Récusée comme ambassadrice de France au Rwanda, la diplomate Hélène Le Gal revient au premier plan par la grande porte : celle de l’Élysée, version Hollande.

« Mwarakoze » (« merci », en kinyarwanda) : ce petit mot, Hélène Le Gal, 45 ans, devrait l’apprendre par coeur. Car, si les autorités de Kigali n’avaient pas refusé, fin 2011, son agrément d’ambassadrice pour des motifs qui n’avaient rien à voir avec son propre parcours et tout avec sa nomination par un certain Alain Juppé, Mme la consule générale de France à Québec, au Canada, ne serait sans doute pas devenue Madame Afrique de l’Élysée, version François Hollande.

Madame Afrique ? L’intitulé sonne « old school », un peu Françafrique, et on le réfute déjà dans les coulisses du Palais : Hélène Le Gal officiera en tant que conseillère auprès du conseiller diplomatique du chef de l’État, Paul Jean-Ortiz. Pas question de faire revivre une « cellule Afrique » autonome et qui de toute manière avait déjà disparu en tant que telle sous Nicolas Sarkozy. Reste qu’Hélène Le Gal a son bureau au 2, rue de l’Élysée – adresse « africaine » s’il en est, même si elle abrite d’autres services diplomatiques – et qu’elle n’y emménage pas seule, Thomas Melonio, autre Monsieur Afrique (du Parti socialiste), l’ayant rejointe en tant que conseiller technique.

Première femme à occuper ce poste sensible, Hélène Le Gal a au cours de ses vingt-trois ans de carrière au Quai d’Orsay abordé l’Afrique sous trois aspects. Le terrain : elle fut en poste à Ouagadougou à la fin des années 1990. Les dossiers : au sein de l’administration centrale en tant que sous-directrice Afrique centrale et orientale de 2005 à 2009. La coopération : comme conseillère du ministre socialiste délégué Charles Josselin dans le gouvernement de Lionel Jospin. De gauche, donc, et considérée par l’un de ses collègues comme « compétente », « sérieuse », « intéressée par les droits de l’homme » et « assez engagée ». Ses futurs interlocuteurs africains sont donc prévenus.

Thomas Melonio pour adjoint

Au sein de la mini-cellule qu’elle va former avec son adjoint, Hélène Le Gal devrait avoir pour domaines de prédilection les dossiers politiques et de défense, dont elle est une bonne spécialiste, Thomas Melonio suivant plus particulièrement le secteur économique. À 32 ans, cet économiste formé à HEC, chargé d’études au sein de l’Agence française de développement, est depuis 2006 le responsable Afrique du Parti socialiste, où il a pris la succession de Guy Labertit. Coordonnateur du pôle développement dans l’équipe de campagne de François Hollande (il a à ce titre géré l’agenda « africain » du candidat : rencontre avec le président nigérien Issoufou et coups de téléphone), Melonio connaît bien le monde composite des opposants d’Afrique francophone (l’un des derniers à l’avoir rencontré est le Tchadien Saleh Kebzabo, venu présenter la candidature de son parti à l’Internationale socialiste). C’est lui aussi qui représentait le futur président à la cérémonie de commémoration du génocide rwandais, début avril, à Paris. Les dirigeants de Kigali ne devraient donc avoir aucun mal à admettre la nomination de celle qu’ils ont recalée…

Au sein de son ancienne maison, le Quai d’Orsay, dont le nouveau titulaire, Laurent Fabius, entend bien prendre la main sur les dossiers africains – arbitrages douloureux en perspective -, Hélène Le Gal aura pour principaux interlocuteurs deux de ses ex-collègues : Élisabeth Barbier, directrice Afrique du ministère, et Sophie Moal-Makamé, conseillère Afrique du ministre. Pour le continent aussi, la parité est à l’ordre du jour…

22/05/2012  Par François Soudan

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