ARUSHA (Tanzanie) – Deux avocats français au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ont dénoncé mardi « le silence » de ce tribunal sur l’arrestation à Kigali de leur confrère américain, Peter Erlinder, accusé de nier le génocide des Tutsi de 1994.

Président de l’Association des avocats de la défense au TPIR, Me Erlinder, arrêté vendredi dernier, était arrivé au Rwanda pour participer à la défense de l’opposante rwandaise Victoire Ingabire, accusée elle-même de négationnisme.

« A ce jour, il semble que le TPIR n’ait pas exprimé la moindre protestation à l’encontre de cette arrestation, ni exigé la libération immédiate de cet avocat qui est pourtant inscrit sur sa liste et y représente un accusé », écrivent Mes Arthur Vercken et Anta Guissé qui défendent un ancien haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, Callixte Kalimanzira.

« Ce silence accentue l’inquiétude des avocats de la défense (…). L’équipe de défense de M. Kalimanzira estime ne plus pouvoir assurer sereinement et en toute sécurité sa mission devant le tribunal », poursuivent les deux défenseurs qui demandent le report sine die du procès de leur client en appel prévu le 14 juin.

« En effet, la loi rwandaise inclut dans la qualification d’idéologie génocidaire le fait de prêter son concours, y compris dans un cadre professionnel, aux personnes accusées de génocide. Dès lors, les conseils de M. Kalimanzira ne peuvent en aucun cas s’exposer au risque de subir le même sort que Me Erlinder et/ou au risque de faire l’objet de poursuites ou de mandats d’arrêt de la part du gouvernement rwandais », indique cette requête.

« Tant que le TPIR n’aura pas réaffirmé avec force la liberté de parole dans le cadre de la mission des avocats et n’aura pas accompli les diligences nécessaires en ce sens, tant que les poursuites contre Me Erlinder à raison de l’exercice de sa fonction n’auront pas été abandonnées et celui-ci libéré, la défense de M. Kalimanzira ne pourra pas assumer sa mission », ajoute le texte.

Dans un communiqué diffusé le même jour, le Conseil national des barreaux (CNB), qui représente les 50.000 avocats français, demande « la libération immédiate » de Me Erlinder.

Il « demande aux autorités rwandaises de prendre les mesures nécessaires pour garantir la liberté, la sécurité et le libre exercice professionnel de Peter Erlinder ».

Le CNB critique « l’action des autorités rwandaises consistant à empêcher un avocat d’exercer son métier, ou leur inaction conduisant à ne pas le protéger », « contraire aux règles internationales relatives à l’exercice de la profession d’avocat ».

 

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Posté par rwandaises.com