QUELS INTÉRÊTS CONVERGENTS   ENTRE LE RWANDA ET LA FRANCE ?

INTRODUCTION

Les Etats comme les hommes politiques n’ont pas d’amis mais des intérêts. Les  chefs d’Etats sont entourés de courtisans, mais aussi d’hommes forts dont ils peuvent se passer quand  leurs intérêts sont en jeu. L’opportunisme politique fait que les ennemis d’ hier peuvent devenir des amis d’aujourd’hui et vice-versa.

Il appartient par contre à la SOCIETE civile, a la diaspora et surtout aux intellectuels intègres et  humanistes de contribuer aux amitiés durables entre les peuples en s’appuyant sur  des analyses justes, les valeurs universelles et les BIENS COMMUNS ou  THE CREATIVE COMMONS.

LES ENJEUX

Les défis actuels du monde sont essentiellement de deux ordres : primo, la crise financière. Secundo, la Bombe à retardement de la Jeunesse qui exige tout et tout de suite. Cette jeunesse qui a les mêmes gouts et les mêmes réclamations  partout dans le monde, qui  vit au rythme de l’internet et de la techno. Leur chômage est devenu le cauchemar des Etats. Mais aussi des parents.

La France et le Rwanda, comme partout dans le monde, sont confrontés par ces mêmes  problèmes, et selon l’adage : » uhiriye munzu ntaho adapfunda umutwe » (on tape sur toutes les portes, lorsque sa maison brule), les ennemis d’ hier peuvent se rencontrer devant les problèmes qui les dépassent. Car l’union fait la force.

C’est l’une des raisons pour lesquelles  la France qui a soutenu un régime au Rwanda, dans les années quatre-vingt-dix jusque au boutisme du génocide, tend aujourd’hui la main aux ennemis d’ hier,  vingt ans après.

Mais aussi, en  observant   la Banqueroute de certains pays au sein de l’union européenne, la dette extérieure écrasante des Etats  unis, le Rwanda et les pays pauvres du tiers monde sont obligés de  jongler et de chercher des partenariats  ou des investissements variés , chez les citoyens du monde, parfois plus riches que les Etats. Mais pour accéder à ces citoyens, les relations entre Etats doivent être rétablies.

LE PARTENARIAT ET L’INVESTISSEMENT

Face à l’appauvrissement progressif du vieux continent et la montée des pays émergents,  la géostratégie et la géopolitique prennent les devant de la scène. L’Afrique qui regorge de matières premières est plus que jamais indispensable.

 Le choix se porte aux pays  les mieux organisés, comme le Rwanda,  ou l’on peut établir ses quartiers généraux grâce à la sécurité et à la stabilité, sans oublier la lutte contre la corruption ainsi que le code d’investissement le plus alléchant .

La France comme la plupart des pays du vieux continent peut trouver un second souffle, en établissant un commerce équitable et un partenariat durable. D’ où l’importance du MEDEF, le patronat français, pour rencontrer les hommes d’affaires rwandais.

La France et le Rwanda peuvent s’entendre sur le terrain des BIENS COMMUNS ou  the Creative COMMONS, malgré les contestations et les grincements des dents de ceux qui pourtant, ne peuvent pas résoudre les problèmes qui les dépassent. Même si c’est le baroud d’honneur pour certains.

Ces biens communs sont polycentriques, avec une nouvelle perspective de dimension sociale et une autre vision politique ou intelligence collaborative. Ces investissements à dimension sociale sont de nature à garantir la sécurité à long terme pour les deux pays.

LES ZONES FRANCHES ET LA SECURITE

Les industriels et investisseurs privés français recherchent des zones refuges et sécurisés. Le Rwanda avec ses zones franches, identifiées et programmées,  sa position au cœur de l’Afrique, au croisement de l’anglais et du français, Carrefour entre le nord et le sud, l’ouest et l’est,  le corridor obligé de l’eldorado africain serait-il devenu  incontournable? Alors, si réponse est affirmative,  pour le Rwanda, c’est le défi de l’intelligence et la stratégie de l’excellence qui sont payantes.

