Dix jours après l’agression du Président du Sénat congolais, la police française a interpellé, hier mardi, six Congolais soupçonnés d’avoir participé à l’agression de Léon Kengo wa Dondo, le 31 décembre dernier, à la Gare du Nord à Paris. * Ces présumés agresseurs, présumés en même temps proches de l’opposition congolaise, projetteraient plusieurs autres actions violentes contre le pouvoir de Kinshasa. * Mais, il revient à la justice française de faire toute la lumière sur cette affaire visiblement orchestrée de loin et qui vient mettre le feu aux poudres : leurs motivations exactes, leur appartenance politique réelle ainsi que les vrais tireurs de ficelles.

Après l’agression de Kengo wa Dondo, le 31 décembre 2011, à la Gare du nord à Paris, la chasse à la sorcière a réellement commencé. Pour preuve, la Police française vient de mettre la main sur six présumés agresseurs du Président du sénat congolais. Sans nul doute, après que le gouvernement de la Rdc, par la bouche de Lambert Mende, ait demandé à la France de s’y investir à fond pour que toute la vérité éclate.

Tous de nationalité congolaise, les six présumés agresseurs, actuellement en détention, ont été arrêtés hier mardi, dans la matinée, à Paris et en région parisienne. D’après les télévisions françaises, ces individus proches de l’opposition congolaise, projetteraient des enlèvements des personnes, des actes de sabotage et plusieurs autres actions violentes d’envergure contre le pouvoir en place à Kinshasa.

Une interpellation tardive

Il sied de noter que cette action de la police française intervient dix jours après l’agression de l’honorable Kengo. Certes, rien ne serait fait n’eût été les exigences de Kinshasa et suite à des critiques que Paris a encaissées dont l’indifférence a failli empoisonner les bonnes et solides relations diplomatiques entre la RD Congo et la France. Il reste curieux de rappeler que lorsque le président du Sénat était agressé dans un endroit bien connu et sécurisé par la Police, il était anormal que celle-ci n’ait procédé à aucune arrestation au jour et à l’heure de ce forfait odieux et cruel. Ce qui, du reste, ne devrait qu’indigner le gouvernement congolais, surtout si l’on sait que Kengo wa Dondo est une notabilité de prestige au pays. Car, en sa qualité de président du Sénat congolais, Léon Kengo wa Dondo est la deuxième personnalité du pays, juste après le Président de la République, Chef de l’Etat. A ce sujet, la Constitution prévoit que ce soit lui, le président du Sénat, qui prenne la direction du pays en cas d’empêchement du Président de la République. Voilà pourquoi, juste après cet incident pitoyable, Joseph Kabila Kabange avait dépêché, à Paris, le ministre de la Coopération internationale et régionale ainsi que son ambassadeur itinérant pour réconforter la victime.

Un coup monté par Kinshasa ?

Des langues proches de l’opposition racontent que Léon Kengo est de mèche avec le pouvoir de Kinshasa. « Kengo est un opposant de la 25ème heure », avait-t-on lancé à la veille des élections dont les résultats l’ont classé 4ème d’entre les 11, avec un peu plus de 4% des suffrages exprimés. Et comme, se levant contre la division couvant au sein de ladite opposition hachée et prédisant la victoire de Joseph Kabila au regard de ses mille adversaires à couteaux tirés, le président du Sénat a été qualifié de tous les noms d’oiseaux. D’autre part, ceux qui voient Kengo wa Dondo dans le sillage de Joseph Kabila entrevoient même sa prochaine ascension au sommet du gouvernement à venir dans les tout prochains jours, avec Andeka Djamba, Adam Bombole, Oscar Kashala,…

Contrairement aux normes, les mêmes détracteurs de tous les temps croient en un parti-pris de la Belgique et son ingérence dans ce dossier. Ce qui justifierait même les félicitations du gouvernement belge à Joseph Kabila, vingt jours après sa prestation de serment devant la Cour suprême de justice le 20 décembre dernier. Et comme des préjugés sont les bienvenus pour noyer son chien accusé de rage, ceux qui approuvent cette tendance voient une malice qui frise la complicité de celui pour qui tous les moyens sont bons pour se lancer sur le schéma traditionnel de la 3ème voie. Un peu comme si l’histoire des années ’90 venait ici se répéter.

