Le laboratoire allemand va examiner la possibilité de produire des vaccins au Rwanda et au Sénégal. Que faut-il espérer ? © Nabil Zorkot pour Jeune Afrique Laboratoire et usine de production de médicaments Cipharm, près d’Abidjan, le 9 octobre 2013.

La réunion s’est tenue le 27 août à Berlin en marge du sommet du G20 « Compact with Africa », organisé cette année par l’Allemagne. Autour de la table de négociation étaient notamment présents les présidents rwandais et sénégalais Paul Kagame et Macky Sall ainsi que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le cofondateur et président de BioNTech, l’Allemand Uğur Şahin.

BioNTech a annoncé dans un communiqué « la mise en place potentielle de solutions de fabrication au Rwanda et au Sénégal ». La décision a été saluée par les présidents rwandais et sénégalais sur les réseaux sociaux, Paul Kagame parlant d’« un tournant dans l’équité en matière de vaccins ».

Il faut cependant noter qu’au stade actuel, le projet de BioNTech reste encore hypothétique.

Les vaccins à ARM messager contre la malaria et le paludisme dont il est question dans le communiqué n’en sont en effet qu’au stade de la recherche, le laboratoire devant lancer les essais cliniques l’an prochain. En outre, BioNTech a pour le moment simplement « convenu (…) d’évaluer la mise en place de capacités durables de fabrication de vaccins au Rwanda et au Sénégal ».

3,8 % de la population rwandaise a reçu les deux doses de vaccin

Pour l’heure, seule la production de vaccins avec la société sud-africaine Biovac est confirmée. Mais cela concerne uniquement le remplissage et la finition du vaccin conçu par BioNTech et l’américain Pfizer contre le Covid-19. Contacté par Jeune Afrique au sujet de ses ambitions au Rwanda et au Sénégal, le laboratoire allemand n’était pas disponible immédiatement pour répondre à nos questions.

Inégalités choquantes

La société pharmaceutique allemande BioNTech a jusqu’ici surtout envoyé des vaccins. Plus de 100 000 doses de vaccins Pfizer/BioNTech ont été envoyées dans le cadre de l’initiative Covax en mars 2021 au Rwanda, qui était devenu le premier pays du continent à recevoir le vaccin germano-américain. Ces doses étaient destinées en priorité au personnel soignant et aux personnes considérées comme à risque. Selon les dernières données de l’université américaine John Hopkins, 3,8 % de la population rwandaise a reçu les deux doses de vaccin.

40 millions de doses de vaccin doivent être fournies à 92 pays de faible et moyen revenu

Le Sénégal a, lui, principalement reçu des doses du vaccin Astrazeneca, envoyées notamment par la France et le Royaume-Uni. Environ 3,5 % de sa population est complètement vaccinée.

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BioNTech s’est engagé en début d’année avec son partenaire américain Pfizer à fournir au total 40 millions de doses de vaccin à 92 pays de « faible et moyen revenu » dans le cadre de l’initiative internationale Covax.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, dénonçait le 24 août ces « inégalités choquantes d’accès aux vaccins ». Car si le continent importe la quasi-totalité de ses vaccins, il figure parmi les plus touchés par la malaria et le paludisme : selon l’OMS, en 2019 25 % des nouveaux cas de tuberculose étaient recensés en Afrique subsaharienne (au Nigeria et en Afrique du Sud notamment), alors que ce chiffre était de 94 % pour le paludisme, toujours en 2019.

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