Alors que les élections sont toujours prévues pour le 23 décembre et que les candidatures à tous les scrutins doivent être déposées à partir du 23 juin prochain, la ronde des spéculations et des contestations se poursuit, tant au sein du pouvoir que de l’opposition. C’est ainsi que la Commission électorale indépendante a fixé la loi de répartition des sièges par provinces, distribuant ainsi les 500 mandats de députés à l’Assemblée en fonction du poids électoral des 26 provinces et de leurs circonscriptions. Ce texte a été promulgué le 8 mai par le président Kabila alors qu’une délégation de l’Organisation internationale de la francophonie réalisait à Kinshasa un audit du fichier électoral très contesté. Alors que la CENI a déjà radié plus de 6 millions de personnes, doublons ou mineurs, l’opposition assure que ces radiations n’ont pas eu lieu sur une base objective : selon la secrétaire générale du Mouvement pour la libération du Congo, (le parti de Jean-Pierre Bemba) Eve Bazaiba, les provinces se trouvant dans la sensibilité de l’opposition (Equateur ou Kasaï occidental) ont subi une réduction d’électeurs tandis que les enrôlés ont été augmentés dans les provinces supposées soutenir des personnalités de la majorité (Sankuru ou ex-Katanga). Niant d’éventuelles manipulations, le parti présidentiel a accusé l’opposition de vouloir tout simplement retarder l’échéance, car elle ne serait pas prête à aller aux élections.
Une autre question qui tient l’opinion en haleine est celle de l’éventuel dauphin de Joseph Kabila dont le deuxième et dernier mandat a expiré en décembre 2016. Alors que la « perle rare », le « Medvedev de Kabila », un homme qui permettrait au chef de l’Etat sortant de diriger par procuration n’est pas encore trouvée, les juristes étudient déjà une autre hypothèse, inspirée du scenario burundais : alors que la première mouture de la Constitution a régi le scrutin de 2006 et ses deux tours de scrutin, les élections de 2011 se sont faites au scrutin à un tour car la majorité présidentielle, dominant le Parlement, avait modifié l’article 71 de la Constitution, réussissant à ramener le scrutin présidentiel de deux à un tour. Autrement dit le chef de l’Etat sortant aurait droit à un deuxième scrutin, régi par la nouvelle disposition, proposée naguère par ses propres partisans ! Ce tour de passe-passe fait hurler l’opposition qui rappelle que le Conseil de sécurité avait entériné l’accord dit de la Saint Sylvestre, conclu le 32 décembre 2016 et qui prévoyait un nouveau scrutin auquel Kabila ne serait pas candidat.
Des enfants pris pour cibles
Ces querelles juridiques (voire casuistiques) se déroulent alors qu’à Kinshasa, les enfants de la rue sont victimes de rafles de plus en plus nombreuses. Il est vrai que la délinquance a augmenté dans la capitale et que les enfants de la rue en sont tenus pour responsables. Les responsables politiques craignent aussi que les « shegues » et autres « kulunas » soient utilisés dans des tentatives de déstabilisation. Afin de les neutraliser ou de les faire vivre dans la peur de la répression, des miliciens en civil ou des policiers masqués et cagoulés ont commencé à poursuivre les enfants de la rue dans les quartiers de la Gombe, de Victoire, de Bandal, proches du siège des institutions. C’est ainsi qu’un jeune de 18 ans a été froidement assassiné et qu’un gamin de 16 ans a été tué en face de la gare centrale. Etaient particulièrement visés les enfants qui avaient un certain ascendant sur leurs compagnons…Bientôt c’est au berceau que l’on décapitera l’opposition potentielle …

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Posté le 17/05/2018 par rwandaises.com