Depuis dix ans, l’association Humura accueille les survivants du génocide perpétré au Rwanda pour garder intacte la mémoire des victimes des atrocités commises en 1994.
À Ottawa, ils sont quelque 105 membres à se retrouver au sein des activités d’Humura. Le 10 décembre prochain, tous seront là pour célébrer les dix ans de l’association fondée le 30 juin 2001. Et ils espèrent que le public viendra nombreux pour partager cette fête.
« À l’époque, un petit groupe de survivants du génocide avait voulu se réunir pour commémorer, toutes les années en avril, l’anniversaire du génocide », raconte Alain Ntwali, président de l’association Humura, qui n’était pas encore arrivé au Canada dans ce temps-là.
Chaque année, pendant un mois, du 7 avril jusqu’au premier samedi du mois de mai, le petit groupe organise plusieurs activités. Des veillées, des conférences et des témoignages sont ouverts au public afin de lutter contre l’impunité et de sensibiliser la population canadienne et principalement la jeunesse, sur les horreurs du génocide.
« Nous voulons enseigner au public ce qui s’est passé. Beaucoup de gens ne savent pas ce qui est arrivé aux Tutsis, au Rwanda. Nous voulons donc le leur raconter pour éviter que de telles atrocités ne se reproduisent un jour, ailleurs dans le monde ».
À travers la dernière décennie, Humura a également permis d’apporter un peu de Rwanda à Ottawa en organisant la tournée d’une troupe de théâtre locale à travers les grandes villes de l’est du Canada.
Pour les veuves et les orphelins
Les activités du groupe servent à lever des fonds qui permettront ensuite de payer la scolarité de quelques orphelins et d’aider les veuves restées au Rwanda.
« Nous avons encore beaucoup de travail à faire et quand certains d’entre nous retournent au Rwanda, ils réalisent à quel point il reste des choses à accomplir, tant il y a de besoins. Malgré les efforts du gouvernement, l’État ne peut pas tout faire. Alors, nous essayons, depuis le Canada, d’apporter notre petite contribution en aidant les personnes les plus vulnérables ».
La solidarité reste forte au sein de l’association et avec celles et ceux qui vivent encore là-bas, même si certains immigrants ne veulent plus y retourner.
« Certains ont tout perdu et cela évoque trop de souvenirs. Ils préfèrent se reconstruire ici », explique M. Ntwali
Au sein de cette association bilingue, Tutsis et Hutus rebâtissent à leur façon une nation déchirée par le génocide.
« Nous avons compris qu’en regroupant nos forces, nous pouvons faire plus. Nous accueillons tout le monde et il n’y a pas d’ethnie au sein de l’association. La seule condition est de respecter les principes d’Humura, qui sont notamment de ne pas faire de négationnisme et d’avoir de la compassion avec l’histoire qui s’est passée là-bas. À l’origine, nous voulions apporter du soutien aux rescapés d’ici qui se retrouvaient souvent seuls. Nous sommes comme un grande famille ».
Et cette grande famille s’apprête à célébrer comme il se doit son 10e anniversaire, avec la volonté de faire encore plus dans les dix prochaines années.
Au programme : un concert du groupe rwandais Mighty Popo, des spectacles, un souper de cuisine rwandaise et une soirée dansante attendent les participants.
Les festivités se dérouleront le samedi 10 décembre, de 19h à 1h du matin, à la paroisse St-Joseph, 174, rue Wilbrod. Les billets sont en vente au coût de 25$ à l’avance et de 30$ à la porte, de 10$ pour les 11-17 ans et gratuit pour les enfants de 10 ans et moins. Des tarifs VIP sont proposés à 50$. Les fonds récoltés serviront à appuyer le travail d’Humura au Rwanda.
« Nous avons choisi le 10 décembre car c’est la Journée Mondiale des droits de l’homme. Pour nous, cela représente un espoir que les survivants du génocide et leurs enfants ne vivront plus les horreurs de la haine humaine, l’espoir que, jamais plus, l’être humain ne sera pourchassé à mort par son semblable pour le seul fait de ce qu’il est ».
Les billets sont en vente au Magasin Bon Marché, 290, chemin Montréal.
Pour plus de renseignements, contactez le 613-695-0302, le 613-840-4080 ou le 613-748-5265.
Par Benjamin Vachet
Posté par rwandanews