La Côte d’Ivoire se dirige vers une élection à haut risque

 (Agence Ecofin) – Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a mis fin au suspense en annonçant officiellement son intention de briguer un troisième mandat présidentiel. Prévue initialement pour le 31 octobre 2020, l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire s’annonce à haut risque eu égard à certains facteurs.

Dans un discours très attendu prononcé ce jeudi 6 août, la veille de la fête nationale en Côte d’Ivoire, le président sortant, Alassane Ouattara (photo), a mis fin au suspense en annonçant officiellement son intention de briguer un troisième mandat présidentiel.

« Les récents événementstragiques avec le décès du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, laissent un vide […]. Face à ce cas de force majeure et par devoir citoyen, j’ai décidé́ de répondre favorablement à l’appel de mes concitoyens me demandant d’être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Je suis donc candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 »a déclaré Alassane Ouattara.

A travers cette décision qu’il estime « mûrement réfléchie », le président sortant revient ainsi sur son annonce faite il y a quelques mois de ne pas être candidat à l’élection présidentielle. « Je voudrais annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », avait-il déclaré solennellement le 5 mars dernier.

Cette intention d’Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat présidentiel fait par ailleurs fi des débats sur son éligibilité. Contrairement à l’opposition ivoirienne qui affirme que la Constitution ne lui permet pas de candidater pour un troisième mandat, le président sortant a encore soutenu lors de son discours que celle-ci lui en donne l’autorisation.

Vers une élection à haut risque

Vraisemblablement, la Côte d’Ivoire se dirige vers une élection à haut risque. En effet, malgré une décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) ordonnant de réformer la Commission électorale, le président Alassane Ouattara estime quant à lui qu’elle « ne remet pas en cause la loi instituant la CEI [Commission électorale – Ndlr] ». Tout en soutenant qu’il est « impératif que cette échéance électorale [31 octobre – Ndlr] soit respectée ».

Des propos qui laissent clairement penser que la réforme décidée par la CADHP ne sera pas effectuée. Posant ainsi le risque de se diriger vers une élection présidentielle organisée par une Commission électorale non conforme aux exigences de la Cour africaine et dont les résultats pourraient, de ce fait, faire l’objet de contestations. Une situation qui laisse présager l’éventualité d’une nouvelle crise post-électorale dans le pays.

Déjà, certaines formations politiques ont commencé à indexer cette Commission. Par exemple, le GPS de Guillaume Soro a appelé à un audit international de la liste électorale qu’il estime peu transparent et susceptible d’être un élément de fraude.

Par ailleurs, ce jeudi, des dizaines de manifestants de l’opposition voulant organiser un sit-in devant le siège de la Commission ont été dispersé à coups de gaz lacrymogènes par la police. Ils protestaient contre le retrait de l’ancien président Laurent Gbagbo de la liste électorale, l’éliminant de facto de la course à la présidence au cas où il devrait lui aussi répondre à l’appel d’une partie de ses partisans. Le retrait de la liste électorale concerne également Charles Blé Goudé et Guillaume Soro.

A moins de trois mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, la situation s’annonce de plus en plus tendue avec des risques évidents de dérapage dans les prochaines semaines.

Borgia Kobri

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