by Serama Gabriel
Le rapport voulu et « commandé » par Kofi Annan, avant sa retraite comme Secrétaire Général des Nations Unies, commence son sujet en 1993. Pourquoi une date de début, 1993, et pas une autre ?
Et pourquoi ne pas commencer ce rapport par la période qui va de 1990 à 1993, années durant lesquelles la puissante armée française combattait, aux côtés des FAR (Forces Armées Rwandaises), l’armée du FPR ? Le journaliste P. de Saint-Exupéry appelle cela « co-belligérance ».
Pourquoi ne pas « rapporter » cette période où les soldats Français établissaient des barrages et contrôlaient eux-mêmes les papiers des Banyarwanda, ne retenant comme « coupables » que les personnes qui avaient la mention « TUTSI » sur leur carte d’identité, les livrant à leurs tueurs, lesquels les exécutaient sur place?
Pourquoi ne pas mentionner ces massacres, toujours en présence de soldats et officiers français, des Bagogwe, des populations de Nyamata et des foules du stade de Kigali? Parce que tuer des Batutsi, contrôlés et retenus par des soldats français, pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des Batutsi, cela s’appelle le génocide. Or le génocide est un crime imprescriptible. Mais peut-on accuser un officier Français d’un crime de génocide, commis en Afrique? Non! Et pourquoi? Parce que la France est un pays de l’Otan, de l’Occident « démocrate », mais, et surtout, membre des cinq Grands « Intouchables ». Entendez les cinq pays qui ont le droit de veto, au Conseil de de Sécurité de l’ONU. C’est cela le choix de la date de 1993, début de l’enquête commandé par Kofi Annan. La « logique » onusienne est de commencer l’enquête à une date où la France n’apparaîtra pas. C’était déjà le cas lorsque l’ONU a créé le TPIR. La France avait exigé que les crimes de génocide commis avant 1994 ne relèvent pas de la compétence du Tribunal d’Arusha. La France ne voulait pas impliquer son personnel politique et militaire. Le choix délibéré d’une chronologie erronée dénature d’office la réalité. Le but poursuivi n’est pas d’établir la vérité, mais de jeter l’opprobre sur tel ou tel Africain. C’est maladroit, c’est faux, c’est léger. Vulgairement, cela s’appelle brasser de l’air. Un certain juge Bruguière avait tenté une opération similaire contre des officiels Rwandais et y a perdu son honneur. Pourquoi, Monsieur Annan, a-t-il choisi 1993, comme unique date de début de son enquête, alors qu’il avait la possibilité de tant de dates?
Pourquoi pas le 25 juillet 1959, le jour où l’administration coloniale belge a décapité l’Etat du Rwanda, en assassinant le Roi Mutara 3 Rudahigwa, et a ensuite crée le Parmehutu, le parti ethniste qui a organisé les génocides? Et pourquoi pas les dates mémorables des génocides d’ août 1961, de Noël 1963 et de 1973 au Rwanda ?
La réponse à tous ces pourquoi ? Ne pas inquiéter les vrais responsables, qui sont invulnérables, ad vitam aeternam. Dans tout ce qui se rédige à l’ONU, aucun texte, aucun mot, susceptible de « gêner » un des Cinq, ne peut « passer ».
Ainsi, quand Kofi Annan,- ayant gardé un mauvais souvenir de son humiliation, pardon! de sa visite, à Kigali-, « commande » son enquête sur un « possible » génocide commis au Congo, il a volontairement organisé un calendrier fantaisite; c’est une de ses faiblesses. Or, tout le monde sait que sans le génocide au Rwanda, sans les militaires français auprès de Habyarimana,il n’y aurait pas eu « les guerres » 1 et 2 du Congo. Sans la France, il n’y aurait jamais eu de génocide au Rwanda. En tout cas pas de cette ampleur. Un million de morts en 100 jours. Le régime de Habyarimana a eu besoin d’un « parrain » fort, pour engager une action militaire. Sans le « parrain », des accords politiques entre Rwandais ou une défaite militare des FAR étaient et restaient la seule alternative.
Voici ce que pense la journaliste Colette Braeckman, sur son blog, 1er octobre 2010, à propos du dit rapport:
« L’abominable tragédie qui s’est déroulée dès octobre 1996 dans l’Est du Congo a des racines au Rwanda, elle est la conséquence directe du génocide et de l’exode vers le Congo de plus d’un million et demi de réfugiés hutus. Ces derniers étaient encadrés par les autorités administratives et militaires du régime déchu et criminel, des cadres qui emmenaient en exil aussi bien les fonds de la Banque nationale qu’un armement considérable. Leur exode avait été rendu possible par l’Opération française Turquoise qui avait créé une zone de sécurité dans l’Ouest du pays. Dans ces camps installés sur la frontière, pris en charge par le Haut commissariat des réfugiés de l’ONU et gérés par de nombreuses ONG, le droit humanitaire fut bafoué dès la première heure : les militaires et les miliciens ne furent pas désarmés, les tueurs se mélangèrent aux civils sans être autrement inquiétés, les autorités de l’ancien régime maintinrent leur emprise sur leurs administrés, les dissuadant de regagner le Rwanda car elles voulaient se servir de cette masse pour négocier un éventuel retour au pouvoir. Dès le 7 avril 1995, à l’occasion du premier anniversaire du déclenchement du génocide, Paul Kagame, alors ministre de la Défense, avait déclaré dans une interview au Soir : « je ne vois pas comment (ces réfugiés) pourraient tenter un retour offensif et réussir : nous avons démontré notre supériorité militaire. Quant aux pays qui les aident, ils devraient savoir que, nous aussi, nous avons les moyens de leur créer de sérieux problèmes. »Et il ajoutait : « personne ne veut mettre de l’ordre dans cette situation qui a assez duré, il faudra bien que nous le fassions nous-mêmes… » L’avertissement était clair mais nul n’en tint compte. »
La journaliste du « Soir » distingue, à juste titre, les « causes » et les « conséquences de la « tragédie du Congo. Pourquoi les pseudo- enquêteurs se privent-ils de la simple logique, à la portée d’un simple collégien ? Vae victis (Malheur aux vaincus)-
Ce rapport Kofi Annan ne sent pas seulement la rancoeur et la haine, il sent l’incompétence et un manque de méthode. L’ONU est « la personne » qui ne se sent pas responsable du génocide des Batutsi, alors qu’il en était instruit longtemps à l’avance (voir Dallaire et autres). Certaines personnes, certains ONG, ne pardonnent pas aux leaders Rwandais d’avoir réalisé des exploits en tous les domaines. Ces mêmes ne lui pardonnent pas leur victoire militaire, leur légitimité politique et leur leadership en Afrique. Conclusion: ce rapport est digne d’une enquête à la Bruguière. L’avenir nous dira si l’honneur de l’ONU en ressortira indemne.
L’ONU devrait se payer une enquête sur l’ONU.
G Serama serama1548@yahoo.fr
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