Les orphelins du sida sont légion en Afrique subsaharienne, malgré quelques progrès observés dans la lutte contre la maladie. Pour s’occuper d’eux, les grand-mères reprennent du service.

Au Swaziland, il y a un an, le 6 mai 2010,  un sommet rassemblant 450 grand-mères d’Afrique sub-saharienne originaires de 12 pays parmi les plus touchés par l’épidémie de sida (Afrique du Sud, Botswana, Kenya, Malawi, Mozambique, Namibie, Rwanda, Tanzanie, Ouganda, Zambie et Zimbabwe) marquait grâce à une association fondée en 2003 par le Canadien Stephen Lewis, le début d’un grand mouvement de reconnaissance de ces vieilles dames africaines en charge des orphelins du sida.  Lewis un diplomate et ancien envoyé spécial des Nations unies pour le sida en Afrique, avait constaté alors qu’il était en poste au Malawi, que les grand-mères sans moyens ni aide des Etats,  faisaient des merveilles en endossant les unes après les autres le rôle de chefs de famille. Dans les pays concernés, nombreux sont les enfants orphelins du sida qui n’ont qu’une grand-mère pour refuge. Poussées par les circonstances, celles-ci accueillent ces enfants très souvent perturbés pour prendre en charge leur éducation.

Victimes indirectes du sida, les grand-mères tentent donc de créer une dynamique dans toute l’Afrique et même au-delà, avec l’espoir de recevoir de l’aide internationale: outre les frais de scolarité, les besoins  en logement, nourriture et soins pour elles-mêmes comme pour les enfants qu’elles élèvent et qui ne sont pas toujours leurs propres descendants, sont incommensurables.  Mais grâce à la fondation Stephen Lewis, des ONG locales ont compris le message et commencent à leur venir en aide.  C’est le cas de Swapol  qui a permis au Swaziland d’accueillir le sommet. En Ouganda, l’idée proposée par l’association St Francis d’offrir 100 dollars aux grands-mères afin de leur permettre de démarrer leur propre micro-entreprise, fait tâche d’huile.

Pour les organisateurs du sommet de 2010, ces grand-mères africaines, certaines sont âgées de 90 ans, sont des êtres indomptables et infatigables. Elles accueillent sous leur toit dix, douze et parfois quinze enfants et réussissent à maintenir un lien social. «Ces femmes extraordinairement courageuses, enterrent leurs propres enfants et s’occupent de leurs petits enfants orphelins en faisant appel à une incroyable réserve d’amour et de résilience», résume Stephen Lewis, qui a invité 42 grand-mères canadiennes à les rencontrer.

Depuis cette date, le mouvement a pris une ampleur internationale. Le Canada tout entier est mobilisé dans une campagne intitulée «de Grand-mère à Grand-mère» et  vient en aide à celles qu’il considère comme les «héroïnes méconnues de l’Afrique».  12 millions de dollars canadiens (8,700 millions d’euros) ont été à ce jour collectés et acheminés aux Africaines par l’intermédiaire d’associations locales de lutte contre le sida.

Les grand-mères africaines ont malheureusement  encore du pain sur la planche. L’Afrique subsaharienne est en effet de loin la région la plus touchée au monde par l’épidémie de sida qui continue à faire de nombreux orphelins. Selon les  statistiques publiées par Onusida en 2010, on y dénombrait 22,4 millions de séropositifs et 1,8 millions de nouveaux cas par an. En outre, 1,3 millions de personnes sont mortes du sida au cours de la seule année 2009.

L’Auteur

Anne Collet

http://blog.slateafrique.com/femmes-afrique/2011/06/03/sida-le-courage-des-grand-meres-africaines/

Posté par rwandaises.com