Le président Paul Kagame a mis au défi les radiodiffuseurs africains d’être plus proactifs en racontant des histoires africaines, et en défaisant le statu quo actuel selon lequel les histoires du continent sont souvent racontées par des étrangers.
Paul Kagame parlait lors d’une interaction avec les délégués à « l’Assemblée générale de l’Union africaine de Radiodiffusion » (AUB) qui se tient à Kigali.
Le Président a déclaré que depuis trop longtemps, l’histoire africaine est racontée par des étrangers, souvent avec partialité et sans tenir compte du contexte ou des circonstances.
L’échec de raconter l’histoire africaine par les radiodiffuseurs du continent, a déclaré Kagame, a conduit à un vide qui est rempli par les étrangers.
Le président a trouvé quelque peu étrange que les personnes vivant en Afrique doivent recourir à des médias étrangers pour obtenir des nouvelles et des mises à jour sur leur propre continent.
« Nous avons besoin de raconter notre propre histoire et pouvoir regarder notre propre façon de le transmettre aux peuples d’Afrique et au-delà. Ce que nous subissons depuis trop longtemps, c’est de voir les étrangers raconter à leur manière notre histoire. Ils finissent par raconter notre histoire suivant leur propre perception et non comme elle est réellement », a déclaré Kagame.
Le président a déclaré que le continent n’était pas à court de compétences et de capacités pour combler le vide.
« Vous avez des gens qui travaillent dans l’industrie qui peuvent développer et créer le contenu qui raconte la bonne histoire sur notre continent. Le grand public a besoin de savoir ce qui se passe dans leur propre pays et continent. Mais qui leur dit? Vous ne pouvez pas avoir des gens de l’extérieur du continent qui parlent au grand public en Afrique à leur sujet », a déclaré Kagame.
À l’avenir, il a appelé à l’autonomisation des radiodiffuseurs africains, ce qui conduirait éventuellement à une forte voix panafricaine.
Droits de retransmission du football africain
Kagame a également commenté l’absurdité concernant les droits de diffusion des matches de football africains, joués sur le sol africain, par des personnes extérieures au continent.
Cela a conduit à un défi où les droits de retransmettre les matches sont devenus trop coûteux pour les pays africains.
« On me dit que nos radiodiffuseurs ont du mal à obtenir le droit de diffuser du football et d’autres sports à cause de la structure de cette industrie. C’est un problème auquel nous devons faire face ».
« C’est un embarras, nos droits et les droits de nos citoyens à regarder le football africain en Afrique sont gérés par des gens de l’extérieur. C’est scandaleux. Il n’y a pas de quoi être fier. Comment pouvons-nous accepter cela et pour combien de temps encore ? »Demanda-t-il.
La « Confédération Africaine de Football » (CAF) a vendu en 2015 les droits mondiaux pour les matchs de « l’Afcon » et de la « Ligue des Champions » à la société française Lagardère, pour environ 1 milliard de dollars de 2017 à 2028. Cela donne à l’entreprise française le droit de revendre ces diffusions aux tarifs qu’elle fixera elle-même.
Cela a compliqué la tâche des radiodiffuseurs africains. Par exemple, lors de la précédente « Coupe d’Afrique des Nations » en 2017, seuls 13 pays pouvaient se permettre de payer ces droits.
Le Président Kagame a toutefois déclaré que l’argent n’était pas le principal problème, mais plutôt la structuration de l’industrie qui devrait être ajustée à l’avenir.
Posté le 16/03/2018 par rwandaises.com