Regarder l’Afrique et ne faire que demander de l’aide n’est pas dans l’intérêt des Africains. Il s’agit de l’ego des élites et des intellectuels qui croient avoir les solutions pour expliquer la pauvreté du continent.
L’Afrique a besoin d’un soutien établi et durable
Alors que la population et les économies de l’Afrique augmentent, les possibilités de développement se multiplient, les sociétés changent et les aspirations des Africains exigent de plus en plus une attention urgente.
D’autre part, la transition énergétique en Allemagne prévoit à l’avenir un système énergétique beaucoup plus efficace et interconnecté, un système qui, je le crois, permettra aux jeunes entrepreneurs africains en nouvelles technologies de tirer des enseignements et d’accélérer la croissance du secteur de l’énergie en Afrique.
Alors que de nombreuses start-up concevant des solutions durables émergent sur tout le continent, en particulier dans le secteur de l’énergie, l’Allemagne a une opportunité de se familiariser davantage avec l’Afrique pour mieux comprendre comment y investir. Elle devrait notamment proposer à l’Afrique ses solutions énergétiques et technologiques, et permettre aux entrepreneurs africains d’adopter des produits allemands qui peuvent remodeler et restructurer les économies énergétiques africaines.
Bien que les économies de certains pays de notre continent se soient considérablement développées ces dernières années, en raison notamment des développements du secteur de l’énergie, de la diversification de l’économie et des investissements étrangers soutenus, force est de constater que l’Afrique a encore beaucoup de chemin à parcourir.
Cela pose la question de savoir comment l’Afrique parviendra à la prospérité. La réponse – surement pas avec de l’aide monétaire.
Dans mon livre, « Des milliards en jeu : L’avenir de l’énergie et des affaires en Afrique », j’examine de manière très détaillée le thème de l’aide étrangère en tant que solution aux problèmes de l’Afrique car trop longtemps, des entités étrangères bien intentionnées sont intervenues pour nous fournir de l’aide et, ce faisant, nous ont piétiné par inadvertance. Et cela est principalement du au fait que les pays donateurs et les institutions étrangères ne comprennent pas suffisamment ce dont nous avons besoin et comment nous fonctionnons.
L’aide n’est pas une solution pour l’Afrique.
L’Afrique a besoin d’un soutien établi et durable. Nous avons besoin de développement des compétences, d’infrastructures clés, d’environnements viables et propices qui conduisent à des résultats et nous devons construire des économies énergétiques dynamiques qui apporteront des changements durables bénéfiques aux femmes et aux hommes africains.
Déterminé à promouvoir la coopération avec l’Afrique, à augmenter les investissements sur le continent et à améliorer le niveau de vie, le Sommet du Pacte du G20 avec l’Afrique de 2019 a débuté à Berlin cette semaine. Je pense que cette initiative de la chancelière Angela Merkel peut être efficace et profiter à la fois à l’Afrique et à l’Allemagne. Cependant, l’Allemagne (et d’autres pays étrangers regardant le continent) doit comprendre que l’Afrique est un véritable partenaire de développement et qu’en plus d’établir des relations avec les gouvernements, les entreprises africaines doivent également être impliquées. Elles sont également essentielles au développement.
Nous devons aller au-delà de l’aide.
Au fur et à mesure de l’émergence de l’Afrique sur la scène mondiale, elle profitera non seulement de ses relations avec l’Allemagne, mais pourra également contribuer aux objectifs de l’Europe occidentale, présentés par le Sommet Compact with Africa.
Alors que le continent compte près de 600 millions d’habitants sans accès à l’électricité, les défis de l’Afrique semblent insurmontables, alors même que le développement de l’accès à l’électricité peut libérer de nombreuses opportunités. Mais il y a de l’espoir. Alors qu’un certain nombre de pays africains développent et lancent des projets d’énergie renouvelable à grande échelle, d’autres tels que la Guinée équatoriale, le Sénégal et le Mozambique développent du gaz et lancent des projets de GNL classe mondiale. Le continent est déterminé à transformer et à diversifier son bouquet énergétique, prouvant qu’il est un partenaire digne, en particulier pour l’Allemagne.
Plus tôt cette année, le Forum des entreprises Allemagne-Afrique (GABF) a annoncé son engagement dans un fond de plusieurs millions d’euros en faveur d’investissements dans des start-up énergétiques allemandes axées sur l’Afrique. Cet engagement permet de financer des start-ups allemandes exposées à des projets énergétiques africains. Le rôle que ces entreprises allemandes du secteur privé peuvent jouer pour l’Afrique est de plus en plus mis en évidence. Les sociétés allemandes ESC Engineers et Noordtec, par exemple, ont collaboré avec Elite Construcciones en Guinée équatoriale sur le projet Akonikien – la première usine de stockage et de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL) de la région, en cours d’installation.
Faisant partie de l’initiative « GNL Pour l’Afrique » (LNG2Africa) lancée par le gouvernement équatoguinéen, ce projet a renforcé les efforts du pays pour monétiser les ressources en gaz par la création d’une infrastructure nationale de conversion du gaz, un secteur qui présente des opportunités majeures pour le secteur privé en Afrique, que ce soit pour la production d’électricité, de produits pétrochimiques ou d’engrais. C’est un véritable exemple de l’expertise allemande qui sert les meilleurs intérêts de l’Afrique.
La chancelière Angela Merkel a déclaré mardi qu’elle considérait l’investissement dans la croissance et le développement de l’Afrique comme une solution gagnante pour toutes les parties et a encouragé le gouvernement à ne pas parler de l’Afrique mais à « faire tout ce qui est en son pouvoir pour coopérer avec l’Afrique ».
Je suis d’accord avec ce point de vue, le continent a beaucoup à offrir et la collaboration est essentielle pour l’avenir de l’Afrique. Nous n’avons pas besoin de solutions rapides, nous avons besoin de capitaux et de technologies reposant sur un travail acharné, une diligence pointue et une exécution solide pour avoir un impact. Nous ne pourrons y parvenir que par la reconnaissance et la collaboration, et non par les mêmes stratégies éprouvées d’aide qui n’ont pas été très utiles.
NJ Ayuk est le PDG de Centurion Law Group et le président de la Chambre africaine de l’énergie. Son expérience dans la négociation d’accords sur le pétrole et le gaz lui a permis d’acquérir une connaissance approfondie du paysage énergétique africain. Il est l’auteur de « Des milliards en jeu : L’avenir de l’énergie et des affaires en Afrique ».