La violence au Burundi a franchi un nouveau palier : une attaque dans un bar de Gatumba a fait 36 morts et de nombreux blessés. Cette attaque, attribuée à des « bandits armés » pourrait être le fait des FNL (Forces nationales de libération) un mouvement rebelle dirigé par Agathon Rwasa. Ce dernier avait brièvement accepté de rejoindre le processus de paix puis était retourné dans la clandestinité en août 2010. Le FNL recrute essentiellement dans les montagnes au delà de la ville d’Uvira. Cette formation avait rompu avec la voie électorale au milieu de la campagne pour les élections présidentielles de 2010, arguant du fait que le CNDD (Conseil national pour la défense de la démocratie), le  parti du président sortant Pierre Nkurunziza s’était rendu coupable de fraudes durant la campagne, manipulant les listes électorales et intimidant les électeurs. Les autres formations en lice appartenant à l’opposition avaient elles aussi choisi de boycotter la campagne et de s’abstenir. Une décision vivement regrettée par tous les parrains du processus de paix et qui avait permis au président Nkurunziza d’être réélu avec une majorité absolue.

Depuis lors, le Burundi n’a pas connu de réel apaisement : le FNL est rentré dans la clandestinité et a renoué avec la lutte armée, d’autres formations comme le MSD  (Mouvement social démocrate) ont été poursuivies. Le président du MSD Alexis Sinduhije est actuellement réfugié à l’étranger et le numéro deux du parti, l’avocat François Nyamoya, un homme qui a toujours privilégié la voie légale et pacifique est détenu à la prison de Mpimba.  Dans cette prison de Bujumbura, les prisonniers politiques se multiplient, appartenant soit au MSD soit au FNL.

Selon l’AFP, la tuerie de Gatumba serait due à un règlement de comptes : un groupe armé appartenant au mouvement d’Agathon Rwasa a voulu se venger de l’exécution de membres du FNL. Le bar en effet appartient à un membre du parti présidentiel  et recevait dimanche soir une équipe de football dont les membres sont affiliés à la Ligue des jeunes du parti au pouvoir. L’attaque a été menée par des rebelles bien équipés et bien entraînés, qui sont entrés dans le bar avec des kalachnikovs et des grenades et ont massacrés systématiquement les consommateurs présents.

Gatumba, un poste frontière avant la ville congolaise d’Uvira est réputé pour ses restaurants et ses bars au bord de la rivière Ruzizi  mais est aussi connu pour le terrible massacre qui eut lieu en 2004 dans un camp de réfugiés tutsis congolais. 160 d’entre eux furent tués en pleine nuit, dans des circonstances demeurées mystérieuses : des combattants banyamulenge qui se trouvaient parmi les réfugiés civils furent soupçonnés d’avoir voulu préparer une attaque sur la ville congolaise de Bukavu mais l’opération de Gatumba  fut revendiquée par la suite par le FNL d’Agathon Rwasa.

A l’époque déjà, ce mouvement quoique opérant  à l’intérieur du Burundi, avait des bases de repli au Sud Kivu et entretenait des relations opérationnelles avec les Hutus rwandais des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) et avec des groupes de Mai Mai congolais.

Aujourd’hui encore, une escalade militaire menée par les FNL pourrait avoir des répercussions de l’autre côté de la frontière.

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