Une tribune de Ndaba Obadias, Directeur Régional de l’Alliance Mondiale des Jeunes d’Afrique

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Depuis longtemps s’est imposée l’idée que la population constitue un frein au développement des pays africains. Selon la thèse malthusienne, la croissance démographique dépassant celle des ressources, la population sera condamnée à une économie de subsistance. Le seul moyen de briser ce cercle vicieux et de sortir les pays africains de la pauvreté est de réduire la population. Qu’en est-il vraiment ? Ndaba Obadias, Directeur Régional de l’Alliance Mondiale des Jeunes d’Afrique, relance le débat sur la question en proposant des arguments n’allant pas dans le sens de la pensée dominante, remettant ainsi en cause la pertinence de la thèse de la surpopulation comme responsable du sous-développement en Afrique.

La politique de développement en Afrique suppose que « moins de population signifie davantage de développement ». Cette idée est née en Occident et a été répétée à plusieurs reprises par les dirigeants africains et les médias, à tel point que tout le monde semble l’accepter sans remettre en cause sa pertinence.

Récemment, l’Organisme de Coordination National pour la Population et le Développement (NCAPD) du Kenya a averti que « la population du Kenya s’accroît trop rapidement, et peut devenir intenable dans un futur proche ». Il s’agit d’une déclaration typique qui révèle la mentalité d’un grand nombre de personnes, en particulier les décideurs des pays en développement et de l’Afrique.

L’idée derrière cette déclaration est trop simpliste pour être valable : au moins il y a d’habitants dans un pays, au mieux le gouvernement peut prendre soin d’eux. Les êtres humains ont donc été réduits à ce que les gouvernements respectifs peuvent gérer, à une population « gérable ». En d’autres termes, les personnes sont perçues en termes de problèmes et de bouches à nourrir. Elles ne sont pas perçues comme des esprits capables de penser et d’innover pour un avenir meilleur.

Selon le rapport de l’ONU « La population mondiale en 2008 » il y a 170 habitants au kilomètre carré en Europe occidentale comparativement à 33 h/Km² en Afrique. Le Royaume-Uni par exemple, a 253 h/ Km² tandis que le Kenya a seulement 69 h/km².

Où est la surpopulation ? En Afrique ? Au Kenya ? Même si la population de l’Afrique augmente de cinq fois par rapport à ce qu’elle est actuellement, les pays d’Europe occidentale comme la France, l’Allemagne ou la Suisse seront toujours davantage « surpeuplés » que les pays africains. Malgré ces chiffres, le mythe continue d’associer la taille de la population au développement en Afrique et dans d’autres régions en développement.

Ce qui est prêché aujourd’hui en Afrique l’a été à Hong Kong dans les années 1950, quand elle était encore pauvre. Les prévisions indiquaient qu’une Hong Kong surpeuplée sans ressources naturelles avait un avenir sombre. Un journal a même proclamé que le pays était « mourant ». Son gouvernement a déploré que « le problème de la croissance rapide de la population est au cœur des problèmes que connaît le pays ».

Aucune relation entre la taille de la population et le développement

L’apocalypse prédite ne s’est jamais concrétisée. Au lieu de cela, Hong Kong a réalisé un miracle économique, et aujourd’hui, se targue d’une population de 7.026.400 d’habitants avec 6.460 habitants par km² (estimation de 2009). En outre, selon les estimations du FMI en 2009, le revenu par habitant y est de 42 748 $ US (soit le pays ayant le huitième revenu le plus élevé dans le monde, s’il est séparé de la Chine continentale). Pourtant, sa population a augmenté d’environ six fois par rapport à son niveau des années 1950, quand on disait qu’elle avait une population au-delà de sa capacité de prise en charge.

Il n’existe aucune relation entre la taille de la population et le développement. Quand les gens sont instruits et gagnent un revenu élevé, le développement authentique se produit. Cependant, aujourd’hui, on enseigne aux personnes analphabètes dans les villages à travers les pays en développement, par le biais des différents programmes financés par le gouvernement ou par des donateurs, que le contrôle des naissances est la voie vers le développement. On détourne malheureusement l’attention de là où il faudrait.

Lorsque les gens sont peuvent s’éduquer, bénéficient de sécurité, ont accès aux soins de santé de qualité permettant de réduire la mortalité infantile, et aux opportunités d’exercer leurs talents, ils feront des choix libres. Et comme l’histoire l’a montré ailleurs, leurs enfants pourront avoir accès à leurs besoins, leurs désirs, leurs espoirs et leurs rêves.

Cette mentalité de « gestion de la population » a détourné l’attention des questions plus urgentes comme l’éducation, les services de santé et le transfert de technologie qui pourraient relancer les économies des pays pauvres. Cela est facilement réalisé en associant croissance de la population avec d’autres problèmes , des pénuries alimentaires à la dégradation de l’environnement. Bien que la population mondiale ait plus que doublé depuis 1950, les disponibilités alimentaires ont plus que triplé au niveau mondial pendant la même période.

Dans les pays développés, la vie de chacun a été améliorée grâce à l’éducation et aux services de soins médicaux, et cela a été suivi par une tendance ou une préférence pour les familles de petite taille. En fait, le boom économique exige une importante main-d’œuvre pour décoller. Si les tendances actuelles se poursuivent, l’Afrique peut se retrouver avec une croissance démographique négative. Si cela se produit, l’Afrique aura le double problème d’une main d’œuvre réduite et du sous-développement.

Ndaba Obadias est le Directeur Régional de l’Alliance Mondiale des Jeunes d’Afrique. Son analyse est publiée en collaboration avec Un Monde Libre

Rwagasana Gerard
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Posté par rwandaises.com