Toute proportion gardée, le Rwanda  comme la Chine, pays dirigés de main de fer, attirent plus que le Haïti ou le Burundi. Car  dans ces deux derniers pays comme dans la plupart  des pays africains, la liberté d’expression se confond avec libertinage et corruption. Que deviendrait la Chine, sinon éclatée, si on lui imposait une démocratie conflictuelle avec ses cent vingt ethnies? Quel secret de l’Inde ? La non-violence et ses valeurs traditionnelles pour tempérer cette démocratie conflictuelle, à la mode occidentale?  Mais au fond, c’est quoi la démocratie?

 La démocratie de façade dans plusieurs pays africains ou les partis se confondent avec les ethnies n’offre pas des garanties suffisantes. La démocratie conflictuelle a l’occidentale, dévoyée souvent  en Afrique  se résume aux conflits d’intérêt et de revanche, sans aucun projet de SOCIETE. L’Afrique  singe l’occident  sans en avoir la référence  historique ni les mêmes valeurs sous-jacentes.

DEMOCRATIE CONSENSUELLE ET DECENTRALISATION

Quelques pays, comme le Rwanda ou le Ghana, avec une démocratie participative et consensuelle a la mode de Porto Alegre tirent leur épingle du jeu. Au Rwanda, une touche spéciale de   gestion et maitrise des émotions, depuis l’enfance, (kwifata,kwiramira) fait  partie intégrante d’ une culture et des valeurs traditionnelles. Cela se traduit au quotidien par   la RESILIENCE,  l Assertivité et la détermination.

En luttant contre les frustrations des populations en termes de santé, d’alimentation  et d’éducation pou r tous,  le leadership de ces pays tente de trouver un autre chemin s’appuyant sur l’épanouissement individuelle et  la maitrise  des émotions.

Le Rwanda s’en sort aussi  à cause de la DECENTRALISATION et de la responsabilisation des secrétaires exécutifs au niveau  des Secteurs (entités administratives proches de la population,  au sein des Districts) dans les domaines socio-économiques et divers, s’inspirant des choix et des  priorités locales populaires.

LES RAISONS D’ETAT

Quant à la France, elle observe et analyse le rapport de forces dans les pays émergents. Elle s’exprime, parfois  via les  ambassadeurs de la France à l’étranger qui représentent le chef de l’Etat en personne. Chaque discours prononcé par un ambassadeur est en phase avec l’Élysée.

 Le récent discours de l’ambassadeur de France à Kigali, ou il s’interroge sur le rôle de certains militaires français, lors du génocide au Rwanda de mille neuf cent quatre-vingt-quatorze,  n incrimine en rien l’armée française.


Mais  peut-on interpréter  en langage diplomatique, ou lire entre deux lignes qu’il invitait  une poignée de quelques militaires (opération turquoise) à faire un profil bas, même si en  pays  démocratique, la liberté d’expression est un droit? Car, ce sont les intérêts du moment, bien comprises, qui dictent la règle. Tout en sachant que le chef de l’Etat français est chef des armées.

Quel que soit le ministre des affaires étrangères de la France, il exécute les ordres du chef de l’Etat. Il n’invente pas sa ligne. Même si le style diffère entre les locataires du Quai d’ Orsay.

Enfin, au moment où la France vient d’asseoir Ouattara en Côte d’ Ivoire avec l’amertume et l’impuissance de la plupart d’africains, est entrain de  contribuer fortement à déboulonner Gaddafi en Libye,  elle reçoit le chef d’Etat le plus rebelle à la France, le chef de l’état rwandais. Simple coïncidence ou réciprocité ? Est-il  devenu incontournable ? Est-ce  pour remettre les pendules à l’heure ?

