Le président congolais Joseph Kabila (à gauche) avec son homologue rwandais Paul Kagamé (à droite)

Joseph Kabila mène actuellement une offensive tous azimuts auprès des chefs d’Etat de la sous-région – et d’ailleurs sur le continent – pour tenter de faire partager sa propre lecture de la mise en œuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre, signé le 31 décembre 2016 entre la majorité et l’opposition RD congolaises. Mais ça ne passe pas comme une lettre à la poste : la preuve à Kigali…

La mise en application de l’accord de la Saint-Sylvestre par le Président Joseph Kabila est jugée largement insatisfaisante par la communauté internationale (cf notre article « RDC : Joseph Kabila, cherche soutiens… désespérément », publié le 6 mai 2017).

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la tâche est loin d’être aisée. En quelques jours, Joseph Kabila et / ou ses émissaires (Leonard She Okitundu, Kikaya Bin Karubi et Adolphe Lumanu) se sont rendus successivement en Egypte, au Gabon, au Burundi, au Rwanda, en Angola ou encore en Ouganda. Globalement, l’écoute est polie mais les sourires sont crispés. Les chefs d’Etat voisins s’inquiètent en effet de l’incapacité croissante du chef de l’Etat congolais à maintenir la sécurité dans son pays, faisant ainsi peser par la même occasion un risque sur la stabilité de la sous-région.

Refroidissement des relations entre Kigali et Kinshasa

Les relations entre Kigali et Kinshasa sont symptomatiques de ce nouvel état d’esprit, largement partagé par les dirigeants des pays d’Afrique centrale. Autrefois, très proches – Joseph Kabila ayant souvent été dépeint comme « l’homme de Paul Kagamé » -, les relations sont désormais plus fraîches entre ces deux baobabs.

Premier motif d’inquiétude pour Kigali : les risques que feraient porter sur le Rwanda un embrasement de la RDC. Deuxième motif de récrimination côté rwandais : « Joseph Kabila vient nous rendre visite uniquement lorsqu’il a besoin de notre soutien. Il est très opportuniste. Mais continuer à le soutenir en nous mettant à dos l’opinion publique congolaise serait un fort mauvais calcul de notre part », s’inquiète une source militaire rwandaise. Troisième raison, enfin, de ce refroidissement des relations congolo-rwandaises : Kigali voit d’un très mauvais œil le rapprochement entre Kinshasa et Bujumbura. Des militaires burundais sont d’ailleurs venus prêter main forte aux forces de l’ordre congolaises, en septembre, décembre et avril derniers, quand il s’est agi de mâter les manifestations anti-Kabila.

Aujourd’hui, l’entente est au beau-fixe entre Joseph Kabila et Christian Nkurunziza, un autre réprouvé au sein de la communauté internationale. Au point que certains n’hésite plus à exprimer leurs craintes face à un risque, réel ou supposé, de « burundisation » du Congo-Kinshasa.