Chargé de fermer la cathédrale de Nantes vendredi soir, un bénévole du diocèse rwandais a été placé en garde à vue samedi. Par Marie-Estelle Pech
La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes. SEBASTIEN SALOM-GOMIS/AFP
Emmanuel, un bénévole du diocèse de Nantes a passé la nuit de samedi 18 à dimanche 19 juillet en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur l’incendie dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, a indiqué au Figaro le procureur de la République, Pierre Sennès, qui «ne sait pas encore si sa garde à vue sera prolongée ce dimanche après-midi».
Cet homme d’une trentaine d’années, un Rwandais de confession catholique «était chargé de fermer la cathédrale vendredi soir et les enquêteurs voulaient préciser certains éléments de son emploi du temps», indique le procureur. D’autant plus que quelques contradictions ont pu être constatées dans ses propos. Les enquêteurs interrogent également cet homme «sur les conditions de fermeture de la cathédrale», a ajouté le procureur.
Ce que l’on sait de l’incendie qui a frappé la cathédrale de Nantes
Un incendie s’est déclaré samedi 18 juillet au matin à l’intérieur de la cathédrale de Nantes. Pendant plus de deux heures, 104 pompiers ont tenté de maîtriser les flammes de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul.
Il était apparemment seul pour fermer les portes à 19 heures, vendredi. Il était donc en possession de toutes les clefs. Or, on sait qu’aucune trace d’effraction n’a été observée dans le bâtiment. Le magistrat souligne cependant que «toute interprétation qui pourrait impliquer cette personne dans la commission des faits est prématurée et hâtive. Il faut rester prudent quant à l’interprétation de cette garde à vue, c’est une procédure normale», ajoutant que la piste d’un accident, éventuellement électrique, est toujours étudiée au même titre que l’hypothèse criminelle.
Arrivé du Rwanda il y a quelques années, l’homme est suivi et hébergé par le Diocèse, comme d’autres personnes. Il cherchait à faire renouveler son visa et «était en discussion avec la Préfecture sur ce point», précise le procureur. «Je ne crois pas une seconde qu’il aurait pu incendier la cathédrale. C’est un lieu qu’il adore, indique Jean-Charles Nowak, clerc de la cathédrale. C’est un homme de devoir, très gentil, souriant mais plutôt taiseux. Je sais qu’il a beaucoup de problèmes de santé et qu’il a beaucoup souffert au Rwanda. Il a rendu service au Père Champenois qui n’avait personne pour servir la messe le samedi soir. Il était donc également régulièrement servant de messe». Interrogé par Le Figaro au sujet de cet homme qu’il a toujours beaucoup soutenu, le père Champenois s’est refusé «à tout commentaire».
Des experts incendie du laboratoire de police scientifique et technique de Paris sont arrivés samedi soir mais ils attendent encore le feu vert des pompiers pour accéder à la plateforme où se trouvait le grand orgue, qui a été détruit par les flammes samedi matin. «On espère le faire dans la journée», a indiqué Pierre Sennès. S’il a ouvert une enquête pour «incendie volontaire» c’est parce que «trois points de feu distincts» ont été constatés par les pompiers à leur arrivée, vers 8 heures du matin. «Entre le grand orgue, qui est sur la façade et les autres feux, vous avez quasiment les deux tiers de la cathédrale», note-t-il. Ces trois départs de feu dont on ne sait toujours pas s’ils sont concomitants ou successifs étaient tous situés à côté d’installations électriques. Ce qui pourrait aussi faire penser à un problème de défaillance électrique.
L’incendie qui a touché la cathédrale gothique de Nantes, déjà ravagée en 1972 par un incendie ayant brûlé sa charpente, a causé un grand émoi samedi, plus d’un an après le feu à Notre-Dame de Paris. Le premier ministre Jean Castex, accompagné de Gérald Darmanin et Roselyne Bachelot, s’est rendu samedi après-midi à Nantes, rendant hommage «au dévouement et au très grand professionnalisme de la grosse centaine de sapeurs-pompiers qui ont été mobilisés dès le début du sinistre et qui l’ont géré avec une efficacité remarquable».