tension qui prévaut entre Kinshasa et New York autour du départ de la MONUC, et compte tenu des éléments que l’on vient d’évoquer, il n y a pas de doute que cette rencontre de trois jours à Kinshasa soit cruciale. Décisive.

Kinshasa et New York sont en train de jouer leurs dernières cartes autour de la mission de paix de l’ONU au Congo, MONUC. L’heure de la séparation s’approche, mais au rythme des déchirements et d’escalade verbale. Les incidents de Mbandaka ont servi d’opportunité aux deux parties pour démontrer qu’elles ne parlent plus le même langage en ce qui concerne la fin du mandat de la MONUC.

Le gouvernement congolais, en toute souveraineté, estime qu’ il est de son droit, après avoir apprécié le travail remarquable abattu par la MONUC, de demander son retrait, surtout que c’est à l’ invitation de ce même gouvernement congolais qu’ une mission de paix au Congo a été instituée.

Sans donner l’impression de s’opposer manifestement à cette décision, l’ONU est convaincue également qu’au nom de la paix et de la sécurité internationales, elle doit quitter la RDC en toute responsabilité, pas de manière précipitée. Certainement pas comme ce fut le cas au Rwanda et en Bosnie Herzégovine, des images qui ont terni la réputation de l’ONU et décrédibilisé ses missions de paix à travers le monde. La mission de paix de l’ONU au Congo passe alors, aux yeux de certains observateurs, comme une bonne occasion de se réhabiliter aux yeux de la communauté internationale.

Devant cette divergence de vues aux allures d’une vraie polémique, le Conseil de sécurité vient de dépêcher à Kinshasa une délégation des ambassadeurs des pays membres permanents de cette instance onusienne. Elle est attendue ce samedi et aura des entretiens, certainement francs, avec les autorités congolaises pour dissiper tout malentendu. L’objectif officiel de cette mission est de se convenir sur la nouvelle configuration et le mandat de la MONUC, d’arrêter définitivement le programme de retrait de ses contingents et être mis au courant des dispositifs sécuritaires pris par le gouvernement congolais dans le but de bien assurer l’après-Monuc.

DES AGENDAS CACHES

Comme on peut le constater, il s’agit des points extrêmement importants qui imposeront des discussions sérieuses. Car la question fondamentale est celle de savoir si oui ou non la MONUC a accompli sa mission et que le Gouvernement congolais est prêt à assumer ses responsabilités ?

L’on se souviendra que l’évocation du départ de la MONUC ne date pas d’aujourd’hui. A un moment de cette coopération bilatérale, les bailleurs de fonds de cette mission étaient exaspérés par l’attitude de quelques responsables politiques congolais qui donnaient l’impression de ne pas assumer leurs responsabilités politiques. Ils se contentaient d’entretenir la spirale des « crises politiques », sous-tendues par des guerres à l’Est du pays, alors que les élections venaient d’être organisées et les institutions issues des élections mises en place. Les bailleurs de fonds avaient même menacé de ne plus contribuer financièrement au fonctionnement de la MONUC à la fin décembre 2009.

Que s’est-il passé entre-temps que l’ONU commence à tergiverser pour se retirer de la RDC et que, l’entre-temps, les mêmes bailleurs de fonds ne voient plus d’inconvénients d’une prorogation éventuelle du mandat de la MONUC ? Enigme.

Faut-il croire que cette attitude serait dictée par ce vent électoral qui souffle dans la région de l’Afrique des Grands Lacs avec des élections au Burundi, au Rwanda et en RDC ?

Existe-t-il des indices suffisants que le processus de démocratisation et la mise en oeuvre de grandes réformes accusent des retards et que le pire serait à craindre ? Autant d’interrogations pertinentes pour trouver la clé de l’énigme.

Ce qui est vrai, même au plan interne, les avis sont partagés quant au retrait « précipité de la MONUC ». Les uns s’en tiennent à la formule proposée par le Gouvernement congolais, sous la direction du président de la république, de voir l’ONU présenter un programme de retrait de ses contingents et reformuler son mandat. Le gouvernement congolais affirme qu’il n a jamais été question de « chasser » la MONUC, mais qu’il est temps d’envisager son retrait.

D’autres par contre s’opposent à ce départ tant que les conditions sécuritaires posent encore des problèmes. Il y a lieu d’envisager des arrangements, proposent-ils, pour que la MONUC soit encore présente en RDC.

Autant d’indices qui soulignent, si besoin en est encore, le caractère crucial de la rencontre de Kinshasa entre les autorités congolaises et la délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Kinshasa, 17/04/2010 (LP/MCN, via mediacongo.net)

 

 

http://www.mediacongo.net/show.asp?doc=15148

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