Mes chers compatriotes
Alors que certains se satisfaisaient de l’avancée tonitruante et mortifère de la Séléka vers le pouvoir, nous avions pris à l’époque notre responsabilité, de diaspora de l’Afrique Centrale, pour interpeller l’attention du Président François Hollande. Le courrier ci-joint, publié à l’époque sur sozoala (seulement, car d’autres organes de presse centrafricaine, euphoriques, l’avaient zappé) est le témoin de notre engagement sous -régional.
Le présent mail s’invite dans votre boîte tout juste pour apporter une contribution citoyenne à l’annonce de l’organisation du « 1er Congrès des diasporas africaines en France le samedi 22 mars 2014 à Paris ».
De quelle diaspora est-il question? L’Afrique, c’est 54 Etats plus 2 autres dont les statuts font débat. S’agit-il de la diaspora de tous ces pays?
Nous, centrafricains, nous sommes incapables de mettre en place une organisation de la diaspora apte à fédérer les égos, les compétences et les associations créées par les centrafricains en France. Alors est-ce une initiative centrafricaine à vocation continentale?
En réponse au constat d’irresponsabilité citoyenne de certains compatriotes et aux lendemains d’une réunion inconséquente de la diaspora centrafricaine à Paris, il y a 3 à 4 ans, nous avions décidé à Strasbourg de prendre nos responsabilités. Notre constat était simple, le siège d’une diaspora centrafricaine doit être stratégiquement à Paris mais, comme nos compatriotes de l’île de France sont dans l’impossibilité managériale d’engager un processus consensuel de création d’une organisation de la diaspora alors, nous devons réagir autrement. C’est ainsi qu’était née l’idée de la création d’une instance de la diaspora de la sous-région d’Afrique Centrale. L’objectif caché était de suppléer la faiblesse de l’organisation centrafricaine. Toutefois, la ligne maîtresse était de s’inspirer de la démarche d’intégration sous régionale de la CEMAC.
Nous avions aussi pensé qu’il fallait apporter une réponse à la préoccupation des instances de l’UA et des organisations noires américaines qui, à défaut d’une organisation de la diaspora africaine structurée, soutiennent le CRAN en France. Nous avions aussi estimé qu’il était impossible de créer une organisation de la diaspora qui englobe tous les africains, sans prendre certaines dispositions. L’Afrique de l’Ouest n’a pas les mêmes préoccupations directes que l’Afrique Centrale ou l’Afrique de l’Est, etc… L’existence de la CEDEAO, de la CEMAC, etc… sont des faits qui nous ont aussi inspirés. Nous préconisons l’organisation des diasporas, à l’image des institutions d’intégration sous régionale. Il reviendra par conséquent à l’assemblée des ces différentes organisations de la diaspora africaine de lancer le 1er congrès ou l’assemblée constitutive d’une instance de la diaspora africaine, en France.
Toute autre initiative, au nom de la diaspora africaine en France, sera tout simplement une approbation d’une faute de vocabulaire français (sciemment entretenue) qui considère l’Afrique comme un seul pays et le Maghreb comme un continent ou un pays voire ne faisant pas partie de l’Afrique.
Le CDACE, Conseil de la Diaspora d’Afrique Centrale en Europe, existe depuis plus de 3 ans. J’étais le Président fondateur. La présidence étant tournante, elle est aujourd’hui assurée par le Cameroun, un camerounais de la diaspora. Dommage que cette présidence a enterré nos acquis et nos ambitions. On aurait bien voulu être partie prenante aux négociations sur le conflit en Centrafrique. On ne devient pas Président, même d’une structure associative, sans vision prospective.
Monsieur Acheikh ibn Oumar, Ancien Ministre des Affaires Etrangères du Tchad, a été l’une des personnalités de la sous régional qui avait fait le déplacement à Strasbourg pour prendre part aux premières sorties officielles du CDACE. Il peut bien vous en dire plus sur le CDACE.
Eu égard de tout ce qui précède, je lance un vibrant appel à la communauté centrafricaine pour qu’elle se ressaisisse et s’attèle, main dans la main, à la création d’une organisation de la diaspora, indépendante des pouvoirs publiques centrafricains mais responsable et capable d’apporter sa contribution au développement de la République Centrafricaine, en concertation productive avec les autorités de Bangui.
J’ai essayé d’entrer en contact avec certaines organisations de la diaspora africaine de France pour savoir si elles étaient informées de la tenue de ce 1er congrès ; leur réponse était négative.
Qui organise ce congrès ? Est ce l’IREA ou les africains (Centrafricains, sénégalais, marocains, éthiopiens, rwandais, angolais…)? Si c’est l’IREA qui est à la manœuvre alors ma position est claire : on n’a pas besoin d’une seconde colonisation. En outre, je suis tenter de jauger le degré d’engagement des initiateurs de ce congrès : seront-ils disposés à organiser ce congrès ailleurs qu’à Paris ? Par exemple à Toulouse, Lyon, Montpellier, Lille, Nantes ou Strasbourg ?
Je crois, pour nous autres centrafricains, que la relance du pays, la présidence de transition de Mme SAMBA-PANZA, aura besoin d’une diaspora efficace, organisée et ambitieuse. Une diaspora dans laquelle chacun aura sa place, un espace d’expression libre, un forum d’actions concertées et patriotiques, indépendamment des ambitions légitimes individuelles. On n’est pas censé s’apprécier pour travailler ensemble mais, La patrie, la cohésion nationale, l’appel au dialogue et la nécessite d’engager la reconstruction du vivre ensemble nous obligent à mettre en berne nos égos.
Avant de lancer l’opération Serval au Mali, le Président François Hollande avait reçu à l’Elysée une délégation de l’organisation de la diaspora malienne et des élus français d’origine malienne. Qu’en était-il de la République Centrafricaine ?
Ce n’était pas la faute à Bokassa, ni à Dacko, ni à Kolingba, ni à Patassé, ni à Bozizé, ni à Djotodia, ni aux Séléka, ni aux Antibalaka, ni aux français, ni aux tchadiens, ni à…Dieu le père.
Cordialement
Alphonse GOUETH
Publié le 19/03/2014 à 18:49 par centrafriqueactualite
http://centrafriqueactualite.centerblog.net/63-diaspora-rca-coup-de-gueule-un-compatriote
Posté le 17/11/2015 par rwandaises.com(Archives)