« Je viens reconnaître nos responsabilités ». Macron au Mémorial du génocide de Gisozi à Kigali. Lors de sa visite tant attendu et scrutée de partout, le 27 et 28 mai 2021, dans la capitale rwandaise, Macron a prononcé un discours historique au cours duquel il a reconnu officiellement et pour la toute première fois, le rôle joué par la France dans le génocide contre les tutsis. 

Si ce discours est jugée courageux par certains, salué par la plupart des grands médias en France, la politique de reconnaissance de Macron est loin de faire l’unanimité. Et il n’y a pas que le dossier Rwanda qui hérisse les poils au pays de Montesquieu. En effet, il a ouvert plusieurs chantiers.

Déjà en 2017, alors qu’il n’était que candidat, il avait effectué une visite en Algérie, qui avait provoqué une vive polémique à Paris. Il avait qualifié la colonisation de “crime contre l’humanité”. Et l’assumait en déclarant : “Ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes”. Mais on lui tomba dessus.

En visite à Ouagadougou, le 28 novembre 2017, à la surprise générale, il avait promis de restituer le patrimoine culturel africain spolié pendant la colonisation. 

Macron a eu refait appel aux historiens à deux reprises et sur des sujets à fleurs de peau. Cette sollicitation avait pour but de régler une question mémorielle par des experts scientifiques. Ce qui était plutôt bien salué et comportait en elle-même une démarche respectable : obtenir une lecture universitaire plutôt que la version officielle concoctée dans un cabinet ministériel.

Bien plus, il y a cette volonté de reprendre une coopération bilatérale par une démarche transparente et une mise à plat plutôt que par l’oubli, les faux semblants ou le déni.

D’entrée, Mélenchon, president du parti « Les Insoumis » classé « extrême gauche » a dit qu’il « partageait » la reconnaissance par Macron des « responsabilités » de la France dans le génocide contre les tutsis.

Tout le contraire de Marine Le Pen, présidente du parti d’extrême droite, qui critique ostensiblement ce qu’elle fustige en France, la fameuse « repentance ». Elle n’est pas la seule à abusé de ce vocable.

Dans un communiqué, Mme Le Pen exprime son indignation en ces termes : « La France est respectée quand elle se grandit, pas quand elle s’abaisse, quand elle propose, incite, guide, offre un chemin et des perspectives, un avenir. Pas quand elle se flagelle pour des fautes qui ne sont pas les siennes. »

Pendant que sa nièce, Marion Marechal Le Pen diffuse l’article d’Hubert Védrine paru dans un journal d’extrême droite. Cet ancien Secrétaire Général de l’Elysée au moment du génocide contre les tutsis était au paravent conseiller diplomatique de Mitterrand.

Jospin le reprendra comme ministre des affaires étrangères de 1997 à 2002. A Paris, il apparait comme le « gardien du temple » de l’héritage de Mitterrand pour rien au monde, il n’acceptera les responsabilités d’autant que les archives indiquent qu’il a personnellement joué un rôle dans l’entourage de Mitterrand.

Juppé, ministre des affaires étrangères lors du génocide, il a depuis la sortie du rapport Duclert révisé son opinion : « Nous n’avons pas compris qu’un génocide ne pouvait supporter des demi-mesures » Il partage la conclusion du rapport Duclert et déclare reconnaître l’aveuglement de la France au début des massacres lorsqu’elle a dans un premier temps retiré ses troupes : « Nous n’avons pas mesuré que nous abandonnions des centaines de milliers de Tutsi promis à la mort…. Nous n’avons pas imaginé que nos forces auraient pu, à condition d’avoir le soutien des parachutistes belges, des commandos italiens, des marines américains, tous associés aux casques bleus, s’opposer aux tueurs, protéger les victimes. »

Il bat sa coulpe et pointe sa responsabilité personelle : « J’ai commis l’erreur de croire la réconciliation encore faisable en mai-juin-juillet 1994, alors que l’horreur du génocide déclenché en avril la rendait impossible. »

Quant à l’ancien ministre de la défense sous Mitterrand, Paul Quilès, qui présida la mission parlementaire sur le Rwanda en 1998, dans une fausse indignation, il s’exprime ainsi : « Il est choquant que Macron se rende au Rwanda se rapprocher de Kagame ». Un véritable hors sujet mais qui s’inscrit dans le déni.

