Ce livre est le récit d’un double voyage : celui d’un homme qui traverse le Sahara et qui, parallèlement, remonte le temps à travers l’histoire du concept d’extermination.
Dans de petits hôtels du désert battus par les sables, son étude se concentre sur une phrase du roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres : « Exterminez toutes ces brutes ! » Pourquoi Kurtz, le héros du livre, conclut-il par ces mots son rapport sur la mission civilisatrice de l’homme blanc en Afrique ? Que signifiaient-ils pour Conrad et ses contemporains ? Mêlant librement l’essai, l’autobiographie, la littérature et le carnet de voyage, cheminant à travers l’histoire des sciences et des idées, Sven Lindqvist retrace les fondements idéologiques qui justifièrent l’anéantissement de peuples entiers au nom du progrès et de la civilisation.

Ouvrage hautement original, troublant, Exterminez toutes ces brutes est un essai sur les origines du génocide (dans sa plus vaste acception), doublé d’un récit de voyage. Il s’agit ici de parcourir une sorte de géographie culturelle « occultée » – et terrifiante. En 169 courts chapitres, sur le mode des Pensées de Pascal, Sven Lindqvist retrace la généalogie d’une idée, d’une théorie, et d’une pratique résumée par le titre Exterminate all the brutes, phrase prononcée par Kurtz dans le roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres. D’où viennent ces paroles ? Pourquoi Conrad les prête-t-il au sinistre Kurtz ? Quelle réalité recouvrent-elles ? C’est ce que Sven Lindqvist entreprend de découvrir. Au fur et à mesure que l’auteur pénètre plus profondément à l’intérieur du continent africain, il s’enfonce dans un autre « cœur des ténèbres » : l’abondante littérature européenne du XIXe siècle justifiant l’anéantissement de peuples entiers au nom du « progrès » et de la « civilisation ».

Les faits que rapporte Lindqvist sont révoltants, mais ce qui l’est encore plus, c’est la manière dont ces faits ont été légitimés, voire glorifiés, dans la presse européenne de l’époque – avec toute la rhétorique, la théorisation qui ont entouré le phénomène de déclin et de disparition des races et des sociétés dites « inférieures ». Car l’Holocauste, dit Lindqvist, n’est pas une erreur unique dans l’Histoire.

L’Holocauste est né du rapprochement d’un antisémitisme séculier en Europe et d’un racisme plus général, et pour ainsi dire institutionnalisé, qui a accompagné la politique coloniale des puissances européennes dans le Tiers Monde, notamment en Afrique.

Préface de Patrick de Saint-Exupéry


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