Manuel Valls a « peur ». A deux semaines des élections départementales, le Premier ministre s’est longuement exprimé sur le risque de voir le Front national, sur fond d’abstention massive, atteindre le seuil du pouvoir. « Pas en 2022, pas en 2029, mais en 2017 ».

Le Premier ministre Manuel Valls veut stigmatiser le FN. « Il n’apporte aucune solution », martèle-t-il. (Capture écran)

A deux semaines du premier tour des élections départementales, Manuel Valls poursuit sa campagne… contre le Front national.

« Je revendique la stigmatisation du Front national, il n’apporte aucune solution », lance-t-il avec fougue ce dimanche au Grand Rendez-Vous d’Europe 1, Le Monde et iTélé.

Répondant à une question sur son sort à Matignon après les départementales, Manuel Valls botte en touche : « Ma mission va se poursuivre », puis précise : « Je n’ai pas peur pour moi. Moi je prends tous les risques, c’est normal, c’est ma mission. Mais j’ai peur pour mon pays, j’ai peur qu’il se fracasse contre le Front national ».

Le FN, ennemi juré. « Mon angoisse, puis-je vous parler de mon angoisse pour notre pays ? C’est un Front national à 30% au premier tour des élections départementales. Parce que son programme de sortie de l’euro, de la politique agricole commune, c’est la ruine pour les Français », estime-t-il.

« J’en appelle à un réveil des consciences », tonne-t-il, perlant de sueur sous les projecteurs du studio. « J’en appelle à tous les électeurs, aux électeurs de gauche, à tous ceux qui sont sortis dans la rue le 11 Janvier, je leur dis Allez voter ! Votre amour de la patrie, de la démocratie, de la République, doit s’exprimer dans les urnes ».

A cette phrase, le vice-président du FN Louis Aliot a immédiatement réagi sur Twitter :
«

D’après Valls « l’amour de la patrie doit s’exprimer dans les urnes ». C’est exactement la définition du vote FN-RBM !

»

« Vous n’avez pas le droit de tirer un trait entre le PS et le FN. » A Nicolas Sarkozy qui avance, dans cette campagne électorale, qu’un vote FN vaut un vote PS, Manuel Valls estime avoir déjà répondu. Il se raidit pourtant. « Quand la gauche s’est retrouvée éliminée en 2002, au premier tour de l’élection présidentielle, elle n’a jamais hésité. Et face à un candidat frontiste, nous appellerons toujours à voter pour le candidat de l’UMP. Nous avons évidemment des différences sur le rôle de l’État, sur la politique économique, et elles sont nécessaires à notre démocratie, mais nous pouvons nous retrouver ensemble sur l’essentiel. Je demande à l’ensemble des responsables politiques de faire attention aux mots qu’on utilise. Non, le PS et le FN, ce n’est pas la même chose. Vous n’avez pas le droit de tirer un trait entre le PS et le FN », lui dit-il.

L’abstention, terrible perspective. C’est l’enjeu n°1 pour Valls, bien qu’il ait remis la menace du FN en perspective de l’abstention. « Il y a des hommes et des femmes qui meurent dans le monde pour arracher la liberté de voter, n’a pas hésité à rappeler le Premier ministre. Il y a des hommes et des femmes qui ont été tués à Paris parce qu’ils se battaient pour la liberté d’expression. (…) Il faut par une participation plus importante faire en sorte que le Front national baisse ».

Deux enjeux positifs, tout de même. Dans ce paysage de danger décrit par le Premier ministre, auquel s’ajoute « la division dramatique » de la gauche, deux éléments font dire à Manuel Valls que les départementales ont un autre intérêt : d’abord les compétences des conseils départementaux, « les routes, les collèges et la cohésion sociale » et « le 29 mars il y aura 2000 femmes parmi les conseillers départementaux, la moitié, c’est révolutionnaire ».

« Ça va mieux » cette année. « 2015, c’est le retour de la confiance, sur le plan économique, et donc de la croissance. Ça va mieux dans notre pays », estime le Premier ministre. « Quand on a un retour de la confiance des ménages qui s’améliore depuis plusieurs mois, et qui a retrouvé son niveau le plus élevé depuis trois ans, je dis que les choses vont mieux. Quand on voit que la confiance des entreprises s’améliore, même si on a des indicateurs contradictoires à ce stade (…), je dis ça va mieux.

Quand dans le bâtiment aussi on sent un frémissement, (…) oui je dis que ça va mieux », a-t-il détaillé. Ajoutant un peu plus tard : « Pour moi, depuis le 11 Janvier, les choses n’ont jamais été aussi limpides. Il faut protéger les Français et réformer le pays ».

Et dans ce travail, il peut, dit-il, compter sur le soutien du président de la République. « Notre ambition avec le chef de l’Etat, c’est de ne rien lâcher. Nous ne pouvons pas dévier. Avec le président, nous sommes main dans la main, avec le gouvernement et la majorité, parce qu’il y a urgence. »

Son fief pourrait basculer à droite. Enfin, interrogé sur l’Essonne, son fief politique, qui pourrait tomber dans l’escarcelle de la droite selon le sondage exclusif publié par Le Parisien et Aujourd’hui en France ce dimanche, Valls balaie d’un « Je ne sais pas, je ne me place pas dans le pronostic ».


Publié le 9-03-2015 – par Le Parisien

Posté par rwandaises.com