Très soutenus par des lobbies occidentaux intéressés à ne plus entendre parler de génocide ni de survivants tutsi, les négationnistes du génocide des Tutsi de 1994 ont mené durant ces deux décades écoulées une propagande médiatique multiforme. Ils entendaient ainsi se laver d’innommables crimes qu’ils ont commis contre l’humanité et, ‘chasser l’intrus’ (FPR au pouvoir actuel) pour revenir au chapitre. Curieusement, la force des jeunes européens contre les racismes EGAM (European Grassroot Anti racists Movement) est venue avec l’an 2006 renforcer le combat mené par IBUKA France/ Belgique, par les associations de la Société civile européenne dont Survie ou CPCR (Collectif des Parties civiles pour le Rwanda) pour tenter efficacement de renverser la tendance.

Cet EGAM est composé de 30 associations nationales des pays européens. A son agenda, autant qu’il lutte contre les racismes de toute sorte sur le sol européen, EGAM a fait sien le combat contre les courants négationnistes du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994.
Jeunes révolté contre le silence français

Il est excessivement révolté par le silence de la France officielle qui, tant bien que mal, tente de cacher son rôle dans l’éclatement de ce génocide qui a emporté un million de Tutsi en moins de cent jours.

 

Benjamin Abtan, président d’EGAM : secouer le baobab français

« Autant commémorons-nous le génocide des Arméniens, celui des Roms ou la Shoah, il est normal que nous tenons à manifester notre sympathie pour les victimes du génocide des Tutsi du Rwanda. Par là, nous luttons pour l’énonciation de la vérité en France où le discours officiel est marqué par le silence pour son supposé rôle dans la manifestation de ce génocide des Tutsi au Rwanda. Ceci s’est observé dans la Lettre ouverte au Président de la République française que nous avons récemment écrite et publiée dans plusieurs journaux dont IGIHE, au Rwanda, Libération en France mais aussi dans les journaux anglais et allemand. Nous interpellons le Président de la République pour que beaucoup de moyens soient fournis à la justice française et pouvoir ainsi juger les génocidaires qui se trouvent en France », a déclaré ce 11 avril 2015 Benjamin Abtan, Président d’EGAM en visite au Rwanda pour la 21ème commémoration du Génocide des Tutsi de 1994. Il était à la tête d’une délégation de jeunes originaires de France, d’Allemagne, de Serbie, de Croatie, de Grande Bretagne, de Grèce qui se sont engagés de porter haut le flambeau de la lutte contre les négationnistes du génocide des Tutsi partout dans leurs pays respectifs.

Les Cérémonies organisées en cette 21è commémoration ont été une occasion de faire le bilan accompli dans la lutte contre cette idéologie mortifère :

« Le négationnisme du génocide contre les Tutsi, , 10 ans plus tôt, il était virulent en Europe. Au niveau même des Etats, on remarquait certains hauts dirigeants du pays qui niaient le génocide des Tutsi. Il est apparu que quelques-uns des dirigeants français ont eu à protéger et même soutenir financièrement les Rwandais qui ont joué un rôle essentiel dans le génocide des Tutsi. Au moment où la Communauté internationale avait imposé un embargo contre ce Gouvernement génocidaire des Batabazi, la France a décidé de recevoir ses représentants.
Associations de jeunes étudiants et autres, intellectuels, experts et amis du Rwanda, tous ensemble, dix ans durant, nous avons réveillé les consciences. Il y a lieu de se féliciter du pas franchi », a confié ce 11 avril 15 à la presse rwandaise Alain Ngirinshuti, Vice Président d’IBUKA-France et Secrétaire Général d’IBUKA-Europe.
Alain reconnaît que les forces négationnistes déploient une lutte sans merci et qu’elles ont des soutiens puissants qui vont même au fin fond de la Papauté romaine.
« … bon nombre de génocidaires notoires sont aujourd’hui encore protégés, hébergés, nourris par l’Eglise, et ne sont ni poursuivis ni jugés, car il est évident pour tout le monde – des indices sérieux l’attestent – que certaines personnalités belges proches de l’ancien régime du Président Habyarimana, proches aussi du Mouvement Catholique Charismatique et de « l’Opus Dei » utilisent leurs pouvoirs et leurs relations pour empêcher que la justice fasse son travail normalement et surtout proprement.

