Uranium, soleil, pétrole ou cacao sont autant de richesses africaines dont le continent noir profite peu. Le dessinateur burkinabè Damien Glez décrypte ce paradoxe avec un dessin et un texte inédits.
Alors que les puissances européennes envisagent de sortir du nucléaire, nombre de pays africains confirment qu’ils n’y entreront peut-être jamais. Le 31 mars dernier, sous le coup de l’émotion de la catastrophe de Fukushima, le président sénégalais Abdoulaye Wade renonçait officiellement devant le conseil des ministres à construire une centrale nucléaire déjà commandée à la Russie. Le Sénégal est pourtant perclus de coupures d’électricité.
Le lendemain, l’Association manufacturière du Nigeria appelait le gouvernement fédéral à remiser ses plans de centrales nucléaires. Le vice-président de l’association, Gbadebo Giwa, invitait les dirigeants à se concentrer sur l’utilisation du gaz pour générer de l’électricité.
Exception qui confirme la règle, le président sud-africain Jacob Zuma fait lui bande à part en se dirigeant vers la construction de six réacteurs. Mais, comme s’il lui répondait, son homologue sénégalais propose à l’Union africaine d’adopter une résolution visant à faire de l’Afrique une zone exempte de centrales nucléaires…
Grâce à la Namibie, le Niger, l’Afrique du Sud ou l’Algérie, l’Afrique possède de conséquentes réserves d’uranium.
Pourtant…
Pourtant l’Afrique ne consomme que peu d’énergie nucléaire. Sur une bonne cinquantaine de pays africains, seuls six pays possèdent des réacteurs.
Il en est souvent ainsi…
L’Afrique est écrasée de soleil.
Pourtant…
Pourtant la consommation africaine d’énergie solaire est marginale. Le consortium Desertec, composé de douze sociétés basées en Europe, au Proche-Orient et en Afrique du Nord, prévoit la construction d’un réseau de centrales solaires alimentées par des capteurs installés dans le Sahara. Couvrir un vingtième de la surface de ce désert de plaques solaires suffirait à approvisionner la planète en électricité, soit une consommation mondiale d’environ 18.000 TWh/an. Mais c’est vers l’Europe que des câbles sous-marins exporteront l’électricité produite par Desertec.
L’Afrique ne manque pas de pétrole.
Pourtant…
Pourtant, l’Afrique qui raffine peu connaît régulièrement des pénuries de carburant, comme en Guinée, à Maurice ou au Comores. En 2007, le Nigeria, sixième producteur mondial de brut, débutait l’année sur une pénurie d’essence qui provoquait une augmentation du prix des denrées alimentaires.
L’Afrique abrite le premier producteur mondial de cacao.
Pourtant…
Pourtant, la consommation de chocolat se situe, en Afrique, autour de 0,13 kilos par personne contre 12 kilos par citoyen suisse. Pas d’œuf de Pâques pour le fiston du producteur de cacao ivoirien.
Difficile de se consoler en constatant qu’à l’inverse, il y a des produits que l’Afrique ne fabrique pas mais qu’elle consomme abondamment. Les armes à feu, par exemple…
Damien Glez
www.slateafrique.com/1599/afrique-pauvre-de-ses-richesses
Posté par rwandaises.com