Combats/RDC: Kigali dément la capture de l'un de ses soldats sur le sol congolais
(Le Monde 10/10/2008)
L'armée rwandaise a vigoureusement démenti jeudi la capture de l'un de ses officiers par l'armée de la République démocratique du Congo (RDC), comme l'avait annoncé peu auparavant le ministre congolais des Affaires étrangères à Kinshasa.
Le porte-parole de l'armée rwandaise, le major Jill Rutaremara, a refuté l'annonce du ministre congolais Antipas Mbusa Nyamwisi, selon qui "il y a des preuves réelles de l'implication du Rwanda dans les combats qui opposent notre armée aux éléments du CNDP (Conseil national pour la défense du peuple)".
Le chef de la diplomatie congolaise a indiqué qu'"un officier de l'armée rwandaise a même été capturé" lors de combats de mercredi dans le territoire de Rutshuru, frontalier du Rwanda.
"Il s'agit d'un lieutenant qui sera présenté au public", a-t-il ajouté sans donner plus de détails.
"C'est de la foutaise, car aucun soldat rwandais n'a traversé la frontière avec la RD du Congo", a déclaré le major Rutaremara joint au téléphone par l'AFP à Kigali.
"Le Rwanda n'a aucune intention d'aller (combattre) en RD du Congo", a-t-il ajouté affirmant toutefois que les troupes rwandaises peuvent être déployées partout dans n'importe quelle région du pays "voire même dans les régions frontalières avec la RDC".
"S'ils (autorités congolaises) affirment avoir capturé un soldat rwandais, qu'ils l'amènent devant le public, pour enfin prouver la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais", a ajouté ce porte-parole.
Le CNDP de Nkunda s'est emparé mercredi du camp militaire de Rumangabo, à environ 50 km au nord de la capitale provinciale Goma, après d'intenses combats à l'arme lourde. Ce camp, situé dans le territoire de Rutshuru, constitue un verrou important pour les Forces armées de la RDC (FARDC).
Selon des sources militaires contactées jeudi par l'AFP, "l'attaque "suicide contre les positions de l'armée à Rumangabo a été menée par un bataillon du CNDP appuyé par des militaires rwandais".
"Face à la supériorité numérique des assaillants, les FARDC ont été contraintes à se retirer du camp", a expliqué à l'AFP un responsable militaire engagé dans les opérations au Nord-Kivu.
Mercredi, la RDC a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur les combats dans l'est de son territoire, accusant le Rwanda de se préparer à attaquer Goma, selon son ambassadeur à l'ONU.
"Nous avons saisi le Conseil de sécurité pour lui demander d'exercer la pression qu'il faut sur le Rwanda afin de prévenir une nouvelle agression de la RDC par ce pays", a déclaré à l'AFP l'ambassadeur, Atoki Ileka.
Des combats opposent régulièrement depuis le 28 août l'armée congolaise à la rébellion du CNDP, en violation d'un cessez-le-feu consécutif à l'accord de paix de Goma, signé par les différentes parties au conflit en janvier 2008.