BRUXELLES — Le procès du Rwandais Ephrem Nkezabera, surnommé le « banquier du génocide », s’est ouvert lundi devant la cour d’assises de Bruxelles en l’absence de l’accusé, qui souffre d’un cancer à un stade avancé.

Les personnes tirées au sort pour constituer le jury populaire, présentes en début d’audience, ont été renvoyées chez elles jusqu’à mardi, le temps pour la présidente de la cour d’assises, Karin Gerard, de décider s’il y a lieu de poursuivre le procès « par défaut » ou s’il vaut mieux reporter celui-ci.

L’accusé souffre d’un cancer du foie qui « s’est généralisé et touche désormais les os et d’autres organes », a expliqué l’un de ses avocats, Gilles Vanderbeck, plaidant lundi pour un ajournement du procès à une date non précisée.

Le prévenu a entamé de nouvelles séances de chimiothérapie et souhaite assister à son procès si son état de santé s’améliore, selon l’agence Belga.

Si les parties civiles rwandaises préfèreraient qu’Ephrem Nkezabera soit présent aux audiences, elles considèrent néanmoins qu’un procès, même en son absence, serait probablement la « dernière chance pour elles de se faire entendre », selon l’un de leurs avocats, Olivier Slusny.

Ephrem Nkezabera, 57 ans, ancien directeur de la Banque Commerciale du Rwanda, est accusé d’avoir joué un rôle important dans le financement de responsables du génocide commis dans son pays en 1994.

Les accusations de crime de génocide ont cependant été écartées, la justice belge estimant ne pas pouvoir appliquer rétroactivement une loi sur le génocide adoptée en 1999 pour des faits commis cinq ans plus tôt.

Ephrem Nkezabera a avoué pendant l’instruction avoir armé et financé les Interahamwe, les milices extrémistes hutu impliquées dans le génocide, et avoir financé la station extrémiste Radio Mille Collines.

Si le procès se poursuit en son absence, la cour pourra se fonder sur ces déclarations.

Il conteste en revanche avoir violé des femmes pendant que les membres de leurs familles étaient assassinés, arguant qu’il s’agissait de partenaires consentantes. La qualification ou non de ces viols présumés comme crimes de droit international humanitaire est l’un des principaux enjeux de ce procès.

Il s’agit du quatrième procès en Belgique lié au génocide rwandais, qui a fait environ 800.000 morts, selon l’ONU, essentiellement des membres de la minorité tutsie.

La cour d’assises de Bruxelles a déjà condamné à de lourdes peines deux religieuses, un universitaire et un industriel rwandais en 2001, deux commerçants du nord du pays en 2005, puis un ex-major en juillet 2007, au nom de la « compétence universelle » des tribunaux belges pour juger les auteurs présumés de crimes contre l’humanité.

Ephrem Nkezabera, qui vivait caché à Bruxelles, a été arrêté en juin 2004, à la demande du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

 

 

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Posté par rwandaises.com