Pour sa part, Bernard Caseneuve, rapporteur de la mission parlementaire sur le Rwanda en 1998, ancien Ministre de l’intérieur puis Premier Ministre de François Hollande, il reconnait « un discours du Président équilibré, fort et juste »

Parmi les intellectuels, on peut retenir la leçon de Frédéric Charillon qui estime qu’« inviter la mémoire à venir en aide à la diplomatie n’est pas chose aisée. Faire de celle-ci un instrument de réconciliation ou de détente est possible, mais difficile. En faire un instrument de mobilisation ou de tension est hélas beaucoup plus simple ».

Pour mémoire, en 1995, lorsque Chirac reconnait la responsabilité de la France dans la déportation des juifs, il heurte les tenants de cette image traditionnelle de la nation tendant à la sacralisation de l’ « infaillibilité de la France ».

La secousse provoquée par la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français témoigne d’un profond malaise sur certains sujets dans la société que sont l’esclavage, la colonisation, la collaboration avec l’occupant nazi, la françafrique et le racisme.

Au niveau de l’échiquier politique, la gauche a toujours pratiqué la politique de l’autruche sur ces sujets, refusant obstinément d’ouvrir cette page douloureuse et de la regarder en face.

Tandis que la droite fait montre de crispation identitaire à chaque fois qu’il faut les évoquer en voulant plaire à son électorat plutôt catholique traditionnelle.

Pour ce qui est de l’extrême droite, c’est le parti qui prône ouvertement la xénophobie, le racisme, l’antisémitisme avec la phrase choc de Le Pen « les chambres à gaz sont un détail de l’histoire » mais aussi anti- immigration.

Je vous invite à lire le point de vue d’Hubert Védrine, ancien conseiller diplomatique de Mitterrand et ex ministre des affaires étrangères, sur l’affaire du génocide rwandais.
Une analyse de bon sens après l’énième acte de repentance d’@EmmanuelMacron Macron au Rwanda. pic.twitter.com/gsuibOGjSd

— Marion Maréchal (@MarionMarechal) May 28, 2021

Je vous invite à lire le point de vue d’Hubert Védrine, ancien conseiller diplomatique de Mitterrand et ex ministre des affaires étrangères, sur l’affaire du génocide rwandais.
Une analyse de bon sens après l’énième acte de repentance d’@EmmanuelMacron Macron au Rwanda. pic.twitter.com/gsuibOGjSd

— Marion Maréchal (@MarionMarechal) May 28, 2021

Le grand-père de Marion Maréchal avait qualifié les chambres à gaz nazies de « détail de l’Histoire ». Aujourd’hui, elle recommande un article d’une revue d’extrême droite dans lequel un socialiste défend le soutien d’un Président socialiste à un régime génocidaire. Très cohérent ! https://t.co/IuSFOBJkb4

— Olivier J.P. Nduhungirehe (@onduhungirehe) May 29, 2021

Quand tu lis Védrine sur la France victime des « fake news » du Président Rwandais, t’es à deux doigts de réclamer des réparations pour la France au Rwanda… @franceinter https://t.co/2f9xyKhyot

— sophia aram (@SophiaAram) May 31, 2021

Hubert Védrine a les admiratrices qu’il mérite, ayant choisi Eléments, publication ultra raciste, pour exprimer son négationnisme. https://t.co/CQyBxS5bYp

— Fabrice Riceputi (@campvolant) May 29, 2021

Hubert Védrine a les admiratrices qu’il mérite, ayant choisi Eléments, publication ultra raciste, pour exprimer son négationnisme. https://t.co/CQyBxS5bYp

— Fabrice Riceputi (@campvolant) May 29, 2021

#Rwanda : Merci à ⁦@SophiaAram⁩ de rappeler, avec une ironie mordante, que nous ne pouvons plus accepter les propos négationnistes de Hubert Védrine, ni regretter que les « médias ne soient pas tenus comme autrefois »
Et oui, l’impunité c’est terminé https://t.co/G48JQ0b6h0

— Guillaume ANCEL 🌊 (@guillaume_ancel) May 31, 2021

Je vous invite à lire le point de vue d’Hubert Védrine, ancien conseiller diplomatique de Mitterrand et ex ministre des affaires étrangères, sur l’affaire du génocide rwandais.
Une analyse de bon sens après l’énième acte de repentance d’@EmmanuelMacron Macron au Rwanda. pic.twitter.com/gsuibOGjSd

— Marion Maréchal (@MarionMarechal) May 28, 2021

« Hubert #Vedrine, l’audacieux » !

Excellent billet de @SophiaAram sur @franceinter👌🏾

Le billet de Sophia Aram via @franceinter https://t.co/LwcfBPX7QS

— Olivier J.P. Nduhungirehe (@onduhungirehe) May 31, 2021

Redigé par Tite Gatabazi Le 4 juin 2021

https://www.igihe.com/