À la faveur d’une mission de travail, j’arrive au Rwanda le 11septembre 2009. Depuis l’aéroport de Kigali, la sécurité est impressionnante. C’est l’agent de l’Office Rwandais des Recettes, assisté du service d’immigration qui décide avec calme et souveraineté de la durée de mon séjour pour une poignée de 60 dollars US au compte du visa. Et pour rallier mon hôtel, c’est un scandale, en bon camerounais, que de constater la discipline des usagers de la route. Le port de la ceinture de sécurité est obligatoire et il n y a pas de surcharges sur les motos. D’ailleurs, le conducteur comme son passager sont astreints au port du casque sur lequel figurent les numéros de téléphone du conducteur et son immatriculation. Ici, les plaques sont uniformes et figurent sur tous les engins roulants. Rhoméo Mbadzana AwonoC’est une ville calme, même le soir où à chaque coin de rue et carrefour se trouve postée une unité de police. Notre habituelle sociologie de discothèques trop bruyantes dans la concurrence échelonnée d’un concours du plus grand volume de décibels n’existe pas à Kigali. Kigali est une ville exceptionnelle. La capitale est en plein chantier : des édifices sortent de terre partout, les grues pullulent dans la ville… Difficile de croire que le pays n’a que le café et le thé comme produits d’export. Kigali est belle fille et tout le monde peut profiter de ses faveurs. L’une de celles qu’elle offre gratuitement est triste, funeste et funèbre : c’est le mémorial du génocide de 1994. Un luxueux édifice à un niveau, superbement construit et habillé. Sombres à l’intérieur, des couloirs conduisent l’histoire des génocides des Tutsis et des Juifs. Des vidéos murales tristes et des images de la cruauté humaine à vous faire vomir et renier l’appartenance à la race des HOMMES. À l’étage supérieur, les photos des bébés et des enfants sont exposés avec pour notes de bas de page la description de leur passage de vie à trépas : éventrement, yeux crevés, balles de fusil dans la tête ou la bouche, tendon d’Achille sectionné…Pour certains, on demandait à leurs parents un peu d’argent pour épargner à ces innocents la douleur d’une mort à l’arme blanche en les…fusillant plutôt. Ce tableau s’assombrit davantage avec les spécimens des armes du génocide. Tout y a servi : gourdins, lances, machettes, couteaux, faucilles, bêches, houes, pioches, serpes, haches…Et en guise de bonus, une chaîne cadenassée ayant servi à lier un couple pour l’enterrer ensuite vivant ! Dehors, c’est un ensemble de 18 fosses contenant les restes du génocide. Au total 258.000 humains dont quatre cercueils garnis de ces restes sont exposés. Dans le vol Rwanda Air Express qui me conduisait à Arusha, je me suis dit que depuis le 06 Avril 1994 jusqu’à la fin du génocide, Dieu dormait. Des années plus tard, il s’est réveillé la paix entre les bras. Vous avez dit PAIX ? Allez donc le raconter à ceux qui se moquent de la nôtre au Cameroun ! Rhoméo Mbadzama Awono Ancien stagiaire au Bureau du Procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (Tpir) rmbadzama@yahoo.fr
http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-6567.html
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