Quels que soient ses détracteurs, le chef de l’Etat rwandais actuel, après avoir relevé son pays des cendres, exerce une influence réelle sur ses pairs africains, car il est devenu le  modèle de la DETERMINATION. La France en est consciente. Or, l’Afrique est l’une des portes de sortie de crise pour la plupart des pays occidentaux. Y investir c est assurer sa sécurité à long terme. Les stratèges le savent bien. Les experts en Economie et géopolitique du monde aussi.

LE DEVENIR  JEUNES ET LA FLEXIBILITE

L’autre cauchemar qui hante tous les Etats du monde, c’est : occuper la jeunesse.
Les paysans ou les ouvriers qui faisaient des révolutions jadis sont devenus aujourd hui faibles et appauvris. Ils sont aussi frappés de crises financières, mais en plus  ils sont mal compris par leur progéniture devenue incontrôlable en cas de chômage.

 

Pour la France, ce ne sont pas les   quelques manifestants contre l’invitation du chef de l’Etat rwandais au pays de Molière qui  vont résoudre la crise financière chez elle  et encore moins calmer la révolte des jeunes désœuvrés des banlieues français.

Par contre la rencontre entre entrepreneurs français  et rwandais, le patronat rwandais et le MEDEF pourrait trouver  des solutions en termes d’emploi pour les jeunesses des deux pays, sans oublier l’impact sur les  ensembles régionaux autour du Rwanda, l’East Africa Community et le CPGL.


Le Rwanda à démographie galopante, avec une jeunesse avide de s’instruire a élaboré un programme d’Education gratuite pour tous, d’ abord pour neuf et ensuite douze ans. Cependant, le pays doit offrir des emplois, inciter la jeunesse à inventer et à créer ses propres entreprises.

 L’heure est à la FLEXIBILITE  pour les universitaires au chômage qui doivent se recycler dans des METIERS porteurs. Pour ce faire, l’on peut privilégier l’apprentissage pratique et intensif le jour et les cours théoriques le soir.

La France en créant des Ecoles de Sport, langue, arts et METIERS, en implantant des parcs scientifiques et industriels dans des Districts du Rwanda aurait la chance de  rencontrer  des professeurs de français désœuvrés actuellement, des bibliothèques  et une population francophone, malgré la primauté de l’anglais. La Wallonie, le Canada, la Suisse romande peuvent suivre le sillage et rivaliser dans des districts, a l’instar des pactes de performance  » imihigo ».

L’ATOUT DES LANGUES ET DES METIERS

Le Rwanda et la France y gagnent mutuellement. Non seulement le Rwanda va offrir des débouchés a sa jeunesse, mais il va aussi garder son atout de pays tri et multilingue, une plus-value par rapport aux pays limitrophes.

Quant à la France, en implantant ses quartiers généraux dans un pays organisé et sécurisé, elle peut rayonner en Afrique Centrale et en Afrique de l’Est. C’est la meilleure façon de revaloriser le français avec une méthode anglo-saxonne.

Le cauchemar pour la France, c’est que le Rwanda, avec son influence grandissante, fasse basculer le Congo voisin en pays anglophone. La France ne lésinera pas sur les moyens pour l’en  empêcher. Le Rwanda aussi avec ses intérêts bien compris ( the creative COMMONS), en profitera pour développer ses districts.

La France a les moyens de transformer  des UNIVERSITES  des DISTRICTS rwandais en UNIVERSITE  de TRAVAIL  avec des partenariats ciblés. Elle peut aussi  contribuer à induire  la notion de FLEXIBILITE bien ancrée en occident, de façon que un licencié en sciences littéraires, économie, sociologie, etc… qui est  au chômage puisse se recycler dans des METIERS porteurs tout en gardant son bagage universitaire qui lui offre le plus-value.

LA SANTE ET L’ALIMENTATION POUR TOUS

L’autre volet de « the creative COMMONS  » ou Biens Communs concerne la Santé pour tous. La France en contribuant à l’essor d’une clinique de référence, spécialisée, ne fût-ce que dans un domaine, comme la Cancérologie, la cardiologie, la gynécologie, la pédiatrie, l’ophtalmologie, etc…renforcera des liens entre peuples rwandais et français.

