Le Premier ministre belge Yves Leterme, qui venait de s’entretenir à New York avec le président rwandais Paul Kagame, a révélé à la presse que « six Etats de la région des Grands Lacs, dont la RDC, le Rwanda et l’Ouganda, discutent d’une réaction commune » au projet de rapport des Nations unies.

Les troupes rwandaises y sont accusées d’avoir commis de possibles crimes de génocide en RDC entre 1996 et 1998 à l’encontre des Hutu rwandais réfugiés dans l’Est de la RDC.

En occupant le barrage hydroélectrique d’Inga en août 1998, elles avaient privé, durant deux semaines, Kinshasa de courant électrique et causé la mort de plusieurs malades hospitalisés aux soins intensifs et de dizaines de nouveaux- nés dans leurs couveuses.

On comprend alors la principale motivation de la présence à Kinshasa (13-14 septembre 2010) de la ministre rwandaise des Affaires étrangères.

« Mme Louise Mushikiwabo (…) a fait savoir qu’elle examinera, avec les officiels de la RDC, le suivi de l’action de la commission bilatérale mixte chargée d’étudier les possibilités d’exploitation du gaz méthane du Lac Kivu et de la fibre optique le long de la frontière entre son pays et la RDC. L’établissement d’un pont aérien entre Kigali et Kinshasa figure également à l’agenda de ses différentes rencontres à Kinshasa », a rapporté Xinhuanet.

En réalité, elle « est arrivée dimanche à Kinshasa pour examiner avec son homologue de la République démocratique du Congo, notamment l’avant-projet du rapport de l’ONU impliquant plusieurs pays de la région des Grands Lacs dans les crimes perpétrés à l’Est de la RDC depuis 1993 », selon la source.

« Les faits mis à la charge du Rwanda et qui pourraient valoir la qualification de +génocide+ remontent à la période pendant laquelle, le pouvoir du président Mobutu faisait face à une rébellion conduite par Laurent-Désiré Kabila. Et dans le même temps, l’armée rwandaise, qui soutenait Laurent-Désiré Kabila, intervenait sur le territoire congolais pour combattre les rebelles Interahamwe composés de Hutu ayant fui le Rwanda après le génocide », a-t-elle rappelé.

D’où, la surprise des Congolais, relayée par les médias de Kinshasa. « On aurait pensé à tout sauf à une réaction commune des envahisseurs et de l’agressé », s’est étonné hier Le Potentiel. « Les Congolais se demandent aussi si le gouvernement congolais est d’accord pour que soient versés, au compte des pertes et profits, des morts et mutilés des affrontements à l’armement lourd, en pleine ville de Kisangani, entre armées rwandaise et ougandaise », a renchéri Le Phare.

Le sentiment général est que « le sang des Congolais a tellement coulé gratuitement entre 1996 et 2003 qu’il est difficile de croire à l’émergence d’un front commun entre Kinshasa, Kigali, Kampala et autres capitales des Etats des Grands Lacs, dans le dessein inavoué de vouloir effacer le tableau ».

Chemine-t-on vers un deal contre-nature ? Les Congolais seront édifiés le 1er octobre 2010, à la lecture de la «réaction » – solitaire ou « commune » – de leur gouvernement.

Par Le Potentiel

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