Alors que l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est toujours en proie à de violents combats entre rebelles et forces gouvernementales, le mandat de la Monusco arrive à son terme le 30 juin 2012. Dans une lettre ouverte au Conseil de sécurité, la présidente d’International Crisis Group (ICG), Louise Arbour, dénonce les échecs de la mission des casques bleus en RDC et demande de « réorienter les efforts de la Monusco » sur le terrain.

La région des Kivus, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est à nouveau le théâtre de violents affrontements depuis la défection, début avril, de centaines de soldats qui ont rejoint le général mutin en fuite Bosco Ntaganda, recherché depuis 2006 par la Cour pénale internationale (CPI). Selon Louise Arbour, la présidente d’International Crisis Group (ICG), l’histoire à tendance « à se répéter » dans cette zone. En 2008, déjà, un autre général rebelle, Laurent Nkunda (dont Ntaganda était l’adjoint) défiait par les armes Kinshasa, au Nord-Kivu. En 2012, les combats entre les mutins de Ntaganda et du M23, un mouvement rebelle associé, ont provoqué la fuite de plus de 200.00 Congolais au cours des deux derniers mois. Le plus étonnant, c’est que ce drame se déroule devant la plus importante mission de casques bleus dans le monde, la Monusco, qui semble assister impuissante à la lente descente aux enfers des populations civiles.

Dans une lettre ouverte au Conseil de sécurité des Nations-Unies, Louise Arbour tire la sonnette d’alarme : « la Monusco a perdu sa crédibilité et a un besoin urgent de réorienter ses efforts« . « Sans approche nouvelle, la Monuco risque de devenir une coquille vide… à 1,5 milliard de dollars » explique la présidente d’ICG. Si Louise Arbour reconnait des progrès, notamment, dans la lutte contre la milice d’origine rwandaise des FDLR, la stratégie de la Monusco n’est pas la bonne. Selon elle, la Monusco a surestimé « le rapprochement entre la RDC et le Rwanda de 2009 pour contenir le conflit dans les Kivus« . La mutinerie en cours est la preuve pour Louise Arbour, que « peu de progrès ont été accompli dans la stabilisation » de la région.

La présidente d’International Crisis Group (ICG) dénonce également « le soutien technique et logistique » de la Monusco dans l’organisation des « élections truquées en 2011 et l’incapacité à promouvoir avec succès le dialogue entre les parties« . ICG demande des améliorations importante à la Commission électorale congolaise (CENI) et notamment la transparence dans la logistique du processus électoral.

Côté sécuritaire, Louise Arbour pointe « le manque de clarté quant à la stratégie militaire globale » de la mission de la Monusco. La réforme du secteur de la sécurité (RSS) est « vitale pour la stabilité de la RDC » et « sans engagement clair du président Kabila et de son gouvernement« , cette réforme continuera à rester au point mort, estime Louise Arbour. Afin, la présidente d’ICG, demande « l’arrestation de Bosco Ntaganda et son transfert à la Cour pénale internationale (CPI) » et souhaite que le gouvernement remette en chantier « la décentralisation et la lutte contre la corruption« .

Louise Arbour compte donc sur le prochain renouvellement du mandat de la mission des Nations unies, qui arrive à son terme le 30 juin 2012, pour forcer le Conseil de sécurité à repenser complètement sa stratégie en RDC. Nous l’avons vu récemment avec les dernières élections contestées de novembre ou le conflit à l’Est, la Monusco n’a jamais été mesure de peser sur le cours des événements au Congo, simplement cantonnée à un simple rôle d’observateur. Rappelons que 20.000 casques bleus sont stationnés en RDC.

Christophe RIGAUDLouise Arbour

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Posté par rwandaises.com