La formidable croissance démographique africaine et les politiques de développement partout à l’oeuvre mettent en exergue l’importance de l’éducation supérieure pour le siècle qui s’ouvre. Réseau international








Les universités s’y préparent, partout sur le continent. Une place modeste dans la compétition mondiale qui cache un foisonnement d’initiatives et un dynamisme bien réels : c’est ainsi qu’apparaît aujourd’hui la situation des universités en Afrique.

À l’échelle du monde, l’Afrique reste un acteur mineur dans la guerre que se livrent les universités pour attirer les meilleurs cerveaux. Cette année, 15 universités africaines figurent parmi les 500 meilleures au monde, dans un classement de Shanghai toujours dominé par les États-Unis. Quatre pays sont représentés : la Tunisie, le Nigéria, mais surtout l’Égypte et l’Afrique du Sud, qui placent respectivement cinq et huit établissements dans le top 500. Seule à figurer dans le top 300, l’Université du Cap serait par conséquent la meilleure d’Afrique, selon les critères du cabinet indépendant Shanghai Ranking Consultancy, en charge de ce classement très commenté.

Ces critères accordent une grande importance aux performances scientifiques : nombre de Nobel et médailles, nombre de citations et d’articles dans les revues de référence. Un mode de calcul qui survalorise les parties du monde les plus développées. Avec 35 chercheurs par million d’habitants contre près de 2 500 en Europe et plus de 4 000 aux États-Unis (chiffres de la Banque africaine de développement), l’Afrique est « encore loin », reconnaît Le Monde.

Des capacités d’accueil saturées

Mais dans la série de portraits consacrés par le quotidien à ces chercheuses qui « montrent la voie à suivre », on mesure l’ambition et l’envie qui traversent aujourd’hui le continent. 200 000 étudiants préparent actuellement un doctorat, dont 160 000 dans des établissements africains.

Etudiants de Lumen Vitae dans leur auditoire – Crédits : Fossion-Wikimedia


Selon Larissa Kojoué, chercheuse au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM), à Bordeaux, ce chiffre en pleine croissance tient davantage à des « dynamiques individuelles que collectives ». Car les difficultés demeurent, liées à la précarité des économies et au manque de maturité des universités, notamment en Afrique centrale. L’absence de moyens pour bâtir des laboratoires efficaces, par exemple dans les sciences dures, est pointée du doigt.

Les capacités d’accueil aussi pourraient constituer un frein pour l’avenir, vu le nombre croissant d’aspirants diplômés. À ce titre, le privé apparaît comme une alternative pour des milliers d’étudiants. Le nombre d’établissements privés est passé de 30 à 1 000 en zone subsaharienne entre 1990 et le milieu des années 2010. Dans des pays comme le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Congo et l’Ouganda, les effectifs des établissements d’enseignement supérieur privés ont triplé, voire quadruplé, ces dix dernières années, comme l’indique le rapport 2018 de la Banque mondiale.

Parmi les acteurs particulièrement dynamiques, on trouve Lucas University. Déjà présente en Europe, cette université privée compte plusieurs établissements en Afrique avec la promesse de professeurs prestigieux, de partenariats d’apprentissage avec les milieux économiques et de frais d’inscription accessibles. Un bémol cependant : lieux d’enseignement davantage que de recherche, les universités privées ne sauraient constituer l’unique solution au développement d’un système universitaire à même de rivaliser avec le reste du monde.

Une attractivité qui dépasse les frontières

Malgré ce paysage contrasté, les universités africaines sont porteuses de suffisamment de promesses pour attirer des étudiants venus d’autres horizons. On connaît la propension des diasporas africaines à envoyer leurs jeunes les plus brillants étudier sur d’autres continents, dans l’espoir qu’ils reviennent contribuer au développement de leur pays d’origine. Moins connu est le phénomène des étudiants étrangers qui choisissent d’étudier en Afrique, dans le cadre d’un échange universitaire, et qui parfois décident d’y rester.

Parmi eux des Français, à qui le journal Le Monde a donné la parole. Pas de surprise, au regard de leur réputation, à retrouver l’Afrique du Sud parmi leurs destinations favorites. Mais c’est le Maroc qui a connu « une explosion des arrivées, avec 485 étudiants en 2017 contre 55 quatre ans plus tôt ». Un chiffre encore modeste au regard des échanges avec le Canada, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, mais qui surprend par sa tendance à la hausse. Tous les témoins interrogés insistent sur la richesse de leur expérience sur place, avec des opportunités qui n’existent nulle part ailleurs, sur un continent dynamique et plein d’avenir.

Un signe encourageant pour l’attractivité d’un système universitaire en pleine mutation.