Burundi, RD Congo, CPI, terrorisme… Ces sujets seront au cœur des débats. Qu’en pense la ministre rwandaise des Affaires étrangères, cheville ouvrière de ce 27e sommet ? Louise Mushikiwabo, 55 ans, est la voix respectée d’un pays aux grandes ambitions : le Rwanda. Chef de la diplomatie et porte-parole du gouvernement depuis 2009 (une longévité rare au pays des Mille Collines qui permet de mesurer la confiance que le président Kagame lui accorde), cette diplômée de l’université du Delaware, aux États-Unis, a, comme des milliers de ses compatriotes, été marquée au fer rouge du génocide de 1994.
Son frère aîné, Lando Ndasingwa, ministre dans le gouvernement issu des accords d’Arusha, fut assassiné aux premières heures de la boucherie en compagnie de son épouse canadienne et de leurs deux enfants. Vingt-deux ans plus tard, celle dont les tweets quotidiens sont suivis avec assiduité par tous ceux que la vision rwandaise du monde intéresse est la cheville ouvrière du 27e sommet de l’UA – le premier à se tenir au Rwanda depuis la fondation de l’organisation panafricaine, en 1963.
Jeune Afrique : Qu’attendez-vous de ce sommet de l’UA ?
Louise Mushikiwabo : Nous sommes à un moment de grands changements pour l’Afrique, mais aussi au niveau international. Entre ce sommet de l’UA et le prochain, un nouveau secrétaire général des Nations unies et un nouveau président des États-Unis seront élus. Mais surtout, ce 27e sommet se tient au moment où plusieurs dirigeants africains souhaitent et attendent des changements concrets au niveau de la Commission de l’UA, notamment pour que l’Afrique puisse financer elle-même la plupart de ses programmes.
Nous aborderons donc la question du financement des travaux de la Commission et des missions de maintien de la paix sur le continent. Ce sommet va aussi lancer le début d’une nouvelle manière de travailler pour l’UA, axée sur l’efficacité, avec une approche davantage orientée « business ».
Le Burundi est dans l’impasse. Et les autorités de Bujumbura ne cessent d’accuser le Rwanda de recruter et d’entraîner des réfugiés afin de les déstabiliser. Le sommet de Kigali pourra-t-il sereinement tenter d’apporter des solutions ?
Je suis convaincue que les changements positifs au Burundi n’interviendront pour l’essentiel que grâce aux efforts des Burundais eux-mêmes. Bien entendu, chacun peut contribuer d’une manière ou d’une autre, mais il est très important, pour le peuple burundais et pour tous les autres acteurs, de comprendre qu’aucune évolution ne sera possible sans une véritable volonté politique de la part du leadership burundais.