Message du Président d’Ibuka France, Marcel Kabanda, au Maire de Strasbourg , lu par Jeanne Kayigirwa Allaire, sa représentante à la cérémonie.





La date du 27 janvier est dédiée à la mémoire des génocides. Ibuka France salue la mémoire des victimes du génocide des Arméniens, de la Shoah et des Tutsi. L’inauguration d’une stèle en la mémoire des victimes du génocide commis contre les Tutsi au Rwanda répond parfaitement à l’appel de la Communauté internationale à une prise de conscience des menaces contre l’humanité et à semer dans les esprits les graines des défenses de la paix, à savoir, la solidarité, la fraternité, la responsabilité….

Cette belle stèle est le fruit d’une histoire, d’un travail que nous tenons à saluer. Notre premier salut va à l’association Amariza d’Alsace et à tous ses membres qui ont été la cheville ouvrière de cet évènement. Nous pensons aussi à toutes les personnes qui travaillent depuis des années à transmettre la mémoire et l’histoire du génocide des Tutsi dans cette région de France mais qui se trouve au cœur de l’histoire tourmentée de l’Europe mais aussi, et ceci est important, de la géographie d’un continent réconcilié.

Il y a exactement deux ans, le 27 Janvier 2018, nous avons inauguré une plaque avec le Maire de Lutterbach (68460) en mémoire des victimes de tous les génocides et crimes contre l’humanité. Aujourd’hui, c’est dans la capitale de l’Alsace qu’une stèle en hommage aux victimes tutsi est installée. Comme une tâche d’huile, la connaissance de l’histoire de ce génocide prend de l’ampleur. Nous espérons en retour, un recul de l’indifférence, du déni et du négationnisme.

Enfin, nous tenons à dire un grand merci à Monsieur le Maire de Strasbourg, Monsieur Roland Ries ainsi qu’à vos collaborateurs. Lorsque nous l’avons rencontré à Kigali en juin dernier à l’occasion de la réunion du bureau de l’Association des Maires francophones, il a promis de faire participer la Ville de Strasbourg à l’hommage que d’autres villes de France ont déjà commencé à rendre à la mémoire du génocide des Tutsi du Rwanda. Il l’a fait. Qu’il soit remercié. En effet, son geste va au-delà des Tutsi, du Rwanda et des Rwandais. C’est l’ensemble de la population de Strasbourg qu’il fait rentrer dans le combat pour protéger l’humanité.

Pour terminer, cette ville a maintenant un héritage. Elle a le devoir de l’entretenir et de le faire fructifier. En raison de son ancrage dans l’histoire et dans la géographie de l’Europe, nous attendons d’elle qu’elle participe au déploiement de cet héritage au-delà des frontières hexagonales. Ce n’est pas un héritage comme les autres. Il s’agit de la mémoire d’un moment de grande rupture de l’humanité. Notre appartenance à cette même humanité nous demande de ne pas oublier ces moments, de garder et de transmettre la mémoire de celles et ceux qui en ont été directement victimes. Certes, la rupture a affecté des individus dans un espace particulier, mais elle nous concerne tous quelque soit le lieu où nous puissions nous trouver. A cet égard, je me dois de relayer le message que nous a transmis le 22 janvier dernier un rescapé de la Shoah : ne jamais laisser personne seule, même dans l’enfer, la solidarité peut rendre la vie possible (libre traduction). Communier à la mémoire des victimes d’un crime commis loin de nous, participer à sa transmission, est sans doute la meilleure manière d’apprendre aux jeunes que la solidarité humaine relève de l’absolu.

http://www.rwanda-podium.org