Mais toutes ces allégations, associées à la politique du sapeur pompier ne trouvent guère leur justification dans la mesure où la zone ayant servi de bastion des agresseurs de Kengo est réputée favorable aux combattants. Comment est-ce possible que Kinshasa aligne des gangsters sur un territoire étranger et souverain, sans que les combattants attitrés ne s’en rendent compte et ne crient à fendre l’âme après la sorcière ? De même, comment peut-on justifier que Paris n’ait pas pris de pleines mains toutes ses responsabilités à temps quant à ce, si jamais des dénonciations lui étaient parvenues ?

Malfaisance et délinquance

Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga a réagi dernièrement suite à l’agression dont a été victime le speaker de la Chambre haute du Parlement congolais. « Nous avons considéré l’agression du président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo dans toute la gravité de la question. Ce n’est pas la première agression contre une autorité congolaise. C’est devenu une habitude depuis plus ou moins 3 ans. Des malfrats s’organisent en Belgique, en France, au Pays-Bas, en Grande Bretagne, voire en Afrique du Sud pour justifier leur séjour dans lesdits pays, en démontrant qu’ils ne sont pas en odeur de sainteté avec les autorités congolaises », a-t-il déclaré samedi à l’Avenir.

Une réponse qui coupe court à toute tergiversation. Il existe des problèmes idéologiques réels au sein de nos compatriotes dits de la diaspora. Ce n’est pas un problème politique, comme le soutient une certaine presse. C’est de la malfaisance et de la délinquance de ceux qui commettent ces actes odieux sans scrupule.

En outre, ce n’est pas le fait de tous les Congolais. En Belgique, pour le cas d’espèce, la Rdc compte plus de 40. 000 personnes. « Nous avons identifié à peine 200 comme auteurs de divers cas de banditisme », a soutenu la bouche revendiquée du gouvernement congolais, précisant que Kinshasa avait demandé aux autorités de ces pays de s’occuper avec efficacité de tous les cas de délinquance.

Autre péché de Kengo

Victime de l’intolérance politique, le président du Sénat congolais aurait commis un autre crime de lèse-majesté. Il s’agit d’un péché que ses agresseurs, qualifiés à tort ou à raison comme des combattants, ne pouvaient tolérer.

En clair, les bourreaux de Kengo lui reprochaient, officiellement, d’avoir appelé à l’annulation des élections, avant d’assister lui-même à la prestation de serment de Joseph Kabila le 20 décembre dernier, à la Cité de l’Union africaine, à Kinshasa.

Officieusement, les combattants critiquaient Kengo pour n’avoir pas retiré sa candidature, au profit du lider maximo Etienne Tshisekedi. Outre ce, parmi les reproches adressés à Kengo, il y a aussi la fameuse « 3ème voie ». Car, selon certaines sources, il y aurait des tractations pour mettre en place une troisième voie (comme au début des années 90), en complicité avec certaines puissances étrangères, pour éliminer aussi bien Kabila et Tshisekedi. Ou la Primature, ou la présidence de la République ; sinon les deux à la fois.

Si l’on pouvait soupçonner une main noire de la MP dans cette affaire, c’est suite aux déclarations de Léon Kengo, qui dernièrement avait reconnu que la prestation de serment de Joseph Kabila, à laquelle il avait du reste pris part, l’ait été devant une Cour incompétente. D’après lui, étant donné que les deux chambres du Parlement avaient adopté, plusieurs mois plutôt, la loi instituant la Cour constitutionnelle, que le Président avait laissé au frigidaire, du moins jusqu’à ce jour, il y avait déjà anguille sous roche.

Pourtant, la loi électorale avait levé cette option en reconnaissant la Cour suprême de justice compétente, aussi longtemps que la Cour constitutionnelle ne sera pas instituée. C’est là que la MP aurait été lésée. Le président du Sénat, conforté par sa position de remplaçant du président en exercice en cas d’empêchement, se proposerait, de mettre en place un gouvernement d’union nationale devant préparer les nouvelles élections, étant donné que celles du 28 novembre étaient un véritable scandale, selon ses dires.

Une convalescence en sécurité

Après une semaine passée à l’hôpital suite à son agression, il sied de calmer les esprits : le président du Sénat congolais est en bonne santé. Il passe une période de convalescence en toute sécurité avec sa famille à Paris, en France.

Kengo wa Dondo qui avait pardonné à ses agresseurs, estimant qu’ils ont agi dans l’aveuglement de la passion. Mais pardonner ne met personne à l’abri des poursuites judiciaires. Ce qui importe, pour le moment, c’est que le président Kengo se porte bien. Il a quitté l’hôpital et après quelques jours passés en France, il est donc attendu au pays afin de reprendre ses activités professionnelles, après ses vacances qui ont failli lui coûter la vie.

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Posté par rwandanews