Par Ange Michel Murangwa, Atlanta Rwizanet.-
La guerre entre le Congo et le Rwanda vient d’etre evité de justesse, et le moins que l’on puisse dire est que le climat s’y prêtait dangereusement  depuis quelques jours, le décor  planté et les acteurs fin prêts.
Kabila n’aura  pourtant rien ménagé pour attirer le Rwanda dans une guerre ouverte avec le Congo. La semaine passée, les Forces Armées Congolaises avaient massé près de vingt mille hommes  sur les hauteurs surplombants la ville de Goma, en d’autres termes à la frontière rwandaise. Un casus belli en soit.
Il est aujourd’hui établi que les extrémistes combattants rwandais du FDLR ont été massivement enrôlés par Kabila et la présence du  Général- renégat   Rwandais Karegeya à Kinshasa est loin d’être un élément tempérant.  Mais en fin stratège, le Président Kagame reste de marbre et ne se pas laisse pas  démonter.
Il devient apparent que la multiplication des fausses accusations congolaises contre le Rwanda auraient   d’autres visées que celles  apparentes, de rechercher le support international pour contrer la rébellion des soldats mutins duM23 que le Congo se sait incapable de pouvoir mater.
Il ya aussi des sérieuses raisons de  craindre que le Rwanda soit  lui-même dans le mire de certaines forces occultes qui auraient intérêt  en une reconfiguration  stratégique de la Région des Grands Lacs et  Il semble peu probable que Kabila ne sache pas que l’issue d’une confrontation directe avec le Rwanda serait le départ d’une guerre de grande envergure  entre plusieurs Etats Africain et l’aboutissement fatal du démantèlement pur et simple de l’Etat Congolais.
Il n’est pas cependant trop tard. Kabila et les leaders Congolais devraient revoir leur absurde position. Chercher à résoudre leur problème de l’est en famille, et au besoin recourir aux bons offices de leurs voisins qui ne devraient pas servir de bouc émissaire à leurs défaillances.  Dans le cas contraire, l’heure ne sera  ni à oui ni à  non à la Balkanisation, mais tout simplement à quand la Balkanisation. Pour l’instant, tous les paramètres  indiquent qu’il ne s’agirait plus que d’une question de temps…
Kagame aura tout fait pour attirer l’attention de Kabila sur les risques qu’il prenait en rompant définitivement avec la seule branche de l’armée sur laquelle il pouvait compter. Il n’a pas été écouté.
Il ne s’agissait pas d’un hasard si en un moment donné, les Occidentaux avaient soudainement jugé impératif de relancer les poursuites contre le Général Ntaganda, sans ignorer toutes les conséquences qu’allaient entrainer son arrestation ou toute tentative allant dans ce sens.
Peu avant le chapelet d’accusations  rocambolesques menés tambours battants avec  grand renfort des différents organismes  internationaux et du très spécialiste Karegeya, le Président Kagame avait  cru utile de  dévoiler à  son homologue Congolais l’intention manifestée par certains occidentaux à  le voir  écarté du Pouvoir.
On le sait aujourd’hui, l’occident en voulait à Kabila  pour une raison qui n’avait rien à voir avec  les élections douteuses qui allaient lui permettre de  rempiler pour un second mandat.  Ni non plus pour l’affaire Chebeya. Le vrai problème résidait et réside plutôt en une croissante présence chinoise qui met en péril les intérêts immédiats et futurs de l’Europe au Congo.
Les Etats Unies accusées à tort de déstabiliser le Congo  et œuvrer pour sa balkanisation  sont loin de craindre les visées de la Chine. Contrairement aux pays européens, les Etats Unies  ont les reins solides et peuvent attendre calmement que s’évanouisse  cet amour de paille entre le Congo et la trop envahissante Chine. Celle-ci ne saurait longtemps s’accommoder d’un amant aussi irresponsable. Mais la Belgique et la France, eux ne pourraient se permettre d’attendre, au risque de perdre définitivement le contrôle du Congo qui est déjà vital pour leur économie.
Pour ceux qui se souviennent de l’affaire du Campus de Lubumbashi et des « Massacres des Chrétiens » à Kinshasa, deux affaires  plutôt fumeuses qui ont  précipité la chute de feu le Maréchal Mobutu du Zaïre, Ils n’ont pas manqué de noter la ressemblance étrange entre ces deux futés montages et l’affaire Chebeya.
Chebeya était sans aucun doute plus connu dans les sphères d’organismes déstabilisateurs occidentaux que dans la sphère du Président Kabila et ne représentait sans doute pas plus de danger que n’importe quel  autre bruyant opposant congolais. Ni le Général John Numbi, ni  le Président Kabila n’avaient  intérêt à trucider le duo Bazana et Chebeya qui doivent aujourd’hui leur renommée à la médiatisation tout azimut  de leur mort.
Désarçonné par la fermeté de Kabila à ne pas laisser le Général Numbi comparaitre malgré la promesse faite au Gouvernement Français, l’occident  a démontré sa rage  par le biais de François Hollande qui a entrainé Kabila dans un ridicule jeu de coq diplomatique au cours des dernières assises de la Francophonie de Kinshasa.
Kabila sut se défendre et lui rendit calmement la monnaie de sa pièce. Hollande serait rentré furieux, et comme par hasard, un autre montage tout aussi grossier fut aussi tôt  monté. C’est celui de l’attentat contre le Docteur Mukwege, qui a cause des dernières élections américaines, a manqué d’attirer l’attention escomptée dans les medias internationaux.
Il est clair que l’Occident veut clouer Kabila et n’entend pas baisser les bras et lui laisser quelque chance, même si celui-ci feint encore de l’ignorer, Dieu sait pour quel raison. A moins évidement qu’il  ne soit lui-même dans le secret de ce qui se trame et qu’il  soit garanti d’y retrouver son compte.
D’autre part, en cherchant à tout prix d’impliquer le Rwanda  dans la guerre, tout Congolais sait  pertinemment à qui il se flotterait. Kagame serait capable de contrôler  le Kivu en moins de temps qu’il ne faudrait au Conseil de Sécurité d’accoucher, de fuiter et de publier un autre  rapport  tout aussi prêt à rejoindre le déjà oublié Mapping. Mais fort heureusement, face à toute provocation, le President Kagame semble avoir adopté un calme olympien. C’est comme s’il connaissait l’inévitable  mais  ne voudrait en aucun cas  participer à la finalisation de certains projets occidentaux au dépend de son proche voisin.
Mais quel est la part exacte de Kabila dans la partition de ce qui se trame contre le Congo et le Rwanda ? Personne ne saurait en réalité répondre à cette question. Les faits démontrent en outre que depuis le début de la mutinerie du M23,  chaque ministre, chaque officier, chaque citoyen de quelque importance  a chacun sa petite idée sur le conflit en cours et qu’il a comme carte blanche pour parler et agir comme il l’entend.  Le Président Kabila semble jouer les seconds rôles et agit comme s’il était complètement dépassé par les évènements.
Ce fait l’éloigne chaque jour d’avantage de son grand frère Rwandais et cela n’est pas, loin s’en faut, à son avantage.
Le sage Kamerhe, lui, invite le Gouvernement Congolais à faire preuve de réalisme  et négocier directement avec les mutins. Pour lui, la solution militaire aura démontré à suffisance ses limites : « Il faut cesser de pousser inutilement les soldats Congolais à la boucherie » Kabila  le sait sans doute mieux, mais …
Les contradictions des grandes puissances ont fini par lasser le Président Kagame qui semble aujourd’hui déterminé à se concentrer sur les seuls problèmes liées à l’avenir économique de son pays, une tâche, sommes toutes plus utile.
Pendant que les forces du M23 sont aux portes de Goma et que l’Armée Congolaise effectue  en hâte l’une de ses  légendaires «  replies stratégique » vers Saké,  l’ONU accuse le Rwanda d’avoir 5000 hommes engagés dans le conflit et  supplie en même temps, presque à genou, le Président Kagame d’intervenir en médiateur, sans lui accorder aucun  mandat. 
La France par la voie de son représentant au Conseil de Sécurité parle cette fois-ci de la nécessité d’un accord entre le Rwanda et le Congo, un accord qui ne pourrait donner de résultat sans la participation des mutins, en d’autres mots, le Congo doit impérativement négocier avec le M23 que  la même France cherche à faire  condamner.
Il est enfin, plutôt curieux que l’on n’entende pas la voix fluette de la Belgique en ce moment de grands enjeux. S’est-elle finalement rendu compte du ridicule de ses positions?
Tôt ce matin, le M23 était déjà entre dans la ville de Goma. Ni les hommes de la Monusco, ni les fuyards soldats de Kabila ne l’arrêteront. Goma sera prise. L’Occident et l’Onu devront revoir leur prise de position car la donne risque de changer.  
Nous l’avons dit, Il n’est  pas encore trop tard pour voir le Congo et le Rwanda s’attabler ensemble et vider toutes les questions qui les opposent en famille, loin des tous les pécheurs en eau troubles, nations et organismes qui n’auraient  rien à gagner de bonnes relations entre les deux frères et voisins.
Dans un cas comme dans un autre, il est certain que Kagame sort gagnant  d’un bras de fer qui commençait à fatiguer et les acteurs et les spectateurs. Le monde devrait se faire à l’idée que le Rwanda  devient chaque jour d’avantage une puissance incontournable dans  la nouvelle Afrique. Il devrait désormais avoir son mot à dire pour l’instauration et le maintien d’une paix durable dans la Région, n’en déplaise à ceux qui se croient encore le droit de faire la pluie et le bon temps en Afrique Noire.
Ange Michel Murangwa, Atlanta Rwizanet
Posté par rwandaises.com.