(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Les démunis sont devenus la poule aux œufs d’or de certains responsables d’association au Rwanda. Ceux-ci n’hésitent pas à inscrire des personnes fictives ou leurs proches sur les listes des bénéficiaires des aides… Les contrôles se multiplient.
Les aides destinées aux plus démunis sont ainsi trop souvent détournées par ceux qui dirigent les associations chargées de les distribuer agissant sans véritable contrôle. De nombreuses supercheries ont ainsi été découvertes. Ainsi, alors que certains inscrivaient ces enfants fictifs pour détourner leur argent, d’autres, à qui étaient destinées initialement ces aides, faute de moyens, ne pouvaient pas aller à l’école.
Selon, S. Jean de Dieu, qui fait des audits dans les coopératives et associations, c’est le manque de surveillance qui facilité ces détournements et ces vols dans les associations où les plus hauts placés et leurs proches sont intouchables. Il raconte ainsi le cas d’un gérant d’une coopérative saisi par la Justice : « Il utilisait l’argent comme il voulait, sans justifier les sorties de fonds. J’ai montré, partant des factures et d’autres justificatifs, le déficit de la coopérative et j’ai laissé la Justice faire son travail. »
Tricheries en tous genres
Dans les écoles secondaires, le Fonds d’assistance aux rescapés du génocide (FARG) procède lui à des contrôles rigoureux des élèves qu’il prend en charge depuis 2006. Ceci après avoir constaté que non seulement certains directeurs inscrivaient des élèves qui n’existaient pas sur les listes, mais aussi que ceux qui n’étaient pas concernés, en connivence avec les autorités de base, obtenaient des papiers de rescapés et touchaient de l’argent. « Aujourd’hui, il y a des comités d’élèves qui connaissent les enfants rescapés. En plus, il y a des contrôles physiques réguliers. Nous faisons attention parce que nous risquons l’emprisonnement si ces tricheries arrivent chez nous », affirme Murekezi, comptable dans une école secondaire au Sud.
Ces fraudes n’affectent pas seulement les écoles. L’agent d’une Ong, qui œuvre pour la promotion des artisans locaux, dévoile comment une présidente d’une coopérative de Muhanga trompait ses collègues. « Elle récupérait l’argent des produits fabriqués et en payait seulement la moitié à ses membres et mettait l’autre partie dans sa poche. Nous ne l’avons découvert que quand, curieuses, deux femmes de l’association sont venues s’informer sur le prix. » Après vérification, l’Ong s’est rendu compte que la femme avait volé plus de 500 000 Frw (870 $) à ses membres. En outre, elle présentait à différents bailleurs une coopérative de plus de 200 membres alors que moins de dix sont opérants, confie cet agent.
De même, en 2008, le ministère de l’Éducation à travers le SFAR (Student Financing Agency for Rwanda) a demandé à tous les étudiants qui veulent bénéficier d’une bourse d’études de montrer leur attestation de pauvreté émanant des autorités de base. Tous, même ceux qui ont des parents occupant de hautes places dans l’administration rwandaise, l’avaient obtenue sous prétexte « qu’ils sont des pauvres sans moyens de se prendre en charge à l’université ».
Pour être financées, les associations doivent maintenant inspirer confiance. C’est ainsi que l’USAID/Higa Ubeho a choisi cette année d’aider Caritas Catholique, l’Église presbytérienne du Rwanda (à Muhanga) et d’autres associations sérieuses parce qu’ »après contrôle, confie un de ses agents, nous avons remarqué qu’elles ne font pas de favoritisme, quand elles sélectionnent des enfants à aider.”
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Posté par rwandaises.com