Une Conférence de presse de Kagame sur l’autodétermination des Rwandais

Le Président Paul Kagame vient de rencontrer la presse ce 22 décembre 2015 juste après qu’il ait clôturé les travaux du 13ème Dialogue National UMUSHYIKIRANO 2015 au Camp Kigali dans le Centre- Ville de la Capitale du Rwanda.

Une presse nationale et internationale venue couvrir les travaux de ce Dialogue était principalement impatiente d’être témoin vivant de la position du Président Paul Kagame sur beaucoup de questions de l’heure.

Comment trouve-t-il les pressions de l’Occident, son bailleur de fonds, lui enjoignant de se désister du plébiscite populaire qui veut, à la lumière des résultats du Référendum sur la Réforme de la Constitution avec 98% de OUI, qu’il brigue à lui seul et pas un autre un troisième septennat après 2017 ? Les questions ont également fusé autour de la question de massacres au Burundi.

Kagame le rebelle, le panafricaniste

« Il n’y a pas de démocratie formaliste généraliste au monde », a semblé répondre le Président Paul Kagame à une question du journaliste de The Newtimes qui lui demandait comment il prend les critiques occidentales sur le fait que les citoyens rwandais ont voté OUI à 98.3% un référendum qui , disent-ils, « cautionne une dictature ».

« Si la dictature aide un peuple à générer des valeurs, à renforcer la sécurité, à établir des rapports égaux hommes-femmes dans la société ; quand cette dictature parvient à faire revivre ensemble un peuple hier ségrégué pour, désormais ensemble, faire des progrès socio-économiques remarquables, un peuple capable de revivre de lui-même…. Eh bien si toute cette somme d’actions-programmes relève de la dictature, eh bien je suis prêt à l’assumer. Si cette soi-disante dictature nous permet de nous positionner meilleur sur les palmarès de différents index internationaux comme c’est le cas actuellement, eh bien, nous tendront une oreille réceptive à ces critiques que nous analyserons et leurs donnerons le poids qu’elles méritent », a déclaré Paul Kagame visiblement faisant un effort de paraître calme et serein.

« Nous menons de front beaucoup de programmes citoyens pour que ces derniers puissent matériellement s’autosuffire et, ipso facto, s’autodéterminer dans leur dignité », a-t-il ajouté voulant montrer que démocratie rime avec dur labeur et disponibilité pour le citoyen du pain quotidien et d’une certaine aisance due à sa stabilité et à son épanouissement.

Serein, il énonce ses quatre vérités sans sortir de ses gongs

Mais c’était sans compter que plus de 5 journalistes sont revenus sur la même question en adoptant des angles différents mais somme toute proches.

« Monsieur le Président, vous plierez-vous à la volonté populaire au vu des résultats du Référendum sur la Réforme de la Constitution ? », demande Jean Lambert Gatare, Directeur-journaliste de Radio Isango Star embellissant son propos par le fait que les citoyens prendraient la bonne réponse comme un cadeau de Noêl que Kagame leur aura donné.

« Allez-vous briguer un troisième mandat autant que le prescrit la Constitution réformée, Monsieur le président ? », renchérit Shyaka Kanuma de Rwanda Focus.

Ces question et celle du journaliste de The Guardian nigérian qui a nourri une peur selon quoi si Kagame, leader visionnaire, allait briguer un troisième mandat, les aides des bailleurs de fonds occidentaux coupées, des attentes populaires déçues à cause du gâchis que ces Occidentaux auront amené avec cette coupure d’assistance au développement……

Au journaliste Shyaka Kanuma de Rwanda Focus , « un troisième mandat, un quatrième, cinquième…., là n’est pas la question. Le problème africain c’est plutôt le mode de gouvernance. Imaginez une alternance où un tel locataire a très mal géré. Il passe le relais à un autre qui fait de même. L’Africain reste pauvre quand bien même le continent est extrêmement riche…. Attention, moi je suis autant que vous et les autres un fils de ce pays. Je ne suis pas un visiteur encore moins un touriste dans mon pays. Je n’y viens pas pour repartir. J’ai vu et vécu l’histoire de ce pays. Elle a affecté tout le monde, moi y compris », a-t-il dit.

