50 ans d’indépendance des pays africains, l’évènement a fait l’objet de réflexion par Joël Timothée Godonou. Il rend publique ici son opinion sur l’évolution sociopolitique, économique et culturelle des pays ayant acquis leurs souverainetés entre le 1er janvier et le 31 décembre 1960. 50 ans d’indépendance des anciennes colonies d’Afrique, l’auteur de l’opinion parle d’un bilan négatif car le colon est encore présent dans ses « colonies ». Lire ci-après l’intégralité de la réflexion de M. Godonou.

Parmi tous les Continents, l’Afrique est celui qui a des terres si riches en minerais, en matières premières et fût la proie des colonisateurs ; parce que proche des empires européens, elle fût conquise par les Anglais, les Hollandais, les Allemands, les Italiens, les Espagnols, les Portugais, les Belges et les Français. Seulement l’Ethiopie est toujours un Etat souverain malgré la brève incursion italienne au XX e siècle par Mussolini, aucune région n’échappa à la conquête. Les occupations furent plus ou moins sévères, les Etats occidentaux exploiteurs pratiquèrent tous, à des degrés divers, la traite négrière, les Africains étant le plus souvent à peine mieux considérés que du Bétail. Les pays comme la France et la Grande Bretagne furent les principales puissances colonisatrices, mais avec des approches différentes de traitement des populations locales : par les Anglais avec condescendance et par les Français avec mépris, même après la Révolution Française, où les nouveaux républicains voulurent par la force, imposer leurs valeurs dites « universelles ».

Des hommes et des femmes arrachés à leur terre furent même exhibés dans des zoos humains, un peu partout, à travers l’Europe. A Bandung en 1955, l’indien Nehru, l’indonésien Sukarno et l’Egyptien Nasser sonnèrent le glas des Empires. Côté francophone (France et Belgique), la décolonisation fut le plus souvent violente, laissant des traces irrémédiables dans les nouveaux pays émergeants aux contours souvent très artificiels, imposés là encore, par les anciens conquérants. Ainsi donc, entre le 1er janvier et le 31 décembre 1960, 17 pays d’Afrique subsaharienne, dont 14 anciennes colonies françaises, acquièrent leur indépendance. La génération qui a connu les années de revendication et parfois de lutte armée ayant conduit à la chute des empires coloniaux, vieillit. Les Africains aujourd’hui âgés de moins de 50 ans n’ont jamais vécu sous le joug européen. Entre ce que nous racontent nos parents de l’époque coloniale et ce que nous vivons aujourd’hui, rien n’a vraiment changé. Le protectorat de la France est toujours là : notre économie n’est pas à nous.

La vraie indépendance interviendra lorsque nous aurons acquis une souveraineté économique et énergétique. Or ce n’est pas le cas. Notre monnaie le Franc FCA est encore arrimée à l’Euro (jusqu’à un passé récent au Franc Français) et avec la pauvreté qui sévit dans nos pays, il est difficile d’imaginer un avenir meilleur. Nous sommes quotidiennement confrontés aux vestiges du colonisateur. Nos institutions malheureusement ont encore le complexe du colonisé. Je trouve surtout qu’on ne peut parler d’Etat véritablement indépendant, tant que nos dirigeants cherchent à aller de l’avant en s’appuyant sur les anciennes puissances coloniales. L’indépendance d’un pays est une importante page de l’histoire d’une nation et devrait permettre l’avènement d’une autonomie nationale dans nos pays, mais hélas !

50 ans sont censés être l’âge de l’accomplissement et j’ai bien peur que, pour bon nombre de pays, la désillusion soit grande, car depuis 50 ans le développement de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne a stagné. La vraie indépendance pour nos pays interviendra, lorsque nous aurons acquis une autonomie économique et mis en place des politiques de développement prenant en compte les préoccupations des populations. La véritable indépendance reste donc à venir. Pour les pays africains, il n’y a vraiment pas lieu de jubiler parce que les 50 ans d’indépendance ont été du gâchis. Après les pères des indépendances, l’Afrique d’aujourd’hui incarne toutes les tares de l’humanité : faible niveau de vie, difficile accès à la nourriture, à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation, la misère sociale indicible, etc. Le vrai problème de l’Afrique est qu’elle reste dominée, dépendante et n’a pas de dirigeants visionnaires.

Toutes leurs politiques économiques, diplomatiques, militaires, sociales… leur sont dictées par leurs anciens maîtres. Le continent africain est celui qui dispose de toutes les matières premières (presque tous les éléments du tableau de Mendeleïev se trouvent dans nos sous-sols) pour son développement sur tous les plans mais chaque jour, le nombre de misérables et de pauvres y augmente. Hum, l’Afrique est vraiment et paradoxalement le continent malade de l’humanité. 50 ans après les indépendances nominales, on est encore là, néocolonisés, pataugeant dans la misère avec à la tête des pays des valets sans orgueil patriotique. Le cinquantenaire veut être organisé à grande pompe dans plusieurs pays d’Afrique, à nous la honte. Utilisons plutôt cet argent pour assurer un mieux être à nos populations et organiser à la place de la fête un deuil continental.

J’en appelle donc à la prise de conscience collective de la jeunesse africaine pour sauver notre continent afin de gérer au mieux nos pays les 50 prochaines années et ce faisant on laissera aux générations à venir une Afrique mieux dirigée et mieux gérée que ce que nous ont légué nos anciens.

Jeunesse africaine l’avenir de notre continent ne dépend plus de la plupart de ceux qui ont plus de 50 ans aujourd’hui (ils sont très peu que nous pouvons citer en bon exemple), mais plutôt de nous même et l’histoire retiendra que la véritable indépendance a commencé après 2010 et avec nous. 50 ans d’indépendance des anciennes colonies : échec et mat.

C’est ma réflexion.

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Posté par rwandaises.com