(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Au cours de la 17e commémoration du génocide de 1994 au Rwanda du 7 au 13 avril, de nombreuses chansons de jeunes musiciens ont été diffusées. Pour la première fois, elles racontent ce qui s’est passé, rendent hommage aux victimes et conservent leur mémoire.

La semaine du deuil national, qui se tient chaque année du 7 au 13 avril au Rwanda, se termine. Cette année, les radios et télévisions ont longuement diffusé des chansons à la mémoire des disparus de jeunes stars rwandaises qui, selon Maurice Munyentwali, chef des programmes de Radio Isango star, une radio commerciale, se sont impliquées fortement dans leur conception. Depuis la tragédie de 1994, « seuls les rescapés parlaient du génocide dans leurs chansons, actuellement, les autres s’y intéressent aussi », constate un de ces musiciens, Dieudonné Munyanshoza. « Ces chansons nous aident à nous souvenir de nos proches emportés par le génocide », souligne Carine Uwimana, une rescapée de Kirehe, à l’Est.
Pour Jean de Dieu Mucyo, Secrétaire exécutif de la Commission nationale de lutte contre le génocide (CNLG), cet engagement des musiciens est le fruit de la commémoration annuelle dans les villages à laquelle tout le monde participe. Il encourage les institutions tant publiques que privées à aider ces chanteurs à produire de telles œuvres. « Dans leurs villages, les gens écoutent les témoignages des victimes et échangent sur leur passé en 1994, remarque-t-il. La musique est utilisée pour faire passer les messages ». Les Églises aussi se sont mobilisées. « Cette année, constate Kalisa, étudiant, des chorales ont produit des chansons sur cette tragédie. Cela a surpris les gens et leurs chansons étaient touchantes. »

Savoir et comprendre
Olive Mukamana, une rescapée, confie : « En écoutant ces chansons, nous parvenons à connaitre comment nos proches ont été tués, car, jusqu’à présent, certains d’entre nous l’ignorent ». Selon Éric Sendeli, un musicien, aider les rescapés à vivre le deuil de leurs proches disparus tragiquement est leur but. Grâce à ces chansons, Chantal Uwase, une adolescente de 14 ans, qui n’a pas vécu le génocide, comprend mieux ce qui s’est passé : « C’est douloureux, mais c’est notre Histoire ».
« On y trouve les noms des personnes tuées, le matériel utilisé et l’histoire de chaque localité », des informations utiles à la communauté, estime J.D Mucyo. « Au sud du Rwanda, lors de la collecte des informations pour mes chansons, j’ai appris que les tueurs ont utilisé l’acide pour exterminer les gens. Certains pasteurs incitaient les bourreaux à tuer, mais à se reposer le jour du sabbat », révèle le chanteur Dieudonné. Les habitants invitent les artistes dans les villages pour chanter et leur racontent ce qu’ils ont vécu. « Parfois on y passe plusieurs jours pour trouver réellement les informations, collecter les photos des victimes, leurs noms, comment elles ont été tuées… », raconte Éric.
Olivier Karangwa, habitant du Nord, trouve aussi dans cette musique des messages d’espoir pour les rescapés tels que « commémorons le génocide en travaillant pour notre développement », refrain d’une de ces chansons.

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Posté par rwandaises.com