Le chef de la rébellion hutue rwandaise et son adjoint arrêtés en Allemagne

 La police fédérale allemande vient de rendre un signalé service à …la pacification du Kivu, où les populations civiles sont prises en étau entre les rebelles hutus des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda et l’armée congolaise. 

 

Cette dernière, avec le concours de la Mission des Nations unies au Congo mène actuellement l’opération Kymia II, destinée à désarmer et rapatrier vers le Rwanda ces combattants qui, depuis quinze ans, sèment la désolation, dans la région.

Mettant en œuvre un mandat d’Interpol, la police allemande vient de procéder à l’arrestation des deux principaux dirigeants des FDLR, Igance Murwanashyaka, 46 ans, basé à Karlsruhe et Staton Musoni, 48 ans, basé à Stuttgart. Les deux hommes sont accusés de diriger une “ organisation terroriste “ et pourraient être inculpés de complicité de génocide.

Cette mesure pourrait contribuer au démantèlement des structures entretenues en Afrique et plus particulièrement au Congo par les FDLR qui, au cours de leurs quinze années d’exil, ont eu le temps de s’organiser et… de s’enrichir.

Rappelons que c’est au lendemain du génocide de 1994 que les miliciens et les militaires hutus, entourés de civils, arrivèrent au Kivu. Ils s’installèrent dans d’immenses camps de réfugiés, encadrés par les structures politiques extrémistes. Après la première offensive de l’armée rwandaise, en 96-07, des dizaines de milliers de Hutus, qui n’étaient pas rentrés au Rwanda et qui avaient échappé aux massacres, s’incrustèrent au Congo, d’autant plus facilement que, le Rwanda se trouvant en guerre avec Kinshasa, les combattants hutus proposèrent leurs services et collaborèrent étroitement avec les forces armées congolaises, non seulement sur le plan militaire mais aussi sur le plan commercial.

Au fil des années en effet, chassant les populations civiles congolaises de leurs territoires, cohabitant avec elles ou les obligeant à travailler pour eux, ces réfugiés hutus s’installèrent dans les carrés miniers, exploitant la cassitérite et le coltan tandis que leurs chefs se constituaient un appréciable trésor de guerre. Durant des années, toutes les initiatives tentant d’organiser le rapatriement volontaire de ces réfugiés hutus se soldèrent par un échec, non seulement parce que les civils s’étaient installés au Kivu ou parce qu’ils craignaient de rentrer au Rwanda et d’y être confrontés à la justice, mais aussi parce que la hiérarchie du mouvement dissuadait les troupes de désarmer et de rentrer volontairement au Rwanda. Or cette hiérarchie sur le terrain était demeurée très liée aux chefs politiques et porte paroles du mouvement qui, eux, étaient installés en Europe, où ils jouissaient d’une totale liberté de circulation et d’expression. Pour ces dirigeants en exil, la présence de réfugiés hutus au Kivu représentait un moyen de pression militaire et politique leur permettant de réclamer inlassablement le “ dialogue interrwandais “, espérant toujours un positionnement politique dans leur pays. Un dialogue que Kigali a toujours refusé, non seulement parce que la pression militaire et politique n’a jamais été assez forte, mais surtout parce qu’aux yeux des dirigeants

rwandais actuels, il est hors de question de négocier quoi que ce soit avec des “ génocidaires “, qui se situent en dehors de l’ordre constitutionnel existant et sont plutôt passibles de la justice.

Très organisés, disposant de vastes réseaux de soutien à l’étranger ( Zambie, Afrique du Sud, Kénya) et de nombreuses facilités de communication en Europe où résident les familles des chefs militaires ainsi que les dirigeants politiques, les FDLR ont jusqu’à présent résisté aux assauts des forces congolaises, commettant des actes de représailles sur les populations civiles pour inciter les ONG nationales et internationales à exiger la suspension d’opérations jugées trop meurtrières pour les Congolais pris en otages.

Ces derniers jours, les critiques se sont intensifiées, menées par les organisations de défense des droits de l’homme comme Human Rights Watch, qui a dénoncé massacres et exactions commises par l’armée congolaise, négligeant d’analyser en profondeur la nature des forces en présence : il apparaît en effet que les unités des FARDC qui ont commis des tueries sont composées d’anciens soldats tutsis, compagnons du chef rebelle Laurent Nkunda et adversaires déterminés non seulement des Hutus rwandais mais aussi des populations congolaises qu’ils jugent complices de ces derniers…Au cours des dernières semaines, la clameur des organisations de défense des droits de l’homme s’est intensifiée à tel point que la MONUC a retiré son soutien à certaines unités congolaises (la 213eme brigade) et se trouve sous pression pour retirer son appui global à Kymia II. Si une telle décision devait être prise, elle représenterait une incontestable victoire militaire pour les FDLR, ces derniers apparaissant désormais comme inexpugnables…

L’arrestation des deux principaux leaders des FDLR porte un sérieux coup à cette organisation qui représente une menace de déstabilisation pour toute la région des Grands Lacs.

La décision de l’Allemagne devrait amener la Belgique à revoir les autorisations de séjour accordées à des hommes comme le Docteur Rwamucyo et bien d’autres. Rappelons que ce médecin, accusé d’avoir participé au génocide à Butare, a été placé sur une liste d’Interpol et suspendu de son emploi dans un hôpital de Maubeuge. Mais en Belgique, au nom du regroupement familial, il a reçu une autorisation de séjour de quatre ans…

Relevons enfin que les activités menées en Belgique par un parti d’opposition rwandais, les FDU (Forces démocratiques unifiées) font l’objet d’une attention soutenue depuis que l’épouse de l’un des leaders de cette formation, qui compte présenter une candidate à l’élection présidentielle, a été enlevée, rouée de coups et jetée sur la voie publique après avoir été ligotée. Dans un premier temps, Kigali avait été mis en cause dans ces manœuvres d’intimidation, mais il est apparu par la suite que Mme Claudine Mberabahizi, appartenant à la famille Sekomo, très connue au Rwanda, était étrangère aux activités politiques de son mari et pourrait avoir été victime de règlements de compte au sein même de l’opposition rwandaise…

Colette Braeckman

 

 

http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2009/11/17/les-rebelles-hutus-des-fdlr-decapites-en-allemagne/

Posté par rwandaisescom