Le président Tshisekedi, vient de confier le commandement de la garde républicaine au général de division Christian Tshiwewe Songesha. Un nouveau coup dans le jeu d’échecs qu’il joue avec l’ancien président Kabila. Par Stanis Bujakera Tshiamala





Il s’agit d’un jeu de poker à enjeux élevés. Le 22 avril, lorsqu’il a rendu publique la nouvelle organisation de la Garde républicaine (GR), Félix Tshisekedi a surpris en limogeant le général Gaston Hugues Ilunga Kampete.

Allié clé de la sécurité de Joseph Kabila, mis sous sanction par l’Union européenne, Kampete dirigeait cette unité des forces armées chargée d’assurer la sécurité du président et de sa famille depuis 2014.

Le président congolais a de nouveau surpris en annonçant son remplacement: Christian Tshiwewe Songesha, 51 ans.

Présenté comme un homme réservé, confiant, loyal et surtout très efficace, le nouveau « Mr. Sécurité » du Président de la République a la pleine confiance de Félix Tshisekedi.

« Cette position hautement stratégique requiert la confiance totale du chef de l’Etat », a commenté une source du renseignement congolais. « La nomination du général de division Christian Tshiwewe à la tête de la sécurité présidentielle est un signe de la confiance que le président a en lui », a ajouté un membre de l’entourage de Félix Tshisekedi.

« Il est apprécié par les troupes, principalement katangaises, qui le considèrent comme un bon chef militaire, humain, courtois et discipliné. Sur la base de ces éléments, on peut dire qu’il a le profil pour diriger le RG, dont il était numéro 2 avant sa nomination », explique Jean-Jacques Wondo, analyste des questions militaires.

Du commandant au général de division

Christian Tshiwewe Songesha est né le 27 octobre 1968 à Lubumbashi, dans l’actuelle province du Haut-Katanga. Il est originaire de la province de Lualaba. A trente ans, en 1998, il est l’un des premiers officiers de rangers formés au Soudan après le départ de Mobutu, chassé du pouvoir par Laurent Désiré Kabila.

De 1999 à 2000, il a suivi le cours de commandement d’état-major «Mura» (l’autre nom de la Garde républicaine) à Likasi, dans l’actuelle province du Haut-Katanga, et a reçu le certificat d’état-major pour ses études en Angola.

De retour en RDC, il faisait partie des étudiants plus pointus qui ont participé au cours de commandant de brigade au Centre militaire supérieur de Kinshasa entre 2003 et 2004. Formé à la lutte contre le terrorisme par les Israéliens en Angola, Christian Tshiwewe Songesha a suivi des cours au Collège supérieur Études militaires et stratégies de défense à Kinshasa.

En même temps, il gravit patiemment la hiérarchie militaire.

Nommé commandant de la 10e Brigade Mura à Kinshasa en 2003, il a été nommé commandant du 13e Régiment de la Garde républicaine à Lubumbashi de 2007 à 2011. À son retour à Kinshasa en 2011, il a été nommé commandant adjoint en charge des opérations et du renseignement des le RG de 2014 à 2020, jusqu’à ce que Félix Tshisekedi le promeuve au grade de major général.

Fidélité et responsabilité

Félix Tshisekedi l’a remarqué lorsqu’il a organisé le voyage du président de la République, principalement dans la ville de Kinshasa.

« La confiance s’est accrue au fil des jours et des semaines. Et même au sein de la famille biologique du président, il a du soutien », explique une autre source dans l’entourage du président.

« Le défi pour Tshisekedi était de confier la sécurité à un homme en qui il avait confiance. Bien que Tshiwewe n’ait pas d’antécédents particuliers avec le président dans le passé, le fait qu’il soit nommé par le président lui confère des obligations de loyauté et de responsabilité », explique une autre source du renseignement.

« Sa fidélité au nouveau président sera attendue en cas de conflit entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. [Ce dernier] lui a permis d’être en charge des opérations et des renseignements du GR pendant une période très critique, entre 2014 et 2020, au cours de laquelle le GR a été directement accusé de graves violations des droits humains », explique Jean-Jacques Wondo.

Depuis son arrivée au pouvoir, Félix Tshisekedi tente de reprendre le contrôle de l’armée, dont les chefs ont été nommés par Joseph Kabila. Depuis le début de 2020, plusieurs cadres militaires ont fait l’objet d’audiences, voire de licenciements.

Ce fut notamment le cas du général Delphin Kahimbi, chef du renseignement militaire, décédé le 29 février dans des circonstances encore incertaines et toujours sous enquête, et du général Muhindo Akili Mundos.

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