Au journaliste de The Guardian nigérian, Kagame a repris sa peau de rebelle.
« La dignité avant tout. Ne craint pas des décisions incorrectes de la part de parties (Occident) qui veulent exercer un diktat sur ton peuple. Veulent-elles que nous obéissons aux volontés de nos peuples ou à la leur ? La dignité d’un peuple importe beaucoup. Quand tu es très obéissant à ce qu’elles demandent, tu es condamné à rester pauvre. Je préfère donc prendre une autre option. Ce monde (occidental) prend des sanctions qui sont uniformes. Ces gens lӑ qui pensent de cette façon-là devraient être aidés par nous pour ce qu’ils daignent nous donner ou nous refuser »,

lui a-t-il tranquillisé montrant que le fier guerrier, très princier et altier, a un problème de se faire marcher sur les pieds.

« Allons ! Vous me dites d’être à l’écoute des citoyens. Le référendum populaire et citoyen s’en mêle. Vous me conseillez de me désolidariser des résultats de celui-ci. Décidément ce monde développé est contradictoire. Et comme la réponse attendue ne vient pas et comme il n’y a rien à critiquer, il faut chercher des poux. ‘ D’ailleurs il a été vite conduit sans débat’, disent-ils. De telles critiques tendancieuses ne sont pas raisonnables »,

a indiqué le Président Paul Kagame à une journaliste de The East African. Celle-ci l’a suivi tout au long de ces deux jours qu’a duré le Dialogue National ; deux jours où il n’avait cessé de déclarer dans ses discours que son gouvernement sera toujours à l’écoute des critiques émises contre lui mais que celui-ci prendra en compte des critiques objectives.

A la question de tueries et d’insécurité régnant au Burundi, le Président Paul Kagame a montré qu’il fait tout pour ne pas s’immiscer dans la question burundaise quand bien même le Burundi a accueilli des éléments FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) en formation de combat. A la question si un génocide de Tutsi se commet au Burundi, le Président a de la peine à l’accepter. Il se réfugie sur le fait que « un génocide pour le qualifier, cela est du ressort de la Communauté internationale. Moi je constate que les gens sont tués dans ce pays. Si l’Etat burundais est incapable d’arrêter cette tragédie, il y a des gens pour l’aider. Et cette région de l’Afrique de l’Est devrait être la première à voler au secours du Burundi avant l’Union Africaine ou la Communauté internationale ».

Chimpreports va trop loin pour lui demander si le Rwanda n’est pas inquiété par la présence de ces FDLR. Paul Kagame montre sa face de commandant militaire en minimisant le danger. Une façon de ne pas vouloir donner tout son poids à cette milice rwandaise alliée à celle, burundaise, des Imbonerakure, et à la police politique pour semer le chaos dans des quartiers de Bujumbura et des provinces de Bururi et Makamba au sud, Cankuzo et Buyogoma (à l’est), Muyinga, Kirundo et Cankuzo au Nord est où sont concentrées des familles Tutsies.

Après tout Paul Kagame est un Chef d’Etat rwandais et non burundais pour le principe de non immixtion des affaires d’un pays tiers.

« A cette question de la présence des Fdlr au Burundi, il importe de souligner qu’une réalité est visible. Il faut éviter que la question burundaise n’affecte pas le Rwanda », a-t-il dit évitant de s’étendre sur les activités de cette milice rwandaise, et surtout de ne pas montrer qu’elle a trouvé un terrain burundais plus propice que l’espace congolais à criminelle propagation de sa chère idéologie ethnocentriste avec un possible déferlement sur le Rwanda.


Publié le 22-12-2015 –  par Jovin Ndayishimiye

Posté le 23/12/2015 par rwandaises.com