NAIROBI — Le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda partagent officiellement depuis ce jeudi un marché commun sans équivalent en Afrique, même s’il ne deviendra pleinement réalité que dans quelques années au mieux.

L’objectif est de créer, à l’instar de l’Union européenne, un marché unique de 126 millions d’habitants représentant un produit national brut combiné de 70 milliards de dollars (57 mds EUR) entre les cinq pays membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).

Il s’agit du plus important effort d’intégration économique jamais entrepris en Afrique, selon les initiateurs du projet.

Les autres communautés d’Etats africains (Communauté de développement d’Afrique australe-SADC, Marché commun d’Afrique du Sud et de l’Est-Comesa, Communauté économique des Etats de l?Afrique de l?ouest-Cédéao) sont encore en marche vers une Union douanière, une étape accomplie par l’EAC dès 2005.

« Aucune autre communauté économique régionale africaine n’a atteint cette étape cruciale » qui « illustre au plus haut degré la forte volonté politique et l’engagement ferme de tous les acteurs de l’EAC à approfondir et élargir l’intégration » , s’est félicité le secrétaire général de l’EAC, le Tanzanien Juma Mwapachu.

Mais instituer un libre marché de la main d’oeuvre, des marchandises, des services et des capitaux est autrement plus complexe que d’harmoniser les droits de douane.

« La mise en place du marché commun de l’EAC est un processus qui mettra un certain temps à faire ressentir ses effets dans la région », a prévenu jeudi le ministre kényan en charge de l’intégration régionale, Amason Kingi. Il faudra attendre selon lui 2015 pour arriver à un marché réellement unifié.

Il faudra en effet des années pour modifier toutes les législations et règlements des cinq pays concernés et les mettre en conformité avec les exigences du marché commun. Un premier rendez-vous pour faire le point des progrès accomplis est prévu au 31 août prochain.

En matière de main d’oeuvre, le Rwanda a pris les devants en supprimant l’obligation du permis de travail pour les ressortissants des pays membres du bloc.

« Cette décision rwandaise s’est traduite dans les faits par l’entrée en masse de personnes compétentes, surtout en provenance du Kenya. D’autres décisions tout aussi courageuses ont été prises par le Rwanda pour attirer les investisseurs étrangers. Et là encore, les Kényans ont été les premiers à répondre positivement » , commente un économiste rwandais travaillant à l’EAC.

Ce spécialiste pointe le danger que le marché unique se bâtisse au seul avantage du Kenya, de loin la première puissance économique de la région, si les autres pays ne relèvent pas rapidement leur niveau de compétitivité.

Le président kényan Mwai Kibaki a de son côté annoncé mercredi soir la suppression de la taxe sur le permis de travail d’un étranger, si la demande émane d’un ressortissant d’un pays de l’EAC.

Mais tout reste à faire ou presque au sein de l’EAC sur les questions sensibles de la propriété de la terre, du droit d’établissement professionnel dans un autre pays, ou de la circulation des capitaux.

Cela n’empêche pas les pays de l’EAC d’envisager déjà l’étape suivante, celle d’une union monétaire officiellement fixée en 2012, même si certains responsables reconnaissent en privé que la date de 2016 serait plus réaliste.

L’histoire a de quoi les inciter à la prudence: une première Communauté d’Afrique orientale, déjà considérée à l’époque comme un modèle africain d’intégration, s’était écroulée en 1977, victime des rivalités entre ses dirigeants, dix ans après sa conception.

 

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Posté par rwandaises.com