En réponse au rapport de l’organisation Human Right Watch (HRW) sur les tribunaux gacaca, rendu public ce mardi, le gouvernement rwandais fait part de son indignation. Le rapport qualifie de « mitigés » les résultats de ces tribunaux qui ont permis au Rwanda de juger des centaines de milliers de suspects du génocide dans un temps record.

« Depuis leur création les Tribunaux Gacaca ont permis aux parents des suspects du génocide de s’asseoir côte à côte avec les survivants et de juger équitablement ceux qui ont commis des crimes. Grâce aux Gacaca nous avons été en mesure de juger et de résoudre plus de 1 million de dossiers, une grande réussite qui aurait été impossible autrement », a déclaré, le ministre de la justice, Tharcisse Karugarama, à travers un communiqué rendu public presqu’en même temps que le rapport décrié.

Le rapport de 160 pages démarre avec un titre, un brin sensationnel, qui ne manquera pas de susciter un débat : « Justice compromise : L’héritage des tribunaux communautaires gacaca du Rwanda ».

Le gouvernement rwandais estime honteux que HRW ait choisi encore une fois un titre sensationnel pour accrocher les couvertures des medias plutôt que refléter la réalité. « Ce titre déforme l’image des [tribunaux] Gacaca », s’insurge le gouvernement rwandais à travers un communiqué du ministère de la justice.

Le rapport en question interpelle le Rwanda sur la nécessité de mettre en place des unités spécialisées au sein du système judiciaire national afin d’examiner les allégations d’erreurs judiciaires commises dans les procès gacaca.

Selon HRW, Le rapport est basé sur l’observation de plus de 2 000 jours de procès devant les juridictions gacaca, sur l’examen de plus de 350 affaires, et sur des entretiens avec des centaines de participants de toutes les parties prenantes du processus gacaca, notamment des accusés, des rescapés du génocide, des témoins, d’autres membres de la communauté, des juges, ainsi que des autorités locales et nationales.

« L’expérience ambitieuse du Rwanda dans la justice transitionnelle laissera un héritage mitigé », a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique àHuman Rights Watch. « Les tribunaux ont aidé les Rwandais à mieux comprendre ce qui s’est passé en 1994, mais dans de nombreux cas des procès défectueux ont conduit à des erreurs judiciaires ».

Alors que HRW parle de résultats mitigés des gacaca, le gouvernement rwandais quant à lui se félicite du travail abattu par ces juridictions.

Le 20 mai, quand il a annoncé la clôture des tribunaux gacaca au mois de décembre prochain, le ministre de la justice, Tharcisse Karugarama, avait déclaré : « Nous sommes heureux d’avoir un système unique qui répond aux besoins de notre peuple ; il peut ne pas être parfait pour d’autres nations mais il nous aide beaucoup », a-t-il conclu Karugarama.

HRW reconnaît que le gouvernement rwandais a été confronté à des défis énormes dans la création d’un système qui pourrait traiter rapidement des dizaines de milliers d’affaires d’une manière qui serait largement acceptée par la population. Ce système a obtenu certaines réussites, concède HRW.

En guise de succès le rapport parle de la tenue de procès rapides avec la participation populaire, une réduction de la population carcérale, une meilleure compréhension de ce qui s’est passé en 1994, la localisation et l’identification des corps des victimes et un éventuel assouplissement des tensions entre les différentes composantes de la population rwandaise.

Mais, fidele à sa philosophie, HRW ne traine pas sur les succès. Comme à son habitude l’organisation charge le Rwanda en affirmant avoir constaté un large éventail de violations de procès équitable.

Selon l’organisation américaine des droits de l’homme, il s’agit notamment de restrictions sur la capacité de l’accusé à établir une défense efficace ; d’éventuelles erreurs judiciaires dues à l’utilisation de juges n’ayant en grande partie pas bénéficié de la formation nécessaire ; de fausses accusations, dont certaines basées sur la volonté du gouvernement rwandais de faire taire les critiques.

Nulle part dans le rapport il n’est mentionné de façon claire que beaucoup de juges des gacaca ont été emprisonnés ou demis de leurs fonctions pour corruption et autres comportements compromettants.

Les tribunaux communautaires sont appelés gacaca – « gazon » dans la langue du pays, le kinyarwanda, se référant à l’endroit où les communautés se réunissaient traditionnellement pour régler les différends.

http://www.rwandagateway.org/fr/spip.php?article803

Posté par rwandaises.com