Les sommets Afrique-France et France-Afrique sont des occasions de transformer l’héritage colonial et néocolonial en capital pour l’avenir de la France. A travers l’exploitation continue du continent noir.

Cinquante ans après la vague des indépendances de nombreux pays africains autrefois colonies ou territoires sous tutelle de la France, la question de la Françafrique est de nouveau sur la sellette pour plusieurs raisons. D’abord parce que le président français Nicolas Sarkozy avait promis d’opérer une rupture dans les relations entre Paris et les capitales africaines. Ensuite parce qu’il faut bien faire un bilan au lendemain d’un demi siècle de coopération franco-africaine sous-tendue par le néocolonialisme. Enfin, dans la mesure où nous nous situons dans une période où l’Afrique, qui fut considérée comme la chasse gardée de la France, s‘est désormais ouverte à toutes les puissances planétaires dont celles d’Asie et d’Amérique.

Dictature et fausse rupture

Ancienne puissance coloniale, la France ne pratique pas avec les anciens pays colonisés et les anciens territoires placés sous sa tutelle la rupture annoncée par le président Nicolas Sarkozy. Ce dernier, du vivant du président Omar Bongo Ondimba du Gabon qui incarnait la Françafrique sur le sol africain, a suffisamment montré par ses actes et surtout par ses visites à Libreville où il s’est entretenu avec l’ex-doyen des chefs d’Etat africains, que la rupture ne sera jamais une réalité. Le président Omar Bingo Ondimba qui n’avait pas sa langue dans la poche avait coutume de dire que la France n’est rien sans l’Afrique. L’Afrique étant plutôt la mamelle nourricière de la France prédatrice et ingrate.

Avec Ali Bongo Ondimba qui a remplacé son père sur le fauteuil présidentiel gabonais au terme d‘un scrutin dont les résultats ont été chaudement contestés, le président Nicolas Sarkozy a gardé le même réflexe. Non seulement il a reconnu la victoire controversée d’Ali Bongo Ondimba à l’élection présidentielle gabonaise, mais il l’a reçu en grande pompe au Palais de l’Elysée le 20 novembre 2009. On se rappelle aussi que le président Nicolas Sarkozy a été hué par de jeunes gabonais le 16 juin 2009 à Libreville à son entrée au Palais présidentiel. Le jour où se déroulaient les obsèques du président Omar Bongo Ondimba. Fidèle à ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy n’a que mépris pour la démocratie et les droits de l’homme en Afrique.

Il convient cependant de préciser que le président Paul Biya a été le premier Chef d’Etat a recevoir sur tapis rouge et à l’aéroport de Yaoundé Nsimalen Ali Bongo Ondimba qui était encore candidat à l’élection présidentielle ! La Cour constitutionnelle gabonaise n’avait pas encore vidé le contentieux électoral et le candidat proclamé élu n’avait pas encore prêté serment ! Parrain d’Ali Bongo Ondimba, Paul Biya s’est-il rendu compte que la quasi-totalité du secteur des transports au Cameroun est entre les mains d’un groupe français ? Va-t-il tout céder aux entreprises françaises pour se maintenir, malgré toute adversité, au pouvoir en 2011 ?

Misère et intérêts français

Le général Charles de Gaulle a dit que la France n’a pas d’amis, elle n‘a que des intérêts. C’est sans doute dans cette perspective que la France veut reconquérir « les territoires du pré carré » qui lui ont échappé et ressusciter l’empire colonial perdu. Ceci est d’autant important pour la France que la concurrence est désormais rude sur le continent africain. Des grands pays industrialisés d’Europe et d’Amérique et des pays émergents d’Asie rivalisent dans la conquête du marché africain. Continent riche en ressources du sol et du sous-sol, l’Afrique est paradoxalement l‘un des endroits au monde où les populations crèvent surtout de maladies, de faim, de pauvreté et de misère. Pendant que des chefs d’Etat africains dictateurs, sanguinaires et corrompus renforcent leurs liens de fidélité au président français. Lequel fait feu de tout bois pour préserver ce qui reste comme acquis de l’Hexagone en Afrique et reconquérir ce qui a été perdu.

La visite officielle effectuée par le président Nicolas Sarkozy au Rwanda ne peut être analysée autrement. Premier président français à se rendre à Kigali depuis le génocide qui fit environ million de morts majoritairement de l’ethnie tutsi au Rwanda d’avril à juillet 1994, Nicolas Sarkozy a concrétisé la reprise des relations diplomatiques qui avaient été interrompues entre le Rwanda et la France en 2006. Ceci, suite à l’émission par la justice française de mandats d’arrêts internationaux contre neuf proches du président Paul Kagamé. Dans l’enquête sur la mort président Juvénal Habyarimana.

Le sommet Afrique-France qui se tient les 31 mai et 1er juin 2010 à Nice, en France, est surtout l’occasion pour le président Sarkozy de plaider pour la sauvegarde des intérêts de son pays sur le continent noir. Notamment à cause de la fulgurante percée de la Chine.

Écrit par Edmond Kamguia K.

 

 

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Posté par rwandaises.com