 Un exemple parmi tant d’autres, est un possible   partenariat  entre Ville juif, centre de cancérologie de réputation internationale, et L’hôpital de Ruhengeri, traditionnellement accueillant les missions médicales  de la coopération française. Mais aussi d’autres domaines   s’y prêtent bien….Cela permettrait d’ offrir une  image de la France rayonnante par des actions concrètes qui parlent plus que les mots.

Enfin, l’alimentation pour tous est le dernier volet de » the creative COMMONS ». La France avec son expertise agricole pourrait former les  éleveurs et agriculteurs rwandais,  dans la production, l’amélioration  du rendement, la conservation, etc…, avec un retentissement positif    dans les pays limitrophes du Rwanda.

CONCLUSION

Tant d’autres domaines peuvent être abordés pour confirmer la notion  du  Realpolitik dans les relations internationales selon la géostratégie dans le monde, malgré les grincements des dents des uns et des autres.

C’est le  » gatebegatoki » ou le retournement des situations qui amorce  le mouvement et fait avancer les choses. Pour empêcher de tourner en rond.

 Mais C, est surtout la lutte contre l’IMPUNITE et le combat pour la JUSTICE qui permettent aux peuples de se réconcilier. La France  peut y contribuer largement si  VOLONTE politique.

Ces convergences d’intérêts ne sont pas du goût de certains français et  des opposants rwandais. Cependant, du point de vue de certains observateurs, le  handicap pour l’opposition rwandaise est  la non cohésion des partis politiques d’opposition,  avec des  intérêts divergents et contradictoires. Qui plus est , ces partis politiques sont  grevés par  des  luttes intestines et le caractère éphémère des  partis qui se créent et se défont instantanément. Leur seul commun dénominateur, selon certains analystes, n’est que  la haine envers le chef de l’Etat actuel.
Que deviendront-ils, après lui, car le chef de l’état en exercice  a renoncé au troisième mandat? Sans aucun  projet de SOCIETE commun d’alternance ne vont-ils pas se disloquer davantage ? Le  recours à la rue et à l étranger est-il un  signe d’impuissance ? Est il  un appel au secours pour une assistance étrangère?

Ils pourraient être plus crédibles, en apportant des solutions alternatives, au lieu de se focaliser sur une seule personne, renchérissent certains observateurs. Citons entre autres,  la recherche des spécialistes du marché du travail, les initiatives pour désenclaver le pays, les études pour augmenter les infrastructures, et surtout les voies et les moyens de résoudre la pression démocratique au Rwanda.

La France a-t-elle viré sa cuti pour soutenir les fourmis, socle du pouvoir actuel au Rwanda  et tourner le dos aux cigales de l’opposition ?.Est ce un rapport de forces inégales,qui fait flancher les stratèges de l Elysée ?  D’une part une organisation prussienne, avec  une force de frappe financière et de mobilisation des fourmis  et d’autre part les manifestations de rue où les  berceuses  des cigales sont  devenues des cris stridentes d’appel à l’aide par l’étranger ?
 Mais aide toi et le ciel t’aidera, dit le proverbe. Et le secret du Rwanda repose essentiellement sur la  résilience, cette capacité de rebondir, l’assertivité, ou la capacité de compter sur ses propres forces, l’entreprenariat d’une jeunesse débridée, tournée vers l’avenir. Et, enfin une diaspora dynamique, porte drapeau ou la marque déposée du pays des milles collines. C’est cela qui attire d’autres pays, y compris la France.

En fin de compte pour   le Rwanda, c’est  l’heure  du  défi de l’intelligence. Il lui appartient de miser sur la stratégie de l’excellence pour surmonter les deux obstacles, la crise financière et le chômage des jeunes, tout en faisant coexister l’anglais, le français, et d’autres langues des pays émergeants. Avec référence à ses valeurs traditionnelles et sa culture.