On peut ainsi citer comme exemples de génocidaires notoires cachés et protégés dans des couvents, des monastères, etc., l’abbé Wenceslas à Evreux (en France) l’abbé Gabriel Maindron à Fontenay-le-Comte (également en France), l’abbé Martin Kabakira à Luchon, (toujours en France), l’abbé Emmanuel Rukundo à Genève (en Suisse), l’abbé Athanase Seromba à Florence (en Italie) et l’abbé Daniel Nahimana (en Italie aussi) », lit-on dans un article intitulé ‘‘L’Eglise et le génocide au Rwanda : plus que complice !’’.
C’est dire donc que la lutte contre les idéologies de négationnisme et de révisionnisme du génocide des Tutsi du Rwanda ont des émules et de forts soutiens très intéressés.

« L’objectif à atteindre incessamment est d’amener les gouvernements européens, français, belges et autres à donner des moyens suffisants et efficaces à la justice afin qu’elle soit à même de conduire des procès contre la pléthore des négationnistes qui usent de leurs idéologies pour bien masquer les crimes de génocide commis contre les Tutsi », a confié Benjamin Abtan montrant que tout est fin prêt pour voir leur lutte et stratégies porter des fruits :
« Nous avons agrandi notre cercle d’influence et action aux personnalités haut placées dans les grands cercles de prise de décisions politiques y compris les Parlements de nos pays. Nous avons conclu des stratégies de collaboration avec de puissantes associations de jeunes, des écologistes européens ».
Pour Alain IBUKA France, la lutte contre le négationnisme en Europe revient d’abord à déconstruire le discours sur le génocide des Tutsi et à l’épurer des schémas et stéréotypes écrans :
« Notre travail de rectification de l’histoire se constate également de mieux en mieux dans le jargon journalistique des média occidentaux. Le terme ‘génocide rwandais’ va cédant la place à ‘génocide des Tutsi du Rwanda’. Il n’est pas facile de rectifier le terme (délibérément ?) vague de ‘génocide au Rwanda’ utilisé par le Conseil de Sécurité de l’ONU en 1994.
Les présumés génocidaires rwandais sont libres de mouvement, d’association et d’opinion en France. Leurs amis, anciens hauts gradés militaires de l’Opération Turquoise leur apport un soutien indéfectible ».
Ce travail est de longue haleine. Alain montre que de petites victoires significatives sont rendues possibles avec une conscientisation de l’opinion publique française et européenne sur la véritable triste réalité du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994.

« Tout va pour le mieux. Aujourd’hui nous comptons plus de 6 Stèles-Mémoriaux du génocide des Tutsi en France dont Paris et Toulouse. Ceci est très significatif. L’opinion publique française très agissante, à force de commémorer et faire la mémoire à nos chers parents sauvagement massacrés par les hordes de génocidaires, le citoyen français n’acceptera pas un voisin présumé génocidaire poursuivi par la justice quand bien même les pouvoirs publics traînent à le faire comparaître en justice », a confié Alain comptant sur la capacité de sensibilisation des Associations EGAM à ce sujet.

Et c’est ici que IBUKA ou EGAM apprécient les efforts des tenants actuels du pouvoir en faisant du projet citoyen du ‘Revivre ensemble’ un motto qui s’accompagne de ‘Produire davantage de richesses sociales pour opérer des changements culturels profonds’. En d’autres termes, les politiques actuelles cherchent à façonner un autre citoyen rwandais qui aura forgé ses armes intellectuelles nouvelles positives de par son épanouissement dans la productivité nationale.

Droits de réparation des rescapés au Programme d’IBUKA France
Mais comment le rescapé esseulé va-t-il s’insérer dans la logique de la politique officielle faisant de lui un autre homme social plus tourné vers la productivité plutôt que dans les idées noires de son coin ?

« Nous savons bien que les rescapés du génocide des tutsi reçoivent de l’assistance du Gouvernement à travers le FARG (Fonds d’Assistance des Rescapés). Nous sommes bien conscients qu’il ne s’agit pas ici d’un droit. Un débat est en cours sur ce sujet de fonds d’indemnisation des rescapés du génocide des Tutsi. Ce fonds va devoir être alimenté par les pays et autres organisations internationales qui ont participé de fait ou par omission au génocide des Tutsi », a confié Alain Ngirinshuti
Selon lui, les travaux de ce débat avancent bien au point qu’une enquête en cours menée par l’OIM (Office des Migrations Internationales) à ce sujet viendra donner des lumières nécessaires sur la forme de ce fonds. Une victoire de plus sur les Négationnistes.


Publié le 17-04-2015 – à 09:30′ par Jovin Ndayishimiye

http://fr.igihe.com/politique/egam-et-ibuka-defient-les-negationnistes-du.html

Posté par rwandaises.com