Une délégation de jeunes politiciens de gauche est actuellement en mission au Rwanda pour « faire éclater la vérité sur le rôle de la France dans le Génocide contre les Tutsi ». Une intention louable, qui se heurte cependant à un certain nombre de paradoxes et de contradictions. Tout d’abord parceque l’un des principaux artisans de l’alliance avec les génocidaires fut un président socialiste, icône sacrée de la gauche française. Il est donc impensable de toucher à sa mémoire, d’ailleurs un institut ad hoc veille à cela.

Ensuite parceque le parti socialiste est lui-même traditionnellement, l’un des partis français les plus révisionnistes sur le Génocide contre les Tutsi. Ni le premier secrétaire, ni les hiérarques historiques, ne dédiront jamais au sujet du Génocide. En outre, toute l’information sur le Génocide est déjà sur la place publique en raison de l’excellent travail d’analyse et de recueil des témoignages effectué par des écrivains, des journalistes et des chercheurs de premier plan, depuis 20 ans.

Seuls les révisionnistes et les négationnistes prétendent encore ne pas savoir ce qui s’est passé en 1994. Enfin le président de la République lui-même ancien conseiller de Mitterrand, est très bien informé sur cette période puisqu’il a personnellement et pour des raisons tactiques, signé une pétition d’Ibuka France (l’association pour la mémoire du Génocide) en juillet 2011 au Champ de Mars à Paris.

Les analystes estiment donc que la mission des jeunes politiciens au Rwanda correspond en fait à un agenda assez retors fixé par Paris. Il s’agit après la tension préjudiciable survenue au mois d’avril, de tendre officieusement la main Kigali sous le couvert de l’innocence. Les objectifs son multiples, désamorcer le procès en révisionnisme du PS en présentant une jeune garde vierge de tout reproche. Une stratégie cornaquée par la ministre de la justice qui dispose d’une bonne image auprès de l’aile de gauche de l’électorat et des jeunes. Court-circuiter les campagnes de dénigrement de la France en confisquant subtilement la parole des rwandais, de manière à reformuler les choses à leur place, pour ne pas dépasser la ligne rouge fixée par Paris, c’est à dire ne jamais admettre ou laisser dire que l’Hexagone a mené une politique criminelle au Rwanda.

C’est avec cette garantie que certaines archives pourront être déclassifiée avec une infinie prudence. L’épilogue de cette diplomatie aux joues roses, sera donc dans le meilleur des cas, la concession d’un lieu de mémoire en France, et quelques légions d’honneur, distribuées à des acteurs méritants de la réconciliation. Le Rwanda devra renoncer à obtenir une reconnaissance du Génocide par le Parlement, et cesser d’accuser la France d’avoir participé au Génocide. En contrepartie Paris lâchera quelques aides au développement et normalisera, tout en mettant un bémol à ses critiques contre Kigali et en condamnant quelques génocidaires pour la forme.

Si tout se passe bien une visite d’État pourra être organisée dans les deux sens. A terme, dans quelques années, un poste important, visible, pourra être accordé à un Tutsi français, comme on le fait avec les français d’origine algérienne, pour montrer symboliquement que la France, est, a été et reste la patrie des droits de l’homme et des lumières. Cela permet de garder closes les boîtes de Pandore et contente tout le monde. La page sera à ce moment là définitivement refermée. Voilà, en gros quel pourrait être le deal sous-jacent. A supposer qu’aucune fausse note ne vienne gâcher la partition.

La réflexion qui précède étant bien entendu purement imaginaire, sans aucun rapport avec la réalité observable…
http://nanojv.wordpress.com/2014/06/27/the-deal/

Posté par